Par
Melvin Moya
Publié le
5 mai 2025 à 20h24
Après l’écriture et la parole, place à l’image. Auteure et podcasteuse, l’ex-habitante d’Aillas (Gironde) Victoria Guillomon s’est lancée, en septembre 2023, dans un défi vertigineux avec Johan Reboul : rejoindre l’Inde sans emprunter l’avion. Un défi réalisé partiellement. « J’avais déjà visité l’Inde à mes 18 ans. Et je m’étais fait la promesse d’y retourner. Mon engagement écologique a pris beaucoup de place dans ma vie, et je ne me voyais pas y retourner en avion. »
Direction le Grand Rex
Dans un documentaire intitulé « Shimla, une fugue des temps modernes », les deux militants écologistes – qui se connaissaient très peu avant le départ – reviennent sur ce périple, pensé avant tout comme une manière d’éveiller les consciences aux enjeux de l’eau dans le monde.
Ce périple sera visible au cinéma à partir du 28 mai. Deux jours avant la sortie officielle en salle, Victoria et Johan auront même l’honneur de projeter le film en avant-première au mythique Grand Rex de Paris, emblématique complexe du cinéma français.
« C’est complètement fou ! » lance Victoria, qui a encore du mal à réaliser. D’abord plutôt encline à leur proposer une grande salle, la direction du Grand Rex a finalement accepté leur demande.
On a dû tout apprendre. Ce qui a de beau dans ce documentaire, c’est qu’on ne le cache pas.
Victoria Guillomon
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En tout, ce ne sont pas moins de 19 pays que les aventuriers des temps modernes ont traversés au fil de plusieurs semaines.
Du voisin allemand aux terres du nord de l’Inde, en passant par les mangroves du Bengale ou l’Égypte et ses monuments millénaires, ils ont marché, toujours guidés par le désir d’apprendre de l’autre. « Aller à la rencontre des habitants, dépasser nos peurs… Il y avait beaucoup de valeurs que je voulais transmettre », souligne la fille d’agriculteur.
Ils ont dû tout apprendre
Le format choisi, celui du documentaire, n’est pas un hasard. « Le documentaire ou le film, plus généralement – c’était une manière de toucher des personnes que je ne touche pas forcément avec mes livres ou mon podcast. C’était un nouveau levier pour éveiller les consciences. »
Et un moyen de mettre en avant des valeurs intergénérationnelles et universelles qui lui sont chères. Qu’importe si aucun des deux protagonistes ne savait manier une caméra avant le départ. « On a dû tout apprendre. Ce qu’il y a de beau dans ce documentaire, c’est qu’on ne le cache pas. » L’évolution de leur rapport à la caméra, tout au long de ce condensé d’1 h 18, est d’ailleurs palpable.
Apporter plus de positivité
Au cœur de ce documentaire : un enjeu majeur pour aujourd’hui et pour demain : la question de l’accès à l’eau. Ou plutôt : la manière d’agir concrètement pour corriger ces inégalités. « Au cours du voyage, on s’est rendu compte que ce n’est pas tant les solutions qu’on voulait mettre en avant, mais plus la manière dont on parle de ces solutions. »
Un constat que l’amoureuse des mots souhaite voir appliqué à l’ensemble du discours écologique. « Ce qui manque dans l’écologie aujourd’hui, c’est une manière de parler avec beaucoup plus de positivité, pour embarquer autour de cette cause-là. C’est plus la forme que le fond du message qui importe aujourd’hui. »
Où voir le film
« Shimla, une fugue des temps modernes » sera diffusé en avant/avant-première au cinéma Rex de La Réole, le lundi 12 mai à 20 h 30 (tarif 6,50 €). À l’issue de la séance, la réalisatrice viendra échanger avec les spectateurs sur son documentaire. Le film sera également présenté le 16 mai au Sémaphore de Nîmes
De la positivité, ce documentaire n’en manque pas. En ces temps incertains, Victoria Guillomon fait de ce film une nouvelle forme d’espérance.
« Ce qui est beau, c’est que dans chaque pays, on s’est sentis accueillis avec beaucoup de bienveillance. Moi, ça m’a redonné espoir en l’humanité. On se rend compte qu’on est un. Il n’y a pas de frontière quand on parle d’amour, de solidarité, d’humanité. » Une véritable ode à la vie, qui fait écho au parcours de Victoria Guillomon.
Crise de sens
Très rapidement sensibilisée aux enjeux climatiques (son père est agriculteur), la jeune femme a également été confrontée à une crise de sens « quand les questions existentielles d’une vie » ont commencé à se poser pour elle.
« J’ai commencé à me poser des questions philosophiques telles que qu’est ce qui rend une vie heureuse, qu’est qui fondamentalement me plaît, qu’est ce qui pourrait m’épanouir ? »
De ces questions existentielles ont rapidement débouché des questions écologiques. « Pour moi l’écologie, c’est avant tout une philosophie de vie, un art de vivre et une présence au monde. »
J’ai vraiment confiance en la capacité de ce film à faire du bien
Victoria Guillomon
À travers ce parcours et ce film, elle espère participer à notre reconnexion aux autres. « On n’a jamais été aussi connectés aux réseaux sociaux, et pourtant aussi déconnectés les uns des autres. Ce voyage m’a aussi réconfortée dans l’idée que nous sommes tous différents, et que c’est avec ces différences que l’on fait société. »
Des premiers retours encourageants
Ce serait, pour la co-réalisatrice, une belle victoire. « Les premiers retours sur le documentaire sont incroyables. J’ai vraiment confiance en la capacité de ce film à faire du bien. On a envie que les gens sortent de la salle avec le sourire aux lèvres, l’envie de parler avec leurs voisins, l’envie de réaliser leurs rêves. On a envie que ce soit un baume au cœur. »
Et peut-être le premier d’une longue série : « Il y aura d’autres voyages, c’est certain. Avant, je disais « Shimla, c’est l’aventure de ma vie ». Maintenant, je me dis que Shimla, c’est l’une des aventures de ma vie. »
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