Une affaire fracassante. Voilà plusieurs mois que des
dizaines de personnes témoignent avoir été victimes
d’agressions sexuelles de la part de
l’abbé Pierre. L’image du prêtre charismatique se désagrège à
une vitesse folle alors que la parole se libère. Comment la légende
a-t-elle si longtemps persisté ?
La journaliste Marie-France Etchegoin et Laetitia
Cherel, grand reporter à la Cellule Investigation de Radio France,
proposent de répondre à cette question épineuse dans un
livre, Abbé Pierre – La fabrique d’un saint, paru
chez Allary Editions, le 17 avril dernier. L’enquête à charge met
en lumière la face sombre d’un « prédateur » dénoncé par ses
très nombreuses victimes présumées.
Abbé Pierre : les frasques d’un « vieux gamin »
Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel s’appuient
notamment sur le témoignage d’une ex-mannequin, Sanda
Slag, qui affirme avoir été une intime de l’abbé Pierre,
qualifié de « mécène », sur une période courant
de 1985 à 1996. Cette dernière se souvient du
regard transperçant du prêtre qu’elle admirait « sans
bornes » malgré « ses frasques » dont elle admet avoir
été longtemps admiratrice.
« Il conduisait n’importe
comment. Il mettait les chants grégoriens à fond. Quand un
passant traversait, il ralentissait au dernier moment et rigolait
: ‘Je fais la chasse à l’homme’. C’était un gamin, un
vieux gamin », remet l’ancienne top model à propos du
religieux qui « aimait les femmes ».
Abbé Pierre : cette intime délivre
un récit sidérant
Dans ce même livre, Sanda Slag brosse le portrait peu
reluisant d’un agresseur lorsqu’elle décrit le comportement
de l’abbé Pierre à l’égard des femmes. « Quand il me
poursuivait avec sa canne, il ne se justifiait pas. Il
voulait me briser les seins. C’était des pulsions qu’il
avait à l’improviste », évoque-t-elle, se souvenant de ses
fantasmes de castration.
L’égérie se remémore un « strip-tease très
simplifié » de l’abbé : « Il posait les vêtements
au fur et à mesure sur le fauteuil. Il s’est allongé tout nu sur le
canapé, les bras le long de son corps. Il fermait les yeux, il
avait les mort ».
Le prélat avait ensuite donné « une claque énorme » sur
ses organes génitaux avant de lui demander de passer à l’acte avec
son »fourbi »…