Par
Inès Cussac
Publié le
6 mai 2025 à 6h56
Loin d’être une invitation au voyage, la gare routière de Paris-Bercy dans le 12e arrondissement a laissé le luxe, le calme et la volupté sur le bas-côté. Cet espace malodorant et sombre n’attire pas vraiment les voyageurs préférant attendre leur bus dehors plutôt que dedans. « Heureusement qu’il fait beau », glisse Lydie installée sur la pelouse devant la gare routière la plus fréquentée de France. « C’est un peu glauque à l’intérieur. On a été obligé de descendre, je serais bien resté dans le car sinon », fait-elle valoir.
Malgré une journée de grève à la SNCF, rares sont les voyageurs à avoir opté pour un bus de Bercy à la place du train. « J’avais réservé mon Flixbus bien avant l’annonce de la grève. C’était une question de budget », indique Guillaume motivé par les petits prix de ce mode de transport. Le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années patiente lui aussi à l’extérieur de la gare par manque d’infrastructure. « Il y a très peu de choses pour s’asseoir, c’est un peu mal foutu », regrette-t-il derrière ses lunettes carrées.
Des conditions d’accueil « désastreuses »
En 2023, la mairie de Paris avait annoncé la fermeture de cette gare à l’issue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Elle voulait ainsi réduire le trafic des cars dans ses rues. Mais après une modification du planning, la gare de Bercy va maintenir ses services jusqu’en 2030, le temps qu’une « solution viable » soit trouvée.
De quoi agacer les élus d’opposition qui ont récemment publié une vidéo sur le réseau social X, ce lundi 5 mai 2025, pour dénoncer les conditions d’accueil « désastreuses » des voyageurs. « Vous imaginez très facilement le désastre des voyageurs internationaux quand ils se disent que la gare routière de la plus belle ville du monde, ou du moins une des plus belles villes du monde, se fait dans des conditions d’une telle insalubrité avec une absence totale d’infrastructures », a critiqué Franck Margain du groupe Changer Paris.
« Personne pour réguler »
« En soi elle n’est pas si terrible, c’est juste le fait que ce soit en sous-sol qui ne donne pas très envie de rester à l’intérieur », atténue Aurore entre deux bouchées de carottes râpées. Cet avis est loin d’être partagé par Zaïna qui regrette de n’avoir pu échapper à un départ depuis le 12e arrondissement. Ce centre névralgique des cars longues distances, lancé en 2017 après avoir servi de parking pour ces véhicules de tourisme pendant 20 ans, dessert la quasi-totalité des agglomérations de plus de 50 000 habitants. « J’évite de passer par ici, je préfère aller à La Défense », indique-t-elle avant de lister tous les problèmes rencontrés au cours de la vingtaine de voyages effectués depuis Bercy : manque d’hygiène, retards à répétition, panneaux d’affichage électronique qui ne fonctionnent jamais, insalubrité sentiment d’insécurité… « Il n’y a personne pour réguler tout cela », s’irrite l’étudiante.
L’Autorité de régulation des transports (ART) avait publié un rapport donnant raison à Zaïna. En 2023, elle relevait une qualité de service « insuffisante » du point de vue des voyageurs. 53 % des usagers avaient indiqué être peu satisfaits ou pas satisfaits du tout des conditions d’attente en gare. La saleté, le manque de places assises, l’absence de point de restauration chaude ou la faiblesse de l’éclairage avaient été pointés du doigt.
Après 2030, les voyageurs pourraient avoir rendez-vous à Saint-Denis-Pleyel, au nord de Paris, pour monter dans les bus. Le maire de Saint-Denis avait dévoilé un terrain qui pourrait accueillir une nouvelle gare routière, validée par les compagnies de cars qui s’étaient montrées intéressées.
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