Friedrich Merz, le leader des conservateurs, qui doit devenir ce mardi (06.05) le nouveau chancelier allemand promet de « faire avancer » l’Allemagne en ces temps « de grande incertitude ».
Il a paraphé ce lundi (05.06) le contrat de coalition de son nouveau gouvernement, qui est une alliance entre les conservateurs de la CDU/CSU et les sociaux-démocrates du SPD.
Dans cette feuille de route, il est notamment question de la réduction de l’immigration illégale, thème phare de la campagne électorale, ainsi que de politique étrangère et de relations commerciales.
C’est à la page 11 du document qui en fait un peu moins de 150, dans le premier chapitre sur la croissance, plus précisément sur le commerce extérieur, que l’on retrouve la première occurrence de l’Afrique. « Dans le cadre d’une nouvelle stratégie pour l’Afrique, il convient de préparer le renforcement de nos relations commerciales avec les États africains », peut-on lire.
Plus concrètement, le contrat prévoit de « ratifier encore en 2025 » les accords de partenariat économique introduits par le gouvernement précédent au Bundestag, la chambre basse du Parlement, avec la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Cameroun et plusieurs pays de la SADC.
Ce sont des accords au niveau de l’UE qui prévoient notamment un meilleur accès au marché européen pour les pays concernés et des politiques d’aides au développement économique.
Contrer « l’influence russe et chinoise » en Afrique
L’Afrique revient également dans le chapitre consacré à la politique étrangère du nouveau gouvernement.
« Nous voulons une politique africaine qui soit à la hauteur de l’importance stratégique de l’Afrique », clame le document. La grande coalition ambitionne de contrer « l’influence russe et chinoise en Afrique ».
Elle souligne l’importance de l’Union africaine comme partenaire. Berlin veut également « soutenir la mise en œuvre de la zone de libre-échange africaine » avec « un accent particulier sur la stabilisation du Sahel et de la Corne de l’Afrique », notamment dans la lutte contre le terrorisme et les causes de l’émigration.
Justement, la migration a été l’un des principaux thèmes de la campagne électorale, avec une surenchère de promesses politiques plus restrictives.
Le contrat de coalition entend poursuivre les contrôles fixes aux frontières instaurées sous le précédent gouvernement. Ces contrôles sont controversés, puisque l’Allemagne fait partie de l’espace Schengen de libre-circulation et qu’ils ne peuvent avoir lieu qu’en cas de menace pour le pays et de façon temporaire.
Plus polémique encore, la volonté de refuser l’entrée au territoire allemand à certaines personnes, même à des demandeurs d’asile. Ces refoulements auraient lieu « en concertation” avec les pays voisins de l’Allemagne, sans que l’on en sache vraiment plus. Mais surtout, refuser directement un demandeur d’asile sans que son dossier ne soit examiné est contraire au droit européen.
Friedrich Merz de la CDU et Lars Klingbeil du SPD ont signé le contrat de coalition ce lundiEbrahim Noroozi/AP Photo/picture alliance
Marche arrière pour la réforme de la naturalisation
Comme l’écrivent nos confrères de la Tagesschau, « la question de savoir si l’Allemagne pourrait déclarer une situation d’urgence afin de ne plus devoir appliquer ce droit européen est controversée. L’existence d’une telle situation d’urgence dans la situation actuelle n’est pas définitivement établie ».
D’autant plus que le nombre de demandes d’asile en Allemagne est en baisse.
Aussi, le nouveau gouvernement veut limiter le regroupement familial. Les personnes qui ne bénéficient que d’une protection subsidiaire ne pourront pas faire venir leurs familles en Allemagne pendant deux ans.
Enfin, Berlin devrait revenir sur la récente réforme de la naturalisation. Elle avait fait passer le délai pour pouvoir demander la nationalité allemande à trois ans de résidence. Ce délai doit repasser à cinq ans.