Israël semble sur le point d’étendre à nouveau son offensive contre le Hamas à Gaza. L‘armée a confirmé, ce dimanche 4 mai, le rappel de «dizaines de milliers de réservistes» avec pour objectif de détruire «toutes les infrastructures» du Hamas dans l’enclave palestinienne.

«Cette semaine, nous rappelons des dizaines de milliers de réservistes afin de renforcer et d’élargir notre opération à Gaza», a déclaré le lieutenant-général Eyal Zamir, chef d’état-major de l’armée, dans un communiqué. «Nous intensifions la pression dans le but de ramener nos [otages] et de vaincre le Hamas. Nous agirons dans d’autres zones et détruirons toutes [ses] infrastructures, à la surface comme sous terre».

Ces réservistes devraient remplacer des appelés ou des soldats d’active à travers le pays ainsi qu’en Cisjordanie occupée afin que ceux-ci puissent être envoyés combattre dans l’enclave palestinienne. Par ailleurs, le cabinet de sécurité israélien se réunit, ce dimanche depuis 19 heures locales (18 heures à Paris), possiblement en vue d’approuver l’élargissement de l’offensive à Gaza.

Les informations sur le rappel des réservistes ont été publiées samedi après que la branche armée du Hamas a diffusé une vidéo d’un otage présumé, samedi après-midi, dans laquelle apparaît un homme allongé, la tête et le bras gauche couverts de bandages avec des tâches marron. Parlant hébreu, il se présente comme «le prisonnier numéro 24» mais a été identifié comme étant Maxim Herkin, otage israélo-russe qui aura 37 ans fin mai.

Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, sous la pression de ses soutiens d’extrême droite sans lesquels il perdrait sa majorité, mais soutenu par le président américain Donald Trump, multiplie en ce moment les propos va-t-en guerre. Samedi soir, il s’en est pris au Qatar, émirat qui mène avec l’Egypte une médiation en vue d’une trêve avec le Hamas et d’un accord de libération d’otages détenus dans la bande de Gaza, l’enjoignant à «cesser son double jeu et son double langage». «Israël gagnera cette guerre légitime avec des moyens légitimes», a-t-il ajouté, semblant signifier ainsi la fin de toute négociation.

Le Qatar «rejette fermement les déclarations incendiaires» de Benyamin Netanyahu, «qui sont contraires aux règles les plus élémentaires de la responsabilité politique et morale», a réagi sur X le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari.

Depuis qu’Israël a mis fin le 18 mars à deux mois d’une trêve dans la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, Benyamin Netanyahu assure qu’une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer le mouvement islamiste palestinien à rendre les otages.

Au contraire, «toute intensification des combats placera les otages […] en situation de danger immédiat», a mis en garde le forum des familles d’otages, organisation israélienne de proches des captifs. «Pour la grande majorité des Israéliens le retour des otages est la première priorité morale de la nation», a ajouté le forum dans un communiqué, jugeant encore possible de «parvenir à un accord permettant de sauver des vies et d’empêcher davantage de pertes humaines».

La trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit morts, en échange de la libération d’environ 1 800 Palestiniens détenus par Israël. Samedi soir, quelques milliers d’Israéliens se sont une nouvelle fois rassemblés à Tel-Aviv.

Depuis le 18 mars, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza sont quotidiens et l’armée a repris le contrôle de larges pans du territoire qu’elle avait évacués. Samedi au petit matin, 11 Palestiniens dont trois enfants en bas âge ont été tués dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, selon les secours. L’armée a confirmé en assurant avoir visé «un terroriste du Hamas».

Après s’être améliorée pendant la trêve, la situation humanitaire des quelque 2,4 millions de Palestiniens est de nouveau catastrophique. Israël soumet la bande de Gaza à un blocus total depuis le 2 mars. En l’absence d’entrée de la moindre aide humanitaire depuis cette date, des responsables onusiens et d’ONG multiplient les avertissements sur un risque de famine.

L’attaque des commandos du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza dont 34 déclarées mortes par l’armée israélienne.

Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et a lancé une campagne de représailles militaires ayant dévasté la bande de Gaza et fait au moins 52 495 morts, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugés fiables par l’ONU.

Mise à jour : à 18 h 35 avec la confirmation par l’armée israélienne du rappel de réservistes.