Un homme purgeait une peine de prison de 10 ans et a été libéré de la prison de Gradignan à la place d’un autre détenu, le mercredi 30 avril dernier.
L’histoire incroyable part d’une décision de justice. Un ressortissant marocain sous OQTF placé au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan devait être expulsé vers son pays d’origine, mais il a d’abord été assigné à résidence en attendant son expulsion. Il devait donc sortir de la prison ce mercredi 30 avril, mais c’est un autre prisonnier qui a été libéré à sa place.
Son nom a été confondu avec un quasi-homonyme (à une lettre près). C’est finalement un individu de 25 ans, Marouane K., qui est sorti de Bordeaux-Gradignan. Cet homme avait été placé en détention provisoire en 2022, avant d’être relâché en 2023 sous contrôle judiciaire. En 2024, il avait finalement été condamné à 15 mois de prison ferme pour plusieurs infractions routières, puis de nouveau condamné en novembre dernier à 10 ans ferme pour «vol avec violences ayant entraîné la mort», par la Cour d’assises de la Gironde, pour des faits commis en 2019. «Les faits pour lesquels le détenu libéré indûment a été condamné étaient d’une évidente gravité. Il n’est toutefois pas identifié comme faisant partie du haut du spectre de la criminalité organisée», indiquait vendredi dernier le parquet de Bordeaux.
L’administration pénitentiaire aurait donc fait une grossière erreur en confondant les deux noms, et en ne remarquant pas cette étourderie. Sur le point d’être libéré, Marouane K. n’aurait jamais signalé la bévue au personnel du centre pénitentiaire. Il est aujourd’hui considéré comme «évadé» par la justice, même si son acte n’est pas répréhensible pénalement. «C’est une première dans l’histoire en France. Je ne pense pas qu’on puisse considérer ses actes comme une évasion. Il n’a violé aucune règle de liberté conditionnelle ni de permission. Il faudrait prouver qu’il soit informé qu’il doit se présenter quelque part», selon son avocat Maître Georges Parastatis.
L’individu n’a toujours pas été retrouvé
Une enquête judiciaire a immédiatement été ouverte pour déterminer les circonstances dans lesquelles cette libération est intervenue, et pour rechercher le prisonnier remis en liberté. L’enquête a été confiée à la Direction de la coopération internationale de sécurité (DCOS) de Bordeaux. Un mandat de recherche a été émis le soir même de sa libération, ainsi qu’un mandat d’arrêt européen.
Interrogé lors d’un point presse durant un déplacement au centre de rétention administrative de Metz le vendredi 2 mai, Bruno Retailleau a réagi à cette libération. «Les moyens, nous les avons mis et j’espère que cette erreur sera réparée le plus rapidement possible», a-t-il déclaré. Ce lundi, «l’individu n’a toujours pas été interpellé», selon le parquet de Bordeaux.