De notre envoyée spéciale à Castelnau-le-Lez
Montpellier – Tours : 2-3
Dimitrov en a déchiré son maillot. De dépit, de rage, de frustration. D’autres sont restés prostrés quelques instants, quelques minutes. La tristesse, la déception montpelliéraines étaient abyssales, ce lundi soir. Et elles ne pouvaient que l’être. Comme était immense la joie tourangelle après ce block décoché par Alexandre Strehlau. Ce block rageur, salvateur, libérateur.
Car les Tourangeaux sont revenus de loin, de très loin. Dans cette saison laborieuse ô possible, émotionnellement éreintante. Dans cette série de très, très haut niveau. Avec cette défaite sur le fil, vendredi dernier, à deux points près dans le tie-break dont ils ont dû se relever. Avec ce premier set également lâché 25-23 et qui les mettait dos au mur. Avec ce troisième où, martyrisés par Montpellier, ils donnaient l’impression d’être au bord du K.-O.. Ils étaient en tous les cas au bord du précipice avec plus aucun joker, plus aucun droit à l’erreur.
Les Tourangeaux n’ont pas mis le genou à terre
Mais non, les Tourangeaux n’ont pas mis le genou à terre. Et ils ne comptent pas le mettre lors de cette nouvelle finale qui s’offre à eux, sans doute pas la plus attendue de ces dernières années – rappelons que pour la quatrième saison de suite le TVB atteint la finale du championnat – mais pas la moins méritée au regard du travail fourni, ce travail acharné, loin des regards, envers et contre tout.
Voilà peut-être pourquoi la célébration passée sur le terrain, l’émotion tourangelle est restée contenue ensuite. C’est que ce groupe n’en a pas fini avec son histoire. Il y a là des joueurs qui sont mus par des parcours singuliers, des histoires personnelles et pour qui être de cette finale veut dire beaucoup, et la gagner signifierait tant et tant.
Une dramaturgie folle, « une belle pièce de théâtre »
Et c’est peut-être cette force intérieure qui a fait craquer Montpellier, au bout du bout de ce combat, de ce troisième acte qui aura été d’une dramaturgie folle. « Une belle pièce de théâtre », comme le dira Luca Ramon.
Et cela débuta, évidemment, dès les premiers points. Montpellier tapait fort, bloquait (déjà), se démultipliait en défense. À 3-0 pour Le Goff & co, Sclater faisait un geste des mains pour dire « tranquille ». Et de fait, Tours revenait, tenait le choc, s’échappait à 13-16. Et c’est… le Tourangeau de Montpellier, Théo Conré, qui sur ses services ramenait Montpellier à hauteur, et même devant, 17-16. Le mano a mano repartait de plus belle, la tension aussi. Mais le block d’Aracaju sur Lopez redonnait la main au TVB (20-21). Il l’avait encore à 22-23, mais Palacios se montrait décisif, Dimitrov aussi et que dire de Lopez qui sortait l’ace sur la première balle de set 25-23 !
Le coup était rude. Mais pas suffisant donc. En redevenant fort sur ses bases, et notamment le service (varié, opportun), Tours allait tout au contraire prendre l’ascendant dans le set suivant. Et même très franchement avec un 6-12, et un 19-24 qui laissait de quoi voir venir. Sauf que… Ce ne sont pas une, pas deux, pas trois balles de set que Montpellier aura effacées de suite, mais sept ! Avec une série de trois contres mortels de Palacios et Seddik. Puis même une balle de set pour le MHSC balayée par Strehlau. C’était alors à Aracaju de sortir le grand jeu au service, et à Sclater de conclure cette manche folle (27-29) !
Un facteur X nommé Roland Gergye
Et dans cette soirée aux montagnes russes, la troisième ne fut donc pas franchement annonciatrice de la suite puisque dominée par Montpellier 25-19. Sauf que, à 15-9, Marcelo Fronckowiak lançait Quiroga à la place de Strehlau, mais surtout Gergye à la place de Pothron. Et cette fois, le Hongrois n’est pas entré pour un service, ni pour que les titulaires se rafraîchissent les méninges. Non, il a tapé fort, mis de l’impact. Tours allait revenir à 17-14, cela n’allait pas changer le cours de cette manche, mais bel et bien celui de cette rencontre. Ce lundi soir, le facteur X fut Roland Gergye !
Car, alors que Montpellier menait 15-12 dans le quatrième set, il faisait son retour. Et avec lui, tout le TVB est monté très haut. Il le fallait face à cette équipe ! À 19-19, Voss multipliait les blocks ; Sclater, lui, retrouvait tout son tranchant et c’est Tours qui l’empochait 22-25. Tout sauf miraculeux, mais tout de même !
Bis repetita dans un tie-break irrespirable. À 6-4, à 8-6, la tendance était montpelliéraine. Elle l’était plus que jamais à 10-8 après un challenge défavorable à Tours et une faute sifflée à Aracaju. Et pourtant… Les Tourangeaux ont réussi l’impossible. Égaliser à 10-10 avec un contre de Gergye, puis ne rien lâcher jusqu’à la faute, fatale, de Palacios (13-14) et ce block magistral de Strehlau.
La finale Tours-Poitiers n’est plus une fiction, moins encore un fantasme. Rendez-vous samedi à Lawson-Body !
Les stats du match.
© (Infographie NR)