Ce qui était un hôtel de standing est devenu avec les années et son abandon une verrue dans le panorama de la place de Bordeaux, à Strasbourg. En inactivité depuis 2020, racheté par la Foncière Grand Est, l’ex-hôtel Mercure (Holiday Inn jusqu’en 2012) va connaître une nouvelle vie. Ou plutôt une fin funeste, puisqu’il devrait être démoli au premier semestre 2026, laissant la place à un nouvel ensemble immobilier. Le projet était présenté ce lundi 5 mai aux habitants par l’agence ANMA Architectes urbanistes et la Foncière Grand Est.
Cinq nouveaux bâtiments
Cinq nouveaux bâtiments verront le jour sur le terrain d’un peu plus d’un hectare : 208 logements en accession, un hôtel de 177 chambres (dont l’enseigne n’a pas encore été désignée) et une résidence de 187 places comprenant des studios pour étudiants et une soixantaine de logements sociaux. 900 mètres carrés de commerces et restaurants occuperont une partie du rez-de-chaussée. Ce parc immobilier à la silhouette en escalier encadrera un « cœur d’îlot végétalisé » traversé par une piste cyclable ouverte en journée depuis la place de Bordeaux.
L’architecte Cyril Trétout imagine briser « la frontalité [que représentait l’ancien hôtel Mercure, ndlr] pour la repousser à l’arrière de la parcelle pour faire de ce quartier un vrai centre », a-t-il présenté à une trentaine de riverains.
Parmi les habitants présents, principalement du secteur cossu du square Tivoli, plusieurs s’interrogent sur le stationnement des futurs résidents, dans un secteur déjà fourni en circulation sur les avenues Herrenschmidt et Schutzenberger qui enserrent le terrain. « Le projet comprend un parking souterrain de 196 places pour les voitures et 620 places pour les deux-roues, dont l’entrée et la sortie seront situées rue Richard-Strauss », indique l’architecte. Une solution qui inquiète immédiatement la direction du PMC présente à la réunion, quant à un risque de saturation de la voirie desservant le complexe événementiel et ses 650 000 visiteurs annuels. « Mais la réglementation ne nous permet pas de mettre cet accès ailleurs », répond l’architecte qui promet de « rester à l’écoute » sur ce point.
1 100 nouveaux habitants
Bon nombre s’inquiètent également de la hauteur des bâtiments, que l’architecte ne chiffrera qu’après insistance du public : de 18 mètres pour le plus bas à 50 mètres au plus haut. « C’est un grand mur qui va marquer une partie du quartier. Déjà le Mercure c’était trop », regrette Jacques Marzolf, le président de l’association des Résidents du Tivoli. « On devra encore se réunir pour se prononcer », temporise-t-il. Comme d’autres, il découvrait ce lundi le projet, peu d’habitants ayant reçu l’invitation à la réunion annoncée comme « publique » dans leur boîte aux lettres. L’architecte rappelle que cette densité est une demande de l’Eurométropole, le PLUi ayant été modifié en ce sens. « C’est un des rares fonciers à construire encore disponibles à proximité du centre-ville. » Dès 2023, la métropole assumait cette hauteur dans la limite des 50 mètres, tout en appelant à la mixité des usages et au respect de la végétalisation, le terrain étant situé sur la ceinture verte.
Avec un afflux de 1 100 nouveaux habitants, ce « nouveau quartier vivant » doit encore décrocher la délivrance du permis de construire « espérée avant l’été » par le groupe de la famille Oussadon. Le projet est financé entièrement sur fonds privés, dont la Foncière Grand Est n’a pas voulu communiquer le montant.