La violence ne retombe pas en Libye, touchant jusqu’à la classe politique. Le gouvernement d’unité nationale (GNU), basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, a ainsi dénoncé lundi des vidéos « choquantes » montrant un député enlevé il y a un an dans l’est du pays, dévêtu et une chaîne au cou, appelant à une « enquête internationale ».
L’enlèvement d’Ibrahim Al-Dirsi, député de Benghazi, grande ville de l’Est, avait été annoncé le 19 mai 2024 par le Parlement basé dans l’Est et contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar, autorité rivale du GNU. La Libye est enlisée dans une crise majeure depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements qui se disputent le pouvoir.
Le sort du député reste inconnu
Dans un communiqué, le GNU dirigé par Abdelhamid Dbeibah dit « condamner avec la plus grande fermeté » les images diffusées par la chaîne Al-Ahrar, montrant le député « dans des conditions de détention dégradantes, choquantes et inhumaines ».
La télévision privée Libya al-Ahrar a diffusé lundi trois séquences où l’on voit l’élu, une chaîne autour du cou fermée par un cadenas, vêtu d’un short, assis à même le sol dans une pièce sombre, devant un mur en parpaings. Selon Al-Ahrar, les vidéos que l’AFP n’a pas pu authentifier auraient été tournées six jours après sa disparition. Un an plus tard, son sort reste inconnu.
L’IA utilisée pour les vidéos ?
A l’époque, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) avait exprimé sa « profonde préoccupation face à l’enlèvement » du député, appelant les autorités compétentes à le « localiser et assurer rapidement sa libération ».
Le gouvernement de Tripoli s’en est pris aussi au « soi-disant Commandement général », en référence aux forces du maréchal Haftar. Mais à la suite de déclarations rapportées par la chaîne pro-Haftar Al-Masar de parlementaires assurant que les vidéos auraient été « fabriquées […] grâce à l’intelligence artificielle », le président du Parlement a demandé au ministère de l’Intérieur et au parquet d’« enquêter sur l’authenticité des vidéos ».