Par
Lucie Fraisse
Publié le
7 avr. 2025 à 7h12
« Ce sont huit ans de vie foutus en l’air en un claquement de doigts ». Le 7 février 2025, l’immeuble situé au 42 de la rue Peyrolières, à Toulouse était évacué en urgence pour des raisons de sécurité liées à la fragilisation du bâtiment. Depuis, le Long Quan, le restaurant situé au rez-de-chaussée, n’a pas pu rouvrir, alors que les habitants ont réintégré les logements situés dans les étages. Une situation invivable pour François Vong, son propriétaire.
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Le restaurant évacué pendant le déjeuner
« Le 7 février dernier, pendant le service du midi, le syndic et des agents de la mairie sont venus faire des vérifications dans le restaurant, se souvient le restaurateur. Il y avait des clients à table et ils ont fait sortir tout le monde en disant que l’immeuble menaçait de s’effondrer. Pour nous, ça a été hyper violent. »
Dans son arrêté de mise en sécurité, la mairie de Toulouse précise qu’il a été constaté « le mauvais état généralisé du plancher haut des caves sur l’emprise du restaurant et l’emprise de la circulation horizontale en rez-de-chaussée desservant les logements en étage. »
Travaux provisoires
François Vong et les autres propriétaires de l’immeuble se mettent très vite d’accord pour réaliser des travaux provisoires pour consolider le bâtiment.
« En une semaine-dix jours, c’était fait, il y a une soixantaine d’étais qui peuvent supporter plusieurs tonnes qui ont été installés dans la cave. Il y a eu une visite de vérification quelques semaines plus tard, et on n’a plus eu de nouvelles. »
Propriétaire des lieux
Le Long Quan, restaurant familial tenu par François et ses parents, a été créé il y a huit ans, et s’est forgé, au fil du temps, une jolie clientèle d’habitués. L’an passé, François Vong a pu acheter le local du rez-de-chaussée du 42 rue Peyrolières, en contractant un prêt auprès de sa banque. Un local dans lequel il ne peut plus du tout pénétrer aujourd’hui.
Le 27 mars, la mairie de Toulouse a en effet signé un arrêté de main levée partielle de l’interdiction d’habiter l’immeuble. En clair, les habitants des logements ont été autorisés à réintégrer leurs appartements. François Vong peut, lui, rentrer dans les parties communes pour récupérer son courrier. Mais le Long Quan ne peut pas rouvrir.
« On vit sur nos économies »
« Pour nous, c’est incompréhensible, soupire François Vong. Ça fait deux mois qu’on vit sur nos économies, qu’on continue à payer nos factures sans aucune rentrée d’argent. On en est à se demander comment on va faire manger nos enfants ! Ce sont huit ans de vie foutus en l’air : on aurait fait n’importe quoi d’accord, mais là, on n’est pas maître de ce qui se passe. »
En attente des travaux définitifs
Contactée par Actu Toulouse, Claire Nison, conseillère municipale en charge de la lutte contre le logement insalubre, explique la décision :
J’ai signé une main levée partielle pour réintégrer en habitations l’immeuble, mais le rez-de-chaussée n’est pas concerné. La plupart des arrêtés qu’on prend ne concernent pas tout un immeuble, c’est très courant. Dans cet immeuble, les travaux définitifs ne sont pas faits, donc on ne peut pas autoriser Monsieur Vong à réintégrer le restaurant, ce n’est pas pour l’embêter. Il faut qu’il se rapproche de son syndic et que les travaux soient réalisés. Quand ce sera fait, on ira voir et si c’est conforme en termes de sécurité, je signerai une main levée et tout le monde pourra réintégrer les locaux.
Claire Nison
« On nous laisse mourir à petit feu »
En attendant, François Vong se sent un peu abandonné. « Je ne sais même pas ce qu’on doit faire comme travaux définitifs, on ne nous explique rien, tout le monde se renvoie la balle. Et puis les travaux ça peut prendre du temps, il faut convoquer une assemblée extraordinaire des propriétaires, que tout le monde se mette d’accord… Quand les locataires ont pu réintégrer leurs appartements, on s’est dit qu’on allait pouvoir rouvrir le restaurant, pour faire un peu de trésorerie et pouvoir financer les travaux, mais là, on a l’impression qu’on meurt à petit feu, dans une indifférence totale. C’est d’une violence absolue. »
Selon les estimations du restaurateur, si rien ne change, il sera obligé de « mettre la clef sous la porte dans deux mois au maximum ». Seule consolation pour François Vong, la sympathie de ses clients qui prennent régulièrement de ses nouvelles, via les réseaux sociaux notamment. Et qui attendent sans doute autant que lui la réouverture du Long Quan.
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