Par

Brian Le Goff

Publié le

4 mai 2025 à 16h27

Jacky X., patron du Palais du Tapis, est poursuivi pour de multiples « escroqueries », des faits de « travail dissimulé » et de « blanchiment » commis entre 2014 et 2017, après un « double signalement » Tracfin ((traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) auprès des parquets de Rennes et Saint-Malo. Son fils, Franskarl X., est renvoyé à ses côtés pour « complicité d’escroquerie » et pour les mêmes qualifications retenues à l’encontre de son père. Les agents du ministère de l’Économie et des Finances ont à cette époque noté que les comptes bancaires des compagnes d’un certain Jospeh X. -aussi pousuivi – et de Franskarl X. avaient été crédités respectivement  « 161.000 € » et « 123.000 € » en l’espace de « quinze mois », alors même que ces deux femmes étaient « sans profession ».

Selon l’enquête, ces comptes étaient utilisés par Jacky X. Le « forain », âgé aujourd’hui de 60 ans, père de trois enfants, exerçait en tant que vendeur de tapis d’Orient et de literie « sur les marchés, dans les expositions, les hôtels, en porte-à-porte » mais proposait aussi « des travaux d’entretien de peinture et de démoulage de toiture ». Il s’était servi de chèques émanant de ces deux comptes pour acheter des véhicules « haut-de-gamme » et « une caravane ».

Des « prêts » sur la base de « reconnaissances de dettes »

Pour l’administration, Jacky X. obtient cet argent « auprès de personnes âgées » : elles lui font des « prêts » sur la base de « reconnaissances de dettes » finalement jamais « honorées ». Le prévenu aurait ainsi perçu 284.000 € entre les mois de mars 2015 et juin 2016.

D’importantes sommes sont également versées « sur les comptes » des membres de sa famille, pour plus de 600.000 €.

Il « surfacturait des tapis dont l’origine n’était pas déterminée ». Environ « 785.500 € » avaient été encaissés pour « des travaux d’entretien de maisons » et des « ventes de tapis ».

Une cliente lui remet plusieurs chèques allant de 900 à 3 000 euros

Une femme explique par exemple que Jacky X. l’avait « incitée à regarder les tapis » avant de « s’inviter chez elle » pour voir les siens et de lui proposer de les « changer ». Il en avait ainsi « vendu deux ». 

Cette femme avait aussi été sollicitée par le marchand de tapis de Montgermont pour « des prêts d’argent ». Jacky X. avait « des difficultés financières » alors qu’il devait payer « le mariage de sa fille »… Il craignait d’aller « en prison » ou invoquait « le décès de sa mère ». Sa cliente lui avait ainsi remis « à cinq ou six reprises » des sommes allant de « 900 à 3.000 € ».

Cette femme suivie « pour dépression » depuis « 1973 » n’avait par la suite obtenu que « certains remboursements » en espèces de la part du père de famille, « doué pour se faire plaindre » et « déclencher la sympathie ». Il l’emmenait même « au restaurant » pour obtenir des « prêts » d’argent. 

Les plaintes se multiplient

Les plaintes, émanant pour la plupart de personnes âgées, se sont par la suite multipliées : un homme qui souffrait de « pertes de mémoire » avait par exemple signé « huit chèques » pour un montant de « 23.000 € » au profit de la famille.

Cet homme âgé avait aussi déboursé « 10.600 € » pour « sa terrasse », un devis « quatre fois » supérieur au prix d’un carreleur de métier, alors que certains travaux n’ont « jamais été réalisés ».

Le marchand reconnaît certaines dettes

En garde à vue, le marchand de tapis de Montgermont avait reconnu devoir « entre 35.000 et 40.000 € » à un premier plaignant, 12.500 € à un second et 8.000 € à un troisième. Il avait toutefois contesté d’autres « reconnaissances de dettes ».

Un autre plaignant avait pour sa part indiqué être « tombé dans un engrenage » en faisant 56.500 € de chèques à Jacky X., car il avait eu « peur de refuser ».

Condamnés en première instance, ils font appel

Le 4 juillet 2019, le principal intéressé avait donc écopé de dix-huit mois de prison ferme, son fils d’un an de prison avec sursis et un troisième homme, Joseph X., de quatre mois de prison ferme et de huit avec sursis.

Les trois prévenus avaient fait appel, mais leurs condamnations avaient été confirmées. La Cour de cassation avait toutefois cassé l’arrêt des juges rennais en septembre 2023.

« Un sacré menteur »

De retour à la barre de la cour d’appel de Rennes, vendredi 25 avril 2025, devant une formation de jugement composée d’autres magistrats, le père de famille a reconnu avoir été « un sacré menteur » mais assure avoir « changé » entre-temps. Il souhaite désormais « vivre légalement ».

Au cours de ce nouveau procès, le marchand de tapis de Montgermont contestait cependant avoir pu « montrer une statuette en ivoire », des « documents » ou encore « une sculpture en bronze à ses clients » en « gage de confiance » pour obtenir des remises de fonds de leur part.

Il vivait « au-dessus de ses moyens »

Il a par ailleurs admis « le travail dissimulé », pour lequel il a été définitivement condamné : à l’époque, il « vivait bien » mais avait été pris « dans une spirale » le conduisant à « faire des promesses » et à « mentir à ses clients » car il vivait « au-dessus de ses moyens ».

Son fils et Joseph X. ont pour leur part contesté « toute participation aux escroqueries » qu’auraient pu commettre le père de famille et ils n’avaient pas davantage « blanchi » l’argent gagné illégalement par Jacky X.

Le fils et le troisième homme contestent leur participation

Les conversations téléphoniques de ce dernier avaient été écoutées par les enquêteurs : il y était en effet question d’une « lettre d’avocat » censée prouver qu’il allait percevoir « 400 000 € ».

Si de simples mensonges sont insuffisants à constituer les manœuvres frauduleuses de l’escroquerie, il n’en est pas de même lorsqu’à ces mensonges viennent se joindre des faits ayant pour objet de leur donner force et crédit.

12è chambre de la cou d’appel de Rennes
Arrêt en date du 25 avril 2025

Condamnations et saisies de véhicules de luxe

Après avoir opéré un large tri dans les nombreux faits qui étaient reprochés aux trois prévenus, la cour d’appel a finalement condamné Jacky X. à six mois de bracelet électronique et dix-huit mois de prison avec sursis.

Son fils de 33 ans, qui dit vivre du revenu de solidarité active (RSA), a pour sa part été condamné à huit mois de prison avec sursis, tout comme Joseph X., 36 ans.

Plusieurs véhicules de luxe ont été confisqués. Enfin, Jasky X. devra indemniser les victimes pour lesquelles il a été reconnu coupable.

CB (PressPepper)

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