Par
Paul Varenguin
Publié le
6 mai 2025 à 5h26
Le ton est grave, l’attitude assurée, et le propos, déroulé avec aisance. S’ils ne paraissaient pas si jeunes, les orateurs réunis dans la salle des séances du conseil départemental de Seine-et-Marne, à Melun, pourraient passer pour leurs aînés.
Ce mardi 29 avril 2025, on trouvait donc vingt-sept binômes fille-garçon venus de six collèges du département, participant au Parlement européen des collégiens, et endossant chacun le rôle d’un État-membre. Une initiative qui permet de leur faire connaître les rouages des institutions, tout en les ouvrant à la citoyenneté. Immersion.
Dans l’hémicycle, comme les grands
L’article débattu est clair : « d’ici 2030, l’ensemble des États membres de l’Union européenne devront garantir un accès à un Internet haut débit (via la 5G et la fibre optique) à au moins 98 % de leur population, avec une couverture totale des zones rurales et reculées ». Ce n’est pas tout : 80 % des adultes européens devront avoir suivi une formation aux compétences numériques de base. Tout un programme.
Néanmoins, l’idée ne fait pas l’unanimité, notamment du côté de la Slovénie, qui trouve l’objectif un peu ambitieux, quand la République tchèque propose la création d’un fonds de solidarité numérique inspiré de la PAC. Un article de compromis est proposé, et adopté malgré trois abstentions.
Texte suivant. Là, c’est la question de l’identité numérique sécurisée qui est débattue. La Roumanie veut repousser les échéances, car « le pays a des défis à relever, et n’est pas en mesure d’y parvenir ». Le Luxembourg, lui, souhaite ajouter une « méthode commune » avec une « feuille de route adaptée à chaque pays ». Chacun y va de sa petite proposition pour que le texte soit le plus juste possible.
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Un compromis est trouvé mais, malgré tout, lors du vote, neuf États s’abstiennent, et sept se prononcent contre. L’article est rejeté, et il faudra retravailler dessus ultérieurement.
Plusieurs intérêts
Au-delà de la simple simulation, ce parlement européen des collégiens, qui se tenait pour la quatrième édition, présente de nombreux atouts pour les jeunes qui y participent volontairement. « C’est un outil pour promouvoir la citoyenneté, et cela leur permet de se rendre compte de la machinerie que représente le parlement, mais aussi de l’exercice qu’est la démocratie, comment on y arrive », indique ainsi Sandrine Sosinski, conseillère départementale du canton de Provins déléguée aux affaires européennes et relations internationales.
Six collèges participaient
Les vingt-sept binômes étaient issus de six collèges du Département. On trouvait ainsi des élèves de troisième venus des Cités Unies, à Combs-la-Ville, de Georges-Brassens, à Brie-Comte-Robert, d’Alfred-Sisley, à Moret-sur-Loing, mais aussi du collège Beaumarchais de Meaux, du collège Christine de Pisan de Perthes-en-Gâtinais et du collège Blanche de Castille de La Chapelle-la-Reine.
Tous volontaires, les jeunes ont pu suivre trois interventions préparatoires entre octobre et mars.
De plus, les jeunes apprennent à prendre la parole en public, un exercice ô combien délicat à leur âge, « et certains ont même parlé en anglais, ce qui est très beau et n’est pas facile », comme le souligne Xavier Vanderbise, vice-président du conseil départemental en charge des collèges. Et, pour preuve, Mah Djenebou, Roua et Maïssa, venues de Meaux et représentant respectivement le Luxembourg, la Pologne et la République tchèque assurent que l’exercice était « stressant ». « Mais c’était une bonne expérience, on a appris des choses sur d’autres pays, et sur le fonctionnement de l’Union européenne. C’est aussi de la culture pour nous », développent les collégiennes.
Maïssa a même découvert la République tchèque, qu’elle ne connaissait pas. À l’oral, cela ne se voyait pas : elle a, comme tous les autres, fait de nombreuses recherches sur le pays, ses particularités, la manière dont on y vit, jusqu’à évoquer des statistiques précises sur le développement du numérique. On évoque l’actualité aussi, comme l’ont fait les représentants de la Slovénie. « Il y a un risque de conflit armé… ».
Il faut dire que l’exercice permet de travailler toutes les matières, de l’histoire-géographie aux langues, en passant par la technologie. « On s’inscrit dans les projets d’établissement », assure Sandrine Sosinski.
Après la séance, deux classes seront désignées vainqueur par le jury constitué de trois élus et de trois chefs de service. Elles iront visiter, en juin, le parlement européen à Bruxelles (Belgique).
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