Ces reprises, vous les postiez sur les réseaux ?
« Oui. Je postais sur Instagram, TikTok et YouTube. »
Comment est-ce que ça a été accueilli par les gens sur les réseaux, par vos abonnés ?
« J’étais très stressée, j’avais très peur et c’est pour ça que j’ai mis du temps à me lancer, mais j’ai une communauté hyper-bienveillante et, tout de suite, les gens ont en majorité accroché. Et puis, il y a d’autres personnes qui m’ont découverte en tant que chanteuse. Et ça, c’était chouette aussi. »
guillement
Dans une playlist il y a de la place pour tout le monde.
On sait que c’est parfois un peu compliqué de se lancer dans un milieu artistique en venant de YouTube ou des réseaux sociaux. Est-ce que vous avez senti une sorte d’illégitimité, est-ce que certaines personnes vous ont fait ressentir ça ?
« Non. Les gens ne sont pas si mauvais quand même. Mais moi, j’ai pu parfois me mettre des barrières et être très dure avec moi-même, parce que j’avais peur qu’on me dise ça justement. Mais en fait, les gens s’en foutent. Les vidéos, c’est une forme d’art, qui est peut-être un peu plus éphémère, et la musique c’est aussi une forme d’art et je trouve que l’un n’empêche pas l’autre. Au contraire, c’est même chouette de pouvoir accompagner sa musique avec des visuels. Je vais continuer de faire des vlogs, de montrer les backstages de la tournée, etc. Et franchement, dans une playlist il y a de la place pour tout le monde. Les gens ont été plutôt accueillants. »
Beaucoup de YouTubeurs arrêtent de poster sur la plateforme pour se lancer dans la musique ou autre. Pourquoi avoir choisi de continuer les deux ?
« Parce que moi j’ai simplement envie de continuer les deux. Même si j’ai mis beaucoup d’énergie dans cet album et que je pense que c’est la forme d’art la plus aboutie à laquelle j’ai touché pour l’instant, les vidéos, ça fait partie de mon quotidien. Je fais ça depuis plus de dix ans et je trouve que c’est une jolie manière de raconter des histoires, de romantiser un peu son quotidien. Et c’est aussi ma passion donc je n’ai pas du tout envie d’arrêter. Ça me permet de garder une proximité avec les gens, de ne pas prendre la grosse tête. J’adore. »
Comment arrivez-vous à vous organiser entre la musique et les réseaux ?
« C’est vrai que j’ai l’impression que les journées sont parfois un peu trop courtes en ce moment, surtout avec la sortie de l’album et la tournée. J’essaye au maximum de rester connectée, de répondre aux gens, de lire leurs retours. Il y a un peu moins de vidéos qu’avant pour l’instant, mais j’ai envie de m’organiser pour continuer à défendre mon projet musical, qui fait partie de moi et dans lequel j’ai envie de mettre mes tripes, mais aussi de continuer à partager des moments plus drôles, plus légers, sur Internet. »
guillement
J’ai mis beaucoup d’énergie dans cet album et que je pense que c’est la forme d’art la plus aboutie à laquelle j’ai touché pour l’instant.
Est-ce que ce sont uniquement vos abonnés qui viennent vous voir en concert et qui vous écoutent où avez-vous réussi à vous créer un nouveau public ?
« Je pense que c’est un mélange des deux. J’ai eu la chance de faire une tournée de 30 dates, avec l’Olympia, avant de sortir mon album. Là, c’étaient beaucoup de personnes de ma communauté qui venaient, par soutien et par curiosité, mais aujourd’hui, à la veille de la tournée (l’interview a eu lieu le 4 avril et la tournée débutait le 5 avril, à Magny-le-Hongre, ndlr), j’ai l’impression que c’est un mélange des deux. Il y a des gens qui viennent parce qu’ils m’ont découverte en tant qu’artiste, et d’autres parce qu’ils me suivaient sur YouTube et ont aimé l’album. »
Si l’album n’était pas sorti pendant cette première tournée, qu’est-ce que vous chantiez sur scène ?
« Je chantais toutes les chansons que j’écrivais. Il y a certaines chansons que je n’ai chantées que trois fois sur scène et qu’après je n’ai pas finies. J’ai trouvé ça vraiment génial de pouvoir faire cette tournée, parce que c’était comme une espèce de release party (concert pour fêter la sortie d’un album, ndlr) mais en mode tournée. Je présentais le projet aux gens. Dans la majorité, le tronc de l’album est resté, mais il y a eu des évolutions dans les paroles. J’ai une chanson qui s’appelle ‘Tout va bien se passer’, et, à la base, elle s’appelait ‘Arc-en-ciel’. Donc il y a des gens qui venaient au début de la tournée et qui avaient retenu le refrain et quand ils revenaient quelques dates après, ce n’était plus le même et ils étaient en mode : ‘Bah, tu as changé…’. Et je disais : ‘Oui, mais il n’y a que vous qui le saurez. C’est notre petit truc à nous’. Et c’est aussi un luxe de pouvoir faire ça, parce qu’on voit les émotions des gens, sur quelles chansons ils ont le plus envie de pleurer, de rire ou de danser. C’était trop cool de pouvoir tester tout ça avant de sortir l’album. »
Est-ce que c’est vous qui écrivez vos chansons ?
« Je n’ai pas tout écrit toute seule, même si j’ai beaucoup écrit. Pour ce premier album, je sentais que j’avais besoin d’être entourée et j’ai choisi des personnes très talentueuses, que je connaissais, parce que j’avais besoin de me sentir à l’aise pour laisser des gens entrer dans ma tête et dans mon cœur. Donc je me suis entourée de Benoît Constans et Jérôme Achermann, qui sont des amis de longue date, et de Vincha aussi, qui est un auteur qui écrit hyper bien pour d’autres personnes, comme Helena ou Mentissa et que j’ai rencontré il y a trois ans. Et puis Louane et Ben Mazué, avec qui j’ai écrit aussi. J’adore écrire et je sens que, pendant la construction de l’album, j’ai vraiment pris en confiance. Donc, j’ai déjà hâte d’écrire à nouveau. Je ne m’arrête plus. (Rire) »
guillement
Je ne suis pas diagnostiquée hypersensible. Tout ce que je sais, c’est que je suis très sensible et que j’ai un besoin de pleurer, que je ressens les choses très fort et que je suis un peu une éponge émotionnelle
Dans l’album, vous abordez certains sujets très forts dans différentes chansons, comme la maternité, le deuil, l’amitié, l’amour, le rapport au corps… Comment avez-vous choisi ces différents sujets ?
« Quand j’ai su que j’allais pouvoir faire un album et que je me lançais, je n’ai pas eu envie de trouver tout de suite le nom sans avoir les titres et sans avoir trouvé la direction dans laquelle je voulais aller. Je voulais juste m’autoriser à me sentir libre et, pour une fois, ne pas faire les choses en fonction du regard des autres. J’avais envie que ce soit un projet pour moi et qui me fasse du bien. Et s’il fait du bien aux autres, évidemment, tant mieux. C’est aussi le but que ma musique soit écoutée et partagée mais je ne voulais pas faire tout en fonction de ça. Du coup, c’était challengeant pour moi, parce que je suis allée chercher au plus profond de moi-même ce dont je voulais parler. Le but, c’était de m’amuser et d’avoir un projet qui me ressemble. L’album est cohérent, mais quand tu regardes les chansons, tu passes un peu du coq à l’âne. Et aussi en termes de sonorité, mais c’était ce que je voulais, parce que j’écoute plein de musiques différentes et j’avais envie qu’il y ait plusieurs moods dans cet album. »
L’album s’appelle Fille Lacrymale, et c’est également le nom d’une chanson. Est-ce que vous êtes hypersensible ?
« Je ne suis pas diagnostiquée hypersensible. J’ai déjà vu une psy qui m’a dit qu’il y avait peut-être un petit aspect d’hypersensibilité, mais tout ce que je sais, c’est que je suis très sensible et que j’ai un besoin de pleurer, que je ressens les choses très fort et que je suis un peu une éponge émotionnelle. Mais ça ne me pourrit pas la vie. Ça me la pourrit pendant un moment, mais là, je refuse que ça soit encore le cas et c’est pour ça que j’ai commencé un peu à en rire, notamment avec le visuel de ‘Fille Lacrymale’. J’ai envie que ce soit presque ma force. Parce que finalement, quand on pleure, c’est peut-être les moments où on est le plus authentique, parce qu’on ne peut pas mentir. En tout cas moi, je ne sais pas pleurer sur commande. Du coup, je trouve que ce sont les moments où on est le plus soi-même. »
La cover de l’album. ©DR
Vous avez une chanson qui s’appelle « Dans la moyenne », est-ce que c’est comme ça que vous vous définissez ?
« Oui, c’est comme ça que je me sens. Là, je viens de sortir un album, donc mon quotidien n’est pas tant dans la moyenne que ça, mais mon ressenti et comment je me sens, ça a toujours été ça. J’en ai souvent eu marre des discours, sur les réseaux par exemple, d’être la meilleure partie de soi-même. D’un côté, je trouve ça hyper chouette pour les jeunes générations et même pour nous, mais parfois, je trouvais que ça avait un effet un peu contraire où ça venait me miner le moral. Je me disais : ‘Attends, mais aujourd’hui je m’en fous, je n’ai pas envie de me laver les cheveux et d’être fraîche, je n’ai pas envie de bien manger et de faire mon sport’. Du coup, j’avais envie d’écrire une chanson sur le fait que, parfois, tu te sens dans la moyenne et tu n’as pas envie de faire mieux ou pire, tu te sens bien comme ça. Évidemment, il y a des jours où je me sens nulle, et des jours où je me sens trop géniale, mais pour rien au monde je voudrais ne pas avoir d’entre-deux. »
guillement
Les Belges sont hyper accueillants.
Vous venez en Belgique avec la tournée, êtes-vous déjà venue lors de la première ?
« Oui. Je suis venue à Liège, au Reflektor. Et c’était vraiment trop chouette. Je me souviens qu’il faisait hyper chaud mais c’était excellent. Je trouve que les Belges sont un très bon public. On dit souvent que plus tu montes dans le Nord et plus tu vas en Belgique, plus les gens sont chauds. Et franchement, c’est vrai. Les Belges sont hyper accueillants. J’avais aussi fait le festival de Ronquières, c’était incroyable. »
Qu’est-ce que vous aimez le plus en tournée, dans le fait d’être sur scène ?
« Déjà, je m’amuse beaucoup. De base, je suis assez timide dans la vie de tous les jours, et quand je suis sur scène, je me découvre comme une autre personnalité. Pour le coup, c’est moi, mais en beaucoup plus assumée. Et je suis trop heureuse d’être là à chaque fois. Et ce que j’aime le plus, c’est d’être avec les gens. Tu sens direct quand il y a une bonne ambiance dans une salle, une bonne écoute, un public bienveillant entre eux. J’ai beaucoup de chance, parce que j’ai un public formidable. Et j’adore voir les émotions des gens. Quand je fais une blague et que je vois que ça rigole, ou quand il y a des chansons un peu plus tristes et que je vois qu’il y a des larmes… Ce sont des moments que je trouve trop forts et où on est dans le moment présent. »
Comptez-vous continuer dans la musique ?
« Pour l’instant, je viens de sortir mon premier album donc j’ai envie de le défendre au maximum sur scène et d’en parler pour qu’il puisse toucher d’autres gens. Mais je ne m’arrête pas d’écrire et j’ai envie que ça continue. »
guillement
J’ai beaucoup de chance, parce que j’ai un public formidable.
Comment décririez-vous votre album à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
« C’est une question que je trouve trop difficile. (Rire) Je pourrais dire que c’est un album qui parle des pensées d’une jeune femme de 27 ans, mais aussi qui s’est inspiré de mon quotidien, des discussions avec mes amis, avec ma famille… Et qui est aussi assez éclectique. Il y a des chansons inspirées d’ABBA, des chansons où j’essaye de raper, des duos et surtout beaucoup d’amour et d’humour dans cet album. »