« Big up pour Abribus » lâche Eli Finberg, alias Mr. E, au terme d’un set de haute volée avec DJ Mandal. Bon son et beat hip-hop portent des messages de paix, de tolérance et de sens du partage. Une ligne de conduite à laquelle ne dérogeront pas les autres artistes de la soirée, la fanfare Feis, Diskonika, Capricciosa Baby, Louise XIV, V90, Theycallmecolors et Martha Karma, venus eux aussi se produire gracieusement. L’heure est à la solidarité. Dans le plus pur esprit de l’association organisatrice.

Du haut de ses 30 ans, Abribus connaît un succès grandissant. Faut-il s’en réjouir ? Pas sûr… D’octobre à avril, l’association distribue à bord d’un bus des repas aux plus démunis place de la Bourse et place de la Gare à Strasbourg. Forte de ses 260 bénévoles qui tournent à l’année, elle cuisine dans les locaux d’Emmaüs Montagne-Verte. La saison vient de se terminer. « Dimanche dernier, pour le dernier soir, on a distribué 757 repas », indique Marion Sourty, membre du bureau directeur d’Abribus. La moyenne par soirée tournant autour de 555 repas. Un chiffre en hausse constante depuis la période du Covid qui socialement a laissé beaucoup de traces.

D’autres associations comme Ithaque (prévention toxicomanie) ou Dis bonjour sale pute (DBSP, qui lutte contre le harcèlement), présentes samedi soir, peuvent en témoigner. Mais les premiers lanceurs d’alerte restent les victimes de cette dégradation sociale. Les habitués du bus itinérant étaient invités aux réjouissances du Molodoï où un goûter a été servi aux familles en fin d’après-midi.

Après avoir épuisé près de six bus en trente ans, l’association prendra le volant d’un nouveau cadeau de la CTS (Compagnie des transports strasbourgeois) à la rentrée prochaine. Car la route d’Abribus est encore bien longue. Avec une fois par an, pour son concert de soutien, la musique comme carburant.