C’est quoi le secret de Gilles Roche et de ses Ambianceurs? Qu’est-ce qui fait que l’animateur vedette du Carnaval de Nice et sa troupe exubérante et bariolée sont toujours par monts et par vaux? On les réclame partout. En février sur la place Masséna à secouer les tribunes. En mars au Carnaval de Saint-Raphaël. Début avril à La Fête des jonquilles de Gérardmer (Vosges). Du 23 avril au 7 mai à Nagoya, au Japon, pour faire frétiller les Nippons en marge de l’exposition universelle d’Osaka. Les trois derniers week-ends de mai au festin de Cimiez. Le 4 juin sur une parade fleurie au Luxembourg. « On couvre 150 manifestations par an. On ne s’arrête jamais », souffle l’infatigable meneur. Alors? Le secret du toujours souriant Gilles et de ses comédiens? « On a voulu professionnaliser un vrai savoir-fête à Nice, mais en recherchant la cohérence entre l’animateur et la troupe. Au final, on est des chauffeurs de salles. »

Lui, l’artiste, elle, la rigueur

Dit de cette manière, ça coule de source. De l’eau de… Roche. Mais derrière, le travail, les répétitions, la méthode, la volonté d’y arriver composent sans doute le centre nerveux de cette réussite. Qui fait du ramdam, comme Gilles aime tant le provoquer dans les gradins carnavalesques: « Faites du bruit! » En dehors de la scène de rue, Gilles se livre. Calme. Lucide: « Moi, c’est l’artistique, le créatif. Au lycée déjà, j’animais, j’allais chercher des cadeaux, des partenaires, des synergies. Mais ma compagne, Christelle, joue un rôle essentiel. Elle était DRH dans une agence d’intérim. Elle sait chercher, mettre l’offre face à la demande, gérer tout le social, tout l’administratif. Elle est ma rigueur. »

Embarquer le public


Lors de la dernière édition carnavalesque, Roi de l’océan version marée joyeuse et pleine de couleurs y compris dans le cœur. DR.

Il y a le backstage. Il y a le terrain. Sur lequel évolue la troupe: « On fait des formules à dix personnes, mais on a un potentiel de soixante-dix comme au carnaval de Nice. »

Qui sont ces trublions ludiques? « Des professionnels jonglant avec d’autres prestations. Des performeurs capables de cracher du feu, de multiplier les acrobaties, des comédiens, des danseurs. On n’a pas de local dédié, nous répétons dans des compagnies de danses amies qui nous accueillent. Deux chorégraphes, Brandon et Delphine, imaginent les figures et les pas et entraînent le groupe. Nous évoluons sur des musiques enregistrées, hyper connues. »

Les raisons du succès? « On est passionnés, on veut le meilleur, quelque chose de divertissant, on a toujours le sourire, l’énergie, on délire avec le public qu’on veut embarquer à chacune de nos scénographies, on a investi dans des lasers, nos costumes sont tous illuminés… On se déplace en vans, on fournit tout: musique, sono. » Un ballet parfaitement huilé. Chacun sa place: « Quand je suis en show, Christelle gère la troupe, donne le top. »

Socca et saké

Une mayonnaise festive niçoise aux mille éclats qui s’est donc exportée au pays du Soleil Levant. Socca et saké. Par quelle entremise? « On nous a repérés sur les réseaux sociaux. Il fallait une équipe pour représenter la France, mettre le feu. Nous sommes partis à dix pour l’exposition universelle d’Osaka mais nous sommes restés à Nagoya pour assurer trois shows par jour, chacun de 15 minutes, avec du bleu-blanc-rouge, du french cancan, des chansons de Mireille Mathieu, Charles Aznavour… Pour nous, c’est une première. »

Il s’éclate en XXL

« Vous n’avez pas besoin d’un animateur? » Pas froid aux yeux Gilles, lorsqu’il pousse la porte du comité des fêtes, 5, promenade des Anglais, en 1990. Sa spontanéité paie: on lui propose d’animer des événements annexes au carnaval. « J’ai commencé comme ça. » Un bonheur pour Gilles, pétri d’amour à l’égard du carnaval depuis toujours. « Je prenais le bus à Saint-Barthélemy pour aller au hangar Richelmi, où je donnais un coup de main au grand-père Povigna. Je faisais mon propre carnaval à la maison avec des journaux. J’avais une frustration de la fête car mes parents n’étaient pas très chauds pour m’y accompagner. »

Avant d’animer officiellement le méga barnum niçois, Gilles Roche, a touché à tout ce qui se rapporte de près ou de loin à un micro. Dans les années 80, le voilà au standard de Radio de la Côte. Il s’intéresse à la technique. « J’aimais le contact avec les auditeurs. » Au lycée du Parc Impérial, dont il est l’élève, presque la mascotte, le proviseur lui propose d’animer le cross, la radio, la kermesse du bahut. Jeux Olympiques d’été de Los Angeles en 1984. Déclic: « Je tombe sur la cérémonie d’ouverture. Je trouve ça génial. Cela rejoignait ma passion du carnaval, qui était le grand événement du coin. J’ai pris conscience qu’on pouvait s’éclater en XXL. » Alors qu’il prépare un BTS en communication, une interview de Jean Oltra, directeur de Nice Communication et du Comité des fêtes, finit de le convaincre de poursuivre dans cette voie.

Dans les manèges

Il poursuit la radio, prend en charge l’animation du parc d’attractions Zygofolies, à Saint-Isidore, puis les événements exceptionnels d’Euro Disney comme le lancement de manèges, de la saison du Roi Lion… Il a même été régisseur de Monique Blanc et Jean-Robert Morgan, amuseurs publics niçois et animateurs officiels du carnaval sous l’ère Médecin. Les années passent. D’ondes radiophoniques en fêtes dans toute la France, Gilles se retrouve DJ du carnaval de Nice en 2014, commence l’animation en 2016, chauffe l’assistance. « En 2020, la Ville, qui a repris la gestion du carnaval, lance un appel d’offres pour monter une troupe clé en main. J’en ai créé une petite, Les Falabracs, relayés depuis par Les Ambianceurs. » Et ils font du bruit.