La vague de censure conservatrice qui frappe les écoles américaines n’a jamais été aussi forte, et la réélection de Donald Trump en 2024 ne fait rien pour arranger les choses. L’année dernière, plus de 10 000 livres ont été retirés des bibliothèques dans les établissements scolaires (environ 4200 références), principalement des ouvrages jeunesse abordant le genre, le racisme ou les questions LGBTQ+.

Interdire les livres, à quel prix ?

Depuis 2021, les États-Unis font face à une multiplication sans précédent des interdictions de livres dans les écoles publiques. Selon PEN America, plus de 10 000 cas d’interdiction ont été recensés rien que pendant la dernière année scolaire. Cette vague de censure, portée par des groupes conservateurs, et encouragée par l’administration Trump depuis son retour à la Maison Blanche, vise une typologie bien précise d’ouvrages. 57 % des livres interdits abordent des sujets liés au sexe ou à la sexualité, 44 % mettent en scène des personnes de couleur et 39 % des personnages LGBTQ+. La Floride, l’Iowa, le Texas et le Wisconsin figurent parmi les États les plus actifs dans ce mouvement, avec des milliers de titres bannis localement. L’interdiction récente du livre de Julianne Moore, Freckleface Strawberry, illustre la portée nationale de la censure, pour un récit qui entendait prôner l’acceptation de soi.

Quels livres sont concernés ?

En 2023, on note la censure de Gender Queer : A memoir, qui retrace la non-binarité de son autrice, Maia Kobabe, ou encore This Book Is Gay, de Juno Dawson. D’autres figures plus illustres de la littérature ont également fait l’objet d’une interdiction. Depuis 2023, les livres Dune de Frank Herbert sont bannis des établissements publics du comté de Collier, en Floride, sous prétexte de se conformer à la loi HB1069, qui peut censurer un ouvrage s’il dépeint ou décrit une conduite sexuelle. La situation est similaire pour Game of Thrones, Forrest Gump, 2001 : l’Odyssée de l’espace, L’Homme au masque de fer, L’Homme invisible, Anna Karénine, ou encore 1984, de George Orwell qui a été interdit en mai 2023 dans tout l’Iowa. La Ferme des animaux, Le Meilleur des mondes ou Le Portrait de Dorian Gray ont été supprimés des bibliothèques scolaires pour les mêmes raisons.

Les dix livres les plus concernés par cette censure, on retrouve :

  • Nineteen Minutes de Jodi Picoult
  • Looking for Alaska de John Green
  • The Perks of Being a Wallflower de Stephen Chbosky
  • Sold de Patricia McCormick
  • Thirteen Reasons Why de Jay Asher
  • Crank et Identical d’Ellen Hopkins
  • The Kite Runner de Khaled Hosseini
  • The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood
  • Water for Elephants de Sara Gruen

Des conséquences bien réelles

Cette vague de censure n’est pas sans conséquences : elle prive des millions d’élèves d’un accès à des récits essentiels, dont certaines dystopies font très librement écho aux dérives politiques actuelles. Certains lieux de culture s’autocensurent par crainte de représailles, alors même que certains États vont jusqu’à criminaliser le refus de retirer des livres visés par l’interdiction. Fahrenheit 451 n’est plus si loin, et ceux qui s’inquiètent de l’apogée des extrémismes conservateurs dans The Handmaid’s Tale vont devoir lire le livre sous le manteau.

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