Malgré les efforts de la municipalité, les automobilistes toulousains perdent 51 heures par an dans les bouchons. L’humoriste Marie s’infiltre a interpellé – avec humour – le maire de la ville sur ce problème.
«Transformer la “ville rose” en “ville bouchon” relevait d’un tour de force que seule votre administration pouvait accomplir», voilà le sermon que l’humoriste Marie s’infiltre a adressé au maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Modernité oblige, la missive assassine se fait sous la forme d’une vidéo Instagram où la comédienne évoque un centre-ville digne «d’un escape game nouvelle génération», où tout est tourné autour de travaux «qui n’en finissent plus jamais».
Il faut dire que selon le rapport de l’entreprise d’analyse de données routières Inrix, publié le 7 janvier dernier, les automobilistes toulousains ont perdu 51 heures bloqués dans les embouteillages. Un axe en particulier pose problème : le périphérique de la ville. Selon les données de l’Agence Urbanisme et d’Aménagement Toulouse aire métropolitaine (AUAT), il est observé entre 2014 et 2023 une augmentation significative dans plusieurs secteurs clés. La progression la plus marquante concerne le secteur de Borderouge, passant de 116.000 à 138.000 véhicules par jour durant cette période. À Croix-Daurade, à Montaudran, sur le tronçon Empalot-Rangueil et dans le secteur de Sesquières le trafic a également augmenté de 10.000 véhicules/jour.
Des projections de trafic alarmistes
Mais le pire pourrait rester à venir, les projections pour 2030 indiquant une situation routière critique dans l’agglomération toulousaine. Des études multimodales portées par l’État, Toulouse Métropole, le Département, la Région, et Tisséo, depuis 2017, montrent que malgré le développement des transports collectifs (qui absorberont l’essentiel des nouveaux déplacements dans le centre) la périphérie verra une forte augmentation du trafic. Et le réseau routier sera particulièrement saturé dans l’ouest de la ville…
Bref, l’humoriste Marie s’infiltre a touché du doigt un point qui fâche, anticipé de longue date par les autorités : la croissance d’habitants dans la ville entraîne davantage de déplacements en voitures, avec un réseau de mobilité qui peine à les absorber.
Si les difficultés de circulation routières à Toulouse sont « un enfer», «la guerre», «une catastrophe» selon les termes employés par des habitants de la ville sur les réseaux sociaux, le maire Jean-Luc Moudenc a tenu à se défendre. «Je veux redire le sens de tous ses travaux a introduit le maire», dans sa vidéo publiée le 2 mai sur X. Selon lui, les travaux actuels dans la ville entraînent certes des embouteillages, «mais demain, quand la ligne C du métro sera faite (en 2028, NDLR), il y aura 90.000 voitures en moins dans la ville de Toulouse». Autrement dit, les gênes d’aujourd’hui sont les conforts de demain.
La collectivité toulousaine – que nous avons interrogée – dit «être consciente de ces enjeux». «Nous mettons en œuvre de nombreux projets pour améliorer la fluidité du trafic, renforcer les transports en commun», communique la Ville. Avec notamment le développement des bus express (11 lignes Lineo en service et une 12e prévue pour septembre prochain), et donc la construction de la future Ligne C de métro.
«À cela s’ajoute aussi une amélioration majeure de l’infrastructure routière : le périphérique toulousain est désormais entièrement configuré en 2×3 voies, à la suite de travaux d’ampleur achevés en 2021», note la municipalité, qui ne se dit donc pas responsable de tous les maux sur la route. «Les embouteillages sont souvent causés par des accidents réduisant temporairement le nombre de voies disponibles, particulièrement aux heures de pointe. Chaque conducteur doit adopter un comportement responsable, en évitant l’usage du téléphone au volant ou la conduite sous l’emprise de l’alcool». À cet égard, la Mairie de Toulouse mène actuellement une campagne de prévention ciblant notamment l’utilisation du téléphone portable en conduisant…