La Suisse et ses forfaits fiscaux ont le vent en poupe chez les étrangers fortunés. Entre 2023 et 2024, les obtentions de visas dorés pour les ressortissants ne venant pas de l’Union européenne ont ainsi augmenté de 22%. D’autres pays prennent toutefois des mesures contre cette pratique.
Le principe d’un visa doré consiste à obtenir un titre de séjour sur la base de sa fortune. Les personnes originaires d’un pays hors Union européenne souhaitant s’installer en Suisse peuvent se mettre d’accord avec les autorités pour convenir d’un forfait fiscal.
« Pour pouvoir prétendre à résider sur le territoire, il faut que sa présence soit bénéfique pour le pays », explique Lassana Dioum, avocat fiscaliste chez PBM, dans le 19h30 de la RTS. « Donc on va considérer que cet intérêt bénéfique ressort d’une imposition majorée ».
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Entre 2023 et 2024, les ressortissants hors UE bénéficiant de ce passe-droit fiscal ont augmenté de 22%. A fin mars 2025, ils seraient 496 à séjourner ainsi en Suisse.
« Deux poids, deux mesures »
Si le grand public retient le nom de quelques stars comme Robbie Williams, qui s’est installé à Genève, puis à Gstaad, la Grande-Bretagne n’est que le troisième pays bénéficiaire. Les plus nombreux sont les citoyens russes, suivis des ressortissants chinois.
Les bénéficiaires des forfaits fiscaux.
Ce sont surtout les cantons romands qui accueillent ces étrangers fortunés venant de pays hors UE. Berne inclus, 292 des 496 bénéficiaires sont établis dans des cantons romands, dont 117 sur Genève. Cette situation révolte la conseillère nationale (Vert-e-s/GE) Delphine Klopfenstein-Broggini, pour qui le gouvernement pratique la politique du deux poids, deux mesures.
« Aujourd’hui, nous avons une pratique facilitée pour des visas dorés et à côté de ça, nous avons une difficulté inouïe à obtenir des visas humanitaires pour des enfants qui sont en souffrance à Gaza », dénonce l’élue Verte. « Nous devons mettre sur la table ces deux situations absolument contradictoires et dire quel est notre rôle: celui de protéger ou celui d’attirer des grandes fortunes? ».
Différences internationales
A l’étranger aussi, la pratique fait débat. La Grande-Bretagne a supprimé certaines dispositions, tandis que le Portugal et l’Espagne ont durci les conditions. L’Union européenne fait quant à elle pression sur d’autres pays comme Malte pour limiter la pratique.
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Mais aux Etats-Unis, Donald Trump a récemment évoqué une Gold Card à 5 millions de dollars pour s’établir sur le sol américain.
Matthieu Hoffstetter/edel