Après la victoire des Girondins sur les Toulousains en demi-finale de la Coupe d’Europe, découvrez ce qui a retenu l’attention de notre journaliste présent au Matmut Atlantique.

COUPS DE CŒUR

L’histoire s’accélère pour l’UBB

Christophe Urios avait déjà fait franchir un premier palier à Bordeaux-Bègles en hissant le club en demi-finale de la Champions Cup puis du Top 14 en 2021. Yannick Bru, le nouvel homme fort du club bordelais, a encore élevé le curseur puisqu’après avoir amené l’UBB en finale du Top 14 pour la première fois l’an dernier, il a conduit son équipe en finale de la Champions Cup. Une histoire qui s’accélère pour le club né de la fusion du Stade Bordelais Université Club et du Club Athlétique Béglais en 2006. Ce qui est très récent à l’échelle du rugby pro. Et l’UBB n’a été promue en Top 14 qu’en 2011, preuve d’une ascension express à l’image de celle qu’a également connu le Stade Rochelais. À Cardiff, le samedi 25 mai, Bordeaux-Bègles deviendra le 11e club français à disputer une finale de la grande Coupe d’Europe. Avec le fol espoir de devenir le 5e de l’Hexagone à inscrire son nom au palmarès après Toulouse, Brive, Toulon et La Rochelle. Un cercle plus fermé en France qu’en Angleterre où six écuries différentes ont déjà été sacrées.

Lucu et Jalibert en vrais patrons

Un match de classe internationale. Pour décrocher son billet pour la finale à Cardiff, l’UBB a pu s’appuyer sur sa charnière tricolore Maxime Lucu-Matthieu Jalibert qui a pesé de tout son poids sur le déroulé du match. La marque des très grands. Maxime Lucu, dans la lignée de ses dernières sorties remarquables, a une nouvelle fois été déterminant. Juste et autoritaire dans ses sorties de balle, énorme dans son jeu au pied et, comme à l’accoutumée, omniprésent en défense. Il termine la rencontre avec 16 plaquages, meilleur total. À ses côtés, Jalibert a rayonné, impressionnant de justesse, de vitesse et d’efficacité durant toute la rencontre. Confirmant, quand il est dans un grand jour, qu’il est l’ouvreur français le plus électrique, le plus dangereux balle en main. Un match XXL qui lui a logiquement valu d’être élu homme du match. Face aux Saints de Northampton, à la fois joueurs et pénibles, les deux compères devront livrer une autre prestation majuscule. Et conduire encore leur équipe avec brio.

La belle revanche des avants bordelais

Ils ont été critiqués. Fortement. Mais à juste titre. Lors de la défaite concédée face aux gros bras du Stade Rochelais, une semaine avant cette demi-finale, les avants bordelais avaient été étouffés, mâchés. Pire, ils avaient donné l’impression de baisser les bras, d’avoir déjà la tête à leur demie européenne. La réponse a été éclatante : le pack bordelais a mis celui de Toulouse sous l’éteignoir. Une domination physique dans les impacts, une guerre des rucks largement remportée (malgré des ratés en première mi-temps) et, surtout, pas de chute de tension. Après coup, l’ancien pilier international Jefferson Poirot lâchait en souriant : «On préfère laisser le soin aux journalistes de dire qu’on est mauvais devant, comme ça les adversaires ne se méfieront pas de nous.» Belle petite revanche.

L’essai de Ben Tameifuna a scellé la victoire de l’UBB.
Hugo Pfeiffer / Icon Sport

COUPS DE GRIFFE

Toulouse, trop de vents contraires

Ugo Mola est fair-play, et même très classe, quand il dit que cette défaite du Stade Toulousain ne peut pas s’expliquer à cause des nombreux absents. Mais on est quand mêle obligé de s’interroger et de reconnaître qu’avec Dupont, Ramos, Mauvaka et Kinghorn, cette demi-finale aurait sûrement été différente. Cette saison, le club le plus titré du rugby français a dû composer avec beaucoup de vents contraires. Il a frôlé la correctionnelle en quart de finale sur la pelouse du RC Toulon. Et, face à des Bordelais forcément revanchards après leur humiliation de la dernière finale du Top 14, la marche était un peu trop haute. Mais le Stade, jamais rassasié, n’a pas dit son dernier en Top 14. Dans le sprint final, il aura une semaine off (celle de la finale de Champions Cup) et il est bien parti pour s’en octroyer une seconde, s’il s’épargne la case barrage en Top 14. Gare à la bête blessée.

Penaud, la seule ombre au tableau

C’est la tuile qui arrive au plus mauvais moment. Damian Penaud est mal retombé sur un renvoi, à la 57e minute, obligé de céder sa place à Arthur Retière. Un coup dur pour le club girondin à l’approche de sa première finale européenne. Au coup de sifflet, l’ancien joueur de Clermont, en larmes, ne cachait pas son inquiétude. Son manager Yannick Bru, quelques instants après, n’en savait pas plus : «Il a été touché à la cheville. On a mis une grosse poche de glace dessus. On attend qu’il passe des examens», a avancé prudemment son entraîneur Yannick Bru en conférence de presse d’après-match. On en sera rapidement plus sur l’état de la cheville du désormais recordman d’essais inscrits sur une édition de Coupe d’Europe. En espérant qu’on assiste à un retour rapide comme celui d’Ange Capuozzo récemment…

Ntamack mauvais perdant

Ugo Mola a brillé par ses déclarations d’après-match empreintes d’une grande sportivité. On ne peut pas en dire autant de Romain Ntamack. Qui a déclaré au micro de France 2 : «Ils sont loin d’être au-dessus de nous. Mais aujourd’hui, ils ont été beaucoup plus réalistes que nous et c’est ce qui fait la différence. Ils sont en finale et pas nous.» Avant d’enfoncer le clou en conférence de presse, le visage fermé. «Honnêtement, je n’ai pas l’impression d’être dépassé pour cette équipe de Bordeaux. Mais ils récupèrent des ballons clés à des moments clés. C’est ce qui nous met dedans en ce moment-là. Le score, je pense, est lourd parce que ça ne reflète pas forcément le match. Mais encore une fois, ils ont été bien plus efficaces que nous. Ils ont été démoniaques à chaque fois qu’il a fallu marquer.» Désolé mais la victoire de l’UBB ne résume pas à son hyper-réalisme. Décevant. À l’image de la prestation sans saveur ni odeur sur le terrain de l’ouvreur toulousain, qui a perdu son match dans le match avec Matthieu Jalibert.