Une récente étude révèle que votre fréquence de selles pourrait être un indicateur crucial de votre santé générale. Les chercheurs ont identifié une « zone idéale » d’une à deux selles quotidiennes associée aux meilleurs résultats de santé. Cette découverte remet en question la façon dont les professionnels de santé abordent les troubles digestifs, souvent considérés comme de simples désagréments.

Combien de fois allez-vous aux toilettes chaque jour ? Cette question, souvent évitée dans les conversations, pourrait être plus importante que vous ne le pensez. Une étude publiée dans Cell Reports Medicine en début d’année 2024 met en lumièrelumière l’impact significatif de la fréquence des selles sur notre physiologie et notre santé à long terme.

Le rythme intestinal, reflet de notre santé globale

Sean Gibbons, chercheur principal à l’Institute for Systems Biology et auteur principal de l’étude, espère que ces travaux « ouvriront l’esprit des cliniciens aux risques potentiels d’une mauvaise gestion de la fréquence des selles ». Il déplore que les médecins considèrent souvent les mouvementsmouvements intestinaux irréguliers comme une simple « nuisance ».

Contrairement aux recherches précédentes qui établissaient des liens entre constipation, diarrhée et diverses pathologies chez des patients déjà malades, cette nouvelle étude s’est concentrée sur plus de 1 400 adultes en bonne santé sans signes de maladie active, permettant ainsi d’observer les effets réels des différentes fréquences de selles.

Des toxines dans le sang des personnes constipées

Les participants à l’étude ont fourni des échantillons de plasma sanguin et de selles, tout en répondant à des questionnaires détaillés sur leur alimentation, leur santé et leur mode de vie. Leurs fréquences autodéclarées de selles ont été classées en quatre groupes : constipation (une ou deux selles par semaine), fréquence basse-normale (trois à six par semaine), fréquence haute-normale (une à trois par jour) et diarrhée.

Les chercheurs ont observé que, lorsque les selles séjournent trop longtemps dans l’intestin, les microbesmicrobes épuisent les fibres disponibles qu’ils fermentent normalement en acides gras à chaîne courte bénéfiques. En l’absence de fibres, ils fermentent plutôt les protéinesprotéines, produisant des toxinestoxines comme le p-crésol sulfate et l’indoxyl sulfate.

« Nous avons découvert que même chez les personnes en bonne santé souffrant de constipation, on constate une augmentation de ces toxines dans la circulation sanguine », explique Gibbons. Ces substances sont particulièrement nocives pour les reinsreins et pourraient expliquer les risques accrus de maladies associés à la constipation chronique.

La diarrhée et ses effets sur le foie

À l’autre extrémité du spectrespectre, l’équipe a identifié des marqueurs chimiques indiquant une inflammationinflammation et des dommages hépatiques chez les personnes souffrant de diarrhée fréquente. Gibbons explique que pendant les épisodes diarrhéiques, le corps excrète un excès d’acide biliaire que le foiefoie recyclerait normalement pour dissoudre et absorber les graisses alimentaires.

Cette perturbation du cycle de l’acideacide biliaire force le foie à travailler davantage pour compenser, ce qui peut entraîner un stress oxydatifstress oxydatif et des dommages à long terme. De même, l’inflammation intestinale associée à la diarrhée crée un environnement défavorable pour les « anaérobies stricts », ces bactériesbactéries intestinales fermentant les fibres qui sont associées à une bonne santé.

Ces bactéries bénéfiques prospèrent dans ce que les chercheurs appellent la « zone Boucle d’or » – une fréquence d’une à deux selles par jour. Gibbons souligne néanmoins que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour définir cette plage optimale avec plus de précision.

Les facteurs clés d’un transit intestinal équilibré

L’analyse démographique révèle que les jeunes, les femmes et les personnes ayant un indice de masse corporelle plus faible ont tendance à avoir des selles moins fréquentes. Selon Gibbons, les différences hormonales et neurologiques entre hommes et femmes pourraient expliquer cet écart, de même que le fait que les hommes consomment généralement plus de nourriture.

En croisant données biologiques et questionnaires sur le mode de vie, les chercheurs ont dressé un portrait clair des personnes qui se situent typiquement dans la « zone idéale ». « Le signal le plus fort que nous avons observé était la consommation accrue de fruits et légumes », précise Gibbons, ainsi qu’une hydratationhydratation adéquate, une activité physiquephysique régulière et une alimentation principalement végétale.

La prochaine étape pourrait consister à concevoir un essai cliniqueessai clinique visant à gérer les mouvements intestinaux d’un large groupe de personnes, suivies sur une période prolongée, pour évaluer le potentiel de préventionprévention des maladies lié à un transittransit optimal. En attendant, ces résultats suggèrent qu’une alimentation riche en fibres végétales et une bonne hydratation restent nos meilleurs alliés pour maintenir un rythme intestinal favorable à notre santé globale.