Par
Anaelle Montagne
Publié le
5 mai 2025 à 18h16
Le 30 avril 2025, un détenu de la prison de Bordeaux-Gradignan a été libéré par erreur, à la place d’un codétenu portant quasiment le même nom. Il s’agit vraisemblablement d’une magistrale erreur de procédure. L’homme indûment libéré venait d’être condamné à dix ans de prison pour vol avec violences ayant entraîné la mort. Il court toujours. Comment a-t-il pu passer entre les mailles du filet ?
Pour répondre à ces questions, le ministère de la Justice a lancé une enquête administrative interne. C’est elle qui permettra d’obtenir des réponses officielles. En attendant, actu Bordeaux s’est penché sur les procédures de vérification qui sont censées avoir lieu, pour comprendre comment l’erreur a pu être commise.
Carte de circulation
Une seule lettre sépare le nom du détenu censé être libéré de celui de Marouane Khaled, 25 ans. Pour parvenir à sortir par la grande porte, le prisonnier a dû être présenté au greffe. Le service, géré par des surveillants de détention (et non des greffiers), est en charge du contrôle des procédures d’entrée et de sortie des détenus. C’est probablement de là que vient l’erreur.
« Il y a eu différents couacs, qui ont permis à cet homme de profiter des lacunes du système », explique Hubert Gratraud, délégué syndical de Force ouvrière justice. L’erreur d’homonymie en est à l’origine, évidemment, mais certains éléments de vérification pourraient avoir été omis.
Déjà, la procédure implique la vérification de la carte de circulation du détenu. Une sorte de carte d’identité version prison, avec nom, photo et numéro de matricule. « Les détenus la perdent souvent », déplore Hubert Gratraud. Elle est pourtant cruciale dans la procédure de sortie. Ici, elle aurait dû permettre de voir que le matricule de Marouane Khaled n’était pas le bon.
Empreintes digitales
La biométrie des prisonniers libérables est aussi censée être vérifiée par le greffe. Comprendre, leurs empreintes digitales. « Normalement, ça ne trompe pas », indique Hubert Gratraud. Aurait-elle été omise par les agents du greffe ? L’enquête interne le dira.
Le délégué du personnel tient cependant à souligner que « l’erreur est humaine, d’autant plus pour des personnes qui ne reçoivent aucune formation spécifique au greffe et doivent apprendre sur le tas ».
Surcharge de travail
Ronan Roudaut, membre du syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa, concède aussi qu’il y a eu un « gros manquement ». Pour lui, il pourrait être lié à la surcharge de travail des agents pénitentiaires : « Quand vous êtes censé fonctionner avec 630 détenus et que vous en avez le double, vous risquez de devoir prendre des raccourcis pour rester dans le timing. »
Pour Ronan Roudaut, le premier responsable de cette « grosse boulette », c’est donc avant tout l’administration pénitentiaire.
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