Issu d’un milieu ouvrier du Havre,
Laurent Ruquier
n’a jamais oublié d’où il vient. S’il a fait
carrière dans les médias et côtoyé les plus grandes personnalités
du paysage audiovisuel français, ses racines ont laissé en lui une
empreinte indélébile. Dans un entretien sans fard, il revient sur
les phrases dures entendues dans sa jeunesse et la manière dont
elles ont forgé sa personnalité.

Une enfance modeste, marquée par la culpabilité

Grandir dans une famille nombreuse du Havre n’a pas toujours été
simple pour Laurent Ruquier. Enfant timide, il a souvent eu honte
de ses origines, redoutant le regard des autres. « J’ai eu honte
d’avoir eu honte. Surtout, je craignais qu’ils aient honte
eux-mêmes. Je voulais les protéger du mépris de classe »,
confie-t-il aujourd’hui. Cette peur d’être jugé, notamment
lorsqu’il montait sur scène, l’a longtemps hanté.

Il se souvient aussi d’une remarque de sa mère qui l’a
profondément blessé : « S’il y avait eu la pilule, tu ne serais
pas là. » Une phrase lâchée dans un moment de tension, mais qui
a laissé une trace indélébile.

Malgré cela, Ruquier ne renie pas ses parents. Il leur reconnaît
une force de caractère et une droiture qu’il admire. Mais il ne
cache pas les non-dits, les maladresses, ni les petites
humiliations qui ont jalonné son parcours. Son besoin de
reconnaissance, il le puise aussi dans ces années de silence et
d’effacement.

Entre fierté populaire et rejet du mépris social

Laurent Ruquier n’a jamais caché son engagement à gauche, mais
il nuance : « Je ne suis pas du genre à donner des leçons. »
Il avoue même se sentir parfois à distance de certains discours
idéologiques, préférant rester fidèle aux gens simples, à ceux qui
travaillent dur sans se plaindre. La figure de ses parents en est
l’incarnation : une mère au foyer, un père ouvrier, et une fratrie
soudée autour de valeurs modestes.

Ce rejet du mépris social est au cœur de son identité.
L’animateur
vedette
explique : « Je ne voulais pas être un bourgeois, je
voulais être reconnu par les miens » Il n’a jamais oublié les
efforts de ses parents pour joindre les deux bouts, ni la fierté
discrète qui les animait malgré les difficultés. S’il a réussi à
gravir les échelons, ce n’est pas pour renier ses origines, mais
pour les sublimer.

Aujourd’hui encore, il avoue avoir du mal avec certains signes
extérieurs de richesse. Il n’a pas l’habitude de s’étaler, reste
économe, et garde une forme de méfiance vis-à-vis du luxe.

Le besoin d’amour, moteur intime et
silencieux

Longtemps, Laurent Ruquier s’est senti différent. Il parle d’un
« traumatisme du miroir » vécu dans sa jeunesse, lorsqu’il
s’est découvert homosexuel. L’acceptation de soi a été un long
chemin, marqué par les doutes, les complexes, et le sentiment de
solitude. Dans ses relations, il dit avoir souvent aimé à sens
unique, ou trop donné sans retour.

Il évoque notamment sa récente rupture avec
Hugo Manos
. Une séparation douloureuse mais assumée : « Je
ne suis pas résigné au point de continuer à vivre avec quelqu’un
quand l’amour est parti. » À 61 ans, il vit seul, mais n’exclut
rien. Il se dit encore ouvert à la possibilité d’une nouvelle
histoire, sans pour autant la chercher à tout prix.