Non, ce que l’on voit en image sur la photo n’en est justement pas une. Car on est là face à un canevas, aussi réaliste que possible. Et on imagine vite le temps incroyable qu’il aura fallu à l’artiste pour le réaliser. Dans ma démarche, je ne veux rien créer, je reprends texto, point par point, tous les pixels du document que je choisis », explique Cécile Thomas. Laquelle va vraiment au bout des choses, en copiant pixel par pixel ses images numériques. Un pixel égal un point de broderie. S’il le faut, je reprends un fil juste pour un point de couleur », précise l’ultra perfectionniste.
Il faut alors vraiment approcher l’œil, pour le voir et pour le croire. Ainsi, avec cette exposition justement nommée Chronos, la brodeuse donne-t-elle du temps au temps. Et elle expose aujourd’hui une production d’œuvres réalisées au cours des sept dernières années. Une performance véritablement impressionnante.
Éloge de la lenteur
Pour le fond, l’artiste explore notre temps et son spectacle médiatisé par le numérique. En puisant dans l’actualité, Cécile Thomas anime une chronique de notre époque. Là où tout défile et va vite, elle confronte son travail de lenteur. Aussi, à travers des images qui peuvent passer pour insignifiantes ou même sombres, l’artiste transforme un fait d’actualité en tissu chatoyant. Depuis son délire textile, Cécile Thomas a dépassé le million de petits points brodés. Dans un monde où l’image est instantanée et omniprésente, quel est le temps que nous accordons à nos propres activités ? questionne l’artiste. Elle, en tout cas, a trouvé sa réponse.
Jusqu’au samedi 31 mai, à l’Espace 18, 18, rue Scribe, à côté de Cosmopolis. Le mercredi, jeudi, et vendredi de 14 h à 19 h.