« Je suis choqué, la vérité, il y a les profs qui manifestent. » Sur le parvis du lycée professionnel Vauban, lundi 5 mai 2025, Badis et ses potes hallucinent de voir leurs enseignants dégainer pancartes et slogans: « Ce sont les élèves que l’on sacrifie, Vauban en souffrance, c’est au pied du mur que l’on voit Vauban. » À la lecture de ces cris d’alerte, l’élève de Terminale se souvient qu’un poste d’employé administratif va être supprimé à la rentrée, entraînant la disparition du secrétariat des élèves. Ce qui lui fait redouter des « galères et des retards pour les stages, les recherches d’insertion professionnelle, les inscriptions en BTS. On passe toujours par ce secrétariat. » Idem pour « les bourses », complète Thomas Baudin, étudiant en aménagement et finition du bâtiment. « Sans le soutien de l’école, j’aurais certainement pas réussi à obtenir ces aides. Et sans elles, pas d’études sup’ pour moi. »
Un délitement de l’accompagnement des jeunes que Virginie Serio, enseignante, juge inéluctable: « Avec un poste en moins, on va dans le mur. Il y a trop de choses à gérer. Le rectorat n’a pas répondu à notre courrier. Mais se rendent-ils seulement compte? Entre les inscriptions, les désinscriptions, nous avons quarante passerelles dans l’année. Nous accueillons trente nationalités. Nombre de parents, qui ne parlent pas français, sont perdus dans les démarches administratives. »
« Déjà vu en 2018, c’était une catastrophe »
« C’est un énorme boulot à abattre. Mais c’est essentiel pour le suivi des élèves, éviter qu’ils décrochent », acquiesce Fanny Ferrari, la secrétaire dont l’emploi n’a pas été reconduit. Mine défaite, elle rappelle que le secrétariat des élèves avait déjà été supprimé en 2018. « Ça avait été une catastrophe. La charge de travail était tellement ingérable que les démissions se sont succédé. Quand je suis arrivée en renfort en octobre 2023, le lycée n’avait plus de secrétaire depuis la rentrée. »
Deux ans plus tard, l’établissement se retrouve amputé une nouvelle fois par les coupes budgétaires. Pourquoi? Quelles réponses apportées aux professeurs, aux élèves, à l’unique secrétaire qui devra désormais absorber le travail de son ex-collègue? Contacté, le rectorat n’a pas donné suite. Quant au corps enseignant se réserve la possibilité d’entreprendre une nouvelle action « si la situation ne s’améliore pas ».
Le même public qu’en REP mais pas les mêmes moyens
La manifestation de lundi était aussi l’occasion de regretter « l’environnement précaire » dans lequel évolue le lycée professionnel Vauban. « 75% des élèves qui ont eu entre 0 et 5 sur 20 au brevet des collèges. Ils ont besoin et ont droit à un accompagnement renforcé », martèle Vanessa Dussart-Vollet. L’enseignante de lettres-histoire rappelle que « le lycée réclame depuis des années un statut à part, nécessaire pour prendre en compte le surcroît de travail occasionné. Nous recevons le même public que dans les collèges de REP + (réseau d’éducation prioritaire renforcée), mais nous ne bénéficions pas des mêmes moyens. » Avec une quinzaine de conseils disciplinaires durant l’année passée, le lycée est catégorisé en « ZPV », zone de prévention violence. Ce qui n’octroie aucun avantage spécifique, que ce soit en termes de renforts des effectifs ou d’attribution supplémentaire d’heures de soutien.