Ils s’en seraient bien passés. Éléonore*, Sylvain* et Florian* ont deux points communs. Ils ont acheté une voiture en Allemagne. Et tout ne s’est pas passé comme prévu. Il n’est jamais anodin d’acquérir un véhicule, le choisir outre-Rhin appelle aussi à de la vigilance.
145 000 km au compteur ? Non, 460 000 !
C’est une fraude répandue en Allemagne : le trafic de compteur kilométrique. Malheureusement, Éléonore a été piégée. Il y a trois ans, elle se rend en Bavière pour acheter une berline d’occasion chez un concessionnaire. Dix-huit mois plus tard, alors que l’Alsacienne a parcouru seulement 12 000 km, la chaîne de distribution casse. Au garage, elle dit que le véhicule avait 145 000 km au compteur lors de l’achat, facture à l’appui. Sauf que le professionnel français lui certifie que la voiture en a, en réalité, plus de 460 000.
Éléonore contacte alors le vendeur allemand, le relance à plusieurs reprises, sans succès.
S’il peut être rassurant d’acheter une voiture auprès d’un professionnel, Éléonore comprend qu’elle aurait dû, quand même, exiger des contrôles supplémentaires. Un examen approfondi et un diagnostic électronique auraient pu permettre de détecter des incohérences.
Les clauses abusives d’exclusion de la garantie
Sylvain pensait, lui aussi, bien faire en passant par un concessionnaire. À la recherche d’un modèle spécifique, il pense le trouver à près de 1 000 km de chez lui, au nord de l’Allemagne. Moins de 35 000 € et, d’après l’annonce en ligne, un véhicule en parfait état et sans accident. Mais au bout de quelques semaines, les problèmes commencent. Après l’examen de la voiture, il apprend que les pièces cassées ne sont pas d’origine. Immédiatement, le Bas-rhinois demande au vendeur de prendre en charge les 5 000 € de réparation. La réponse est sans appel : c’est non. La garantie légale de conformité ne s’applique pas.
Pour Sylvain, c’est la double peine. Il comprend que le concessionnaire, malhonnête, a tout fait pour exclure la garantie. En petit, en bas de la facture, est notamment écrit Gewerbetreibender. Ce simple mot, qui signifie “professionnel”, empêche l’application de la garantie légale de conformité car elle s’applique seulement quand l’acheteur est un particulier. Cette clause abusive est écrite noir sur blanc. Soit Sylvain ne l’a pas vue, soit il ne l’a pas comprise. Il ne faut donc jamais signer un document qu’on ne comprend pas intégralement. Et, par conséquent, le traduire ou le faire traduire si besoin.
Faux vendeurs et usurpation
Parmi les autres désillusions, il y a les faux vendeurs. C’est arrivé à Florian. Après avoir versé par virement bancaire plus de 20 000 €, ce Strasbourgeois n’a plus aucune nouvelle du vendeur situé près de Brême. Son site internet n’est plus accessible. En réalité, le vendeur n’a pas disparu, il n’a juste pas existé. L’escroc a usurpé le nom et les coordonnées d’un concessionnaire qui publie uniquement ses offres sur des plateformes de vente spécialisées. Vérifier l’existence du vendeur doit donc être le premier réflexe à avoir. Nom, adresse, conditions générales de vente, etc., il faut tout regarder, même si c’est fastidieux. Mais aussi ne jamais accepter de payer un véhicule sans l’avoir vu et inspecté.
(*) Les prénoms ont été modifiés. Pour éviter ces pièges, consultez tous les conseils du Centre européen de la consommation, Bahnhofsplatz 3 77694 Kehl (Allemagne). Site : www.cec-zev.eu.