Alors que la volonté d’une union pour battre le maire écologiste sortant, Pierre Hurmic, semblait acquise il y a encore quelques mois, l’opposition bordelaise apparaît plus divisée que jamais depuis le décès de sa figure de proue Nicolas Florian.

Parviendront-ils à se mettre en ordre de bataille avant le premier tour des élections municipales en mars 2026 ? Depuis le décès brutal de Nicolas Florian, le 26 janvier dernier, les candidatures pour incarner l’opposition de la droite et du centre bordelais se multiplient… et divisent.

Premier à avoir claqué la porte de Bordeaux Ensemble, Pierre-De-Gaétan de Njikam a présenté sa «candidature résolue» mi-mars. Alexandra Siarri, toujours membre du groupe, s’est ensuite déclarée «candidate à la candidature» fin avril. Désormais à la tête d’un mouvement qu’elle a baptisé Alliance bordelaise, la quinquagénaire dispose d’un directeur de campagne tandis que son association de financement de campagne est en cours de création. «Je suis entrée en campagne. Il y a des groupes qui travaillent et je me mets en situation d’être candidate au moment venue», assume l’élue au conseil municipal. Quid de la sénatrice et ministre du Tourisme, Nathalie Delattre, présidente du mouvement Bordeaux Ensemble et candidate favorite du groupe ? «Ce n’est pas le groupe du conseil municipal qui investit les candidats. Nous devrons ouvrir les yeux : la sociologie électorale de Bordeaux a changé», rétorque Alexandra Siarri.

Dans les arcanes de Bordeaux Ensemble, qui dénombre déjà trois candidatures depuis la mort de Nicolas Florian, la situation commence à agacer. «Il n’y a rien d’irrattrapable et la discussion n’a jamais été rompue, mais c’est le bordel (sic)», concède ainsi une source au Figaro. Entre rancœurs et coups de poker des candidats qui désirent tirer leur épingle du jeu, les crispations pourraient se cristalliser. Et ce cadre du groupe d’acter : «Ils ont tous conscience que sans union, c’est la réélection de Pierre Hurmic assurée… Mais chacun à l’air déterminé à aller jusqu’au bout.»

Les dépôts de candidature officielle sont en février. On verra qui est vraiment sur la ligne de départ à ce moment-là

Fabien Robert, coprésident du groupe Bordeaux Ensemble

Cacophonie

Bilan : les candidats de l’opposition en appellent à l’union sans concéder du terrain. «Il n’est pas question qu’il n’y ait pas une tentative de se rapprocher, nous ne sommes pas résignés face à la division», avance ainsi Fabien Robert (Modem) au nom de Nathalie Delattre ; tandis que le député Thomas Cazenave martèle que «les discussions se poursuivent» en appelant «de toutes ses forces à l’union». Même écho chez Alexandra Siarri, qui «revendique sa position» tout en affirmant que cette pluralité «oblige un débat contradictoire de haute tenue pour sortir des vieux réflexes». L’organisation d’un événement public, destiné à rassembler en ce sens toutes les écuries de l’alternance d’ici début juillet, se dessine en coulisse. Mais rien n’est fait.

Autrement dit : les auditions sont en cours pour choisir le candidat qui donnera le la. Cette cacophonie est-elle un passage obligé afin que l’opposition ne trouve un nouveau chef d’orchestre pour harmoniser leurs partitions ? «Je ne suis pas surpris par les déterminations qui s’expriment et sans laquelle les candidats de l’union ne peuvent pas être crédibles», tente de rassurer Fabien Robert (Modem). Le politique – qui soutient la candidature de Nathalie Delattre – estime que l’affaire devrait rentrer dans l’ordre d’ici à l’automne. «Nous sommes encore dans une phase normale du calendrier car les candidats se sont lancés il y a un mois et demi. Les dépôts de candidature officielle sont en février. On verra qui est vraiment sur la ligne de départ à ce moment-là», indique-t-il ainsi.

Sondage

Mais la méthode pour départager les nombreuses candidatures d’ici là ne semble pas encore acquise. Selon plusieurs sources concordantes du Figaro, Nicolas Florian et Thomas Cazenave s’étaient mis d’accord avant son décès pour déterminer la tête de liste de l’union sur la base de sondages. Sauf que les derniers résultats de l’Ifop, qui placent pour l’heure le député trois points devant Nathalie Delattre dans l’éventualité d’un duel face à Pierre Hurmic, sont loin d’avoir mis la fanfare au diapason. En réalité, les chiffres sonnent surtout le tocsin : seuls et divisés face à Pierre Hurmic (35%), Thomas Cazenave (33%) comme Nathalie Delattre (29%) sont donnés perdants.

D’autant plus que ce sondage ne prend en compte ni les candidatures d’Alexandra Siarri et de Pierre-De-Gaétan Njikam ni l’entrée en campagne de l’économiste Philippe Dessertine attendue avant l’été. «Ce sondage était fait pour essayer de départager les champions supposés de la droite et du centre droit», analyse un membre du cabinet de Pierre Hurmic. Avant de tacler : «On constate surtout que c’est la campagne de la primaire de la droite et du centre plus que la campagne municipale qui a commencé.» 

En parallèle, le Rassemblement national, lui aussi, est entré en scène avec un nouveau visage pour Bordeaux : la députée européenne Julie Rechagneux. Plus connue que son prédécesseur, Bruno Paluteau (crédité de 10% d’intention de votes dans le dernier sondage Ifop), elle pourrait créer la surprise et gagner un groupe au sein du conseil municipal. Surtout, si la désunion de l’opposition éloigne la perspective d’un vote utile chez les électeurs désireux d’une alternance à Pierre Hurmic.