Par

Léa Afonso

Publié le

5 mai 2025 à 12h16

« Il y a beaucoup de travaux en ville. » Cette remarque revient souvent à Toulouse ces derniers mois. Entre les constructions et le chantier colossal de la future ligne C du métro, les grues marquent le paysage urbain. Mais sont-elles réellement plus nombreuses qu’avant ? Quelle est la réalité derrière cette impression ? On fait le point.

En quelques chiffres

Au sein de la ville de Toulouse, « nous sommes sensiblement sur les mêmes bases que l’année passée. En 2025, nous sommes à ce jour à 45 grues à tour autorisées. En 2024, il y en a eu 136 au total », explique la mairie de la ville. Ces chiffres concernent uniquement les grues situées sur le domaine public ou celles du privé qui survolent l’espace public. Les machines intégralement installées sur des terrains privés ne sont donc pas comptabilisées.

Difficile cependant d’avoir un recensement totalement précis. Pour Frédéric Jerman, directeur d’agence chez MATEBAT Midi-Pyrénées — principal loueur de grues de la région —, « si on inclut toute l’agglomération, on arrive à environ 150 grues debout, hors chantiers du métro. Dans les meilleures années, on en comptait jusqu’à 250 ».

Un constat confirmé par Mathieu Roudié, président de la Fédération du BTP 31 : « On a environ 40 % de grues en moins que les autres années ».

Une baisse d’activité qui inquiète

Cette diminution du nombre de grues n’est pas un hasard. Elle reflète un ralentissement global du secteur depuis 2022, causé par un enchaînement de facteurs économiques : « Fin de la loi Pinel, hausse des taux, chute du logement neuf… Là où l’on construisait 11 000 logements par an à Toulouse, on est tombé à moitié moins ces deux dernières années », explique Mathieu Roudié.

Même si un léger regain d’activité est constaté début 2025, il reste temporaire : « Les grues actuellement en service le sont pour des projets lancés fin 2024. Très peu de nouveaux dossiers n’arrivent sur notre bureau. Si cela continue, on s’attend à une nouvelle baisse significative dans les mois à venir », prévient Frédéric Jerman.

C’est quelque chose qui nous inquiète. Aucun modèle économique ne peut tenir durablement dans une telle situation.

Mathieu Roudié
Président Fédération BTP 31

Une impression trompeuse

Pourquoi, alors, a-t-on l’impression qu’il y a plus de grues qu’avant ? Selon la mairie, cette perception relate un état général dû aux chantiers qui durent longtemps, à l’image de celui du métro : « La quasi-totalité des futures stations disposent d’une grue à tour, ainsi que certains puits de ventilation ».

Frédéric Jerman estime que « 30 à 35 grues sont actuellement mobilisées pour les travaux de la ligne C ». Un chiffre important, concentré en grande partie dans le centre-ville, ce qui accentue l’impression de saturation.

Mathieu Roudié nuance néanmoins : « Un grand nombre de machines est lié au chantier du siècle. Alors les avis en hypercentre sont relatifs. Mais c’est un phénomène ponctuel avec une sensation de trop de grues — qui m’étonne par ailleurs — qui se tassera une fois les travaux achevés ».

À quand la reprise d’activité dans le secteur ?

Malheureusement, la reprise du secteur ne semble pas imminente. « Il faudra probablement attendre après 2027. Les élections municipales seront un tournant, et il faudra ensuite du temps pour que les projets redémarrent, à condition que les conditions économiques soient réunies », analyse Mathieu Roudié.

Une note d’espoir, tout de même : « La relance récente du prêt à taux zéro pourrait redonner un peu d’élan au marché, en aidant les jeunes à constituer un apport. Mais l’effet sera lent », ajoute-t-il.

Malgré leur omniprésence visuelle, les grues sont donc bien moins nombreuses qu’avant à Toulouse. Une situation qui reflète la crise actuelle du bâtiment, et dont le secteur ne sortira pas avant plusieurs années.

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