Le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, souhaite-t-il remettre en cause le plafond budgétaire de la Formule 1 ? C’est en tout cas que ce que certains propos tenus à l’occasion du Grand Prix de Miami, le week-end dernier, laissent entendre.
Pour rappel, le plafond budgétaire a été mis en place en F1 à compter de la saison 2021, quand est entré en vigueur le tout premier règlement financier de la discipline. Le principe de ce concept est de limiter les dépenses des écuries, dans un certain nombre de domaines clés liés à la compétition sportive, en fixant un montant total qui ne doit pas être dépassé lors d’une année complète. La somme de base de ce plafond est de 135 millions de dollars (ou 123 millions d’euros) pour un calendrier de 21 épreuves, mais elle est rehaussée de 1,8 million de dollars par Grand Prix qui dépasse cette limite. Cela signifie qu’avec 24 GP au calendrier 2025, le plafond pour la campagne actuelle est de 140,4 millions de dollars.
Le plafond budgétaire n’inclut cependant pas un certain nombre de postes de dépenses importants, comme par exemple les salaires des pilotes ou encore les salaires des trois personnes les mieux payées au sein de la structure de gestion de l’écurie. Il est toutefois vu depuis son introduction comme l’une des raisons de l’amélioration globale de la santé financière des écuries. D’une situation où peu d’entre elles parvenaient à l’équilibre il y a quelques années, la plupart génèrent aujourd’hui des bénéfices, même s’il faut bien entendu également lier cela au regain de popularité de la F1 dans son ensemble sur la même période.
Cependant, le plafond budgétaire n’est pas sans poser des problèmes et provoquer quelques polémiques. Ce fut notamment le cas au terme de la première année de son application quand, après une lutte acharnée entre Mercedes et Red Bull pour le titre mondial 2021, il avait été découvert une dizaine de mois plus tard que l’écurie autrichienne avait dépensé plus que prévu. Des sanctions avaient été prononcées à l’époque, mais d’aucuns jugeaient que le temps qu’il avait fallu pour que la FIA détecte l’infraction avait offert à Red Bull un avantage compétitif difficile à rattraper et mis en lumière la complexité de la tâche de vérification et de contrôle.
Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA.
Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images
D’autres sujets sont apparus, comme le sentiment chez certains acteurs que le plafond budgétaire avait tendance à figer les situations sportives des écuries, le risque de voir une stagnation voire une baisse des conditions salariales pour les employés pris en compte dans le plafond ou encore l’ampleur du contrôle pour une instance aux ressources limitées comme la FIA, qui doit « lutter » contre des écuries se structurant de plus en plus autour des questions financières et légales.
Récemment, suite aux doutes émis par certains concurrents sur la façon dont McLaren parvient à gérer ses pneus en course, Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, a émis l’idée que – pour éviter des réclamations jugées farfelues – un acompte pourrait être versé par la partie requérante. Si la requête est fondée, la somme serait alors rendue à l’écurie mais si elle ne l’était pas, la somme ne serait non seulement pas rendue mais compterait également dans le plafond budgétaire.
C’est dans ce contexte, du côté de Miami, que Mohammed Ben Sulayem a été interrogé sur le sujet. Affichant son soutien à cette mesure, il affirmait « étudier » dans le même temps l’idée que cette somme entre dans le cadre du budget capé. « Vous ne pouvez simplement pas accuser quelqu’un sans une plainte écrite, et pour cette réclamation, il faut que vous payiez », a lancé l’Émirati, en laissant même entendre que l’acompte pourrait être de 50 000 dollars.
Puis, continuant sur le dossier, il a alors émis des réserves sur le système du plafond budgétaire dans son ensemble. « Je regarde le plafond budgétaire et je constate qu’il ne fait que compliquer la tâche de la FIA. Alors, quel est l’intérêt ? », a-t-il lancé une heure avant la course du GP de Miami, dans des propos rapportés par Associated Press. « Je ne vois pas l’intérêt. Je ne vois vraiment pas. »
Ce n’est pas la première déclaration choc du président de la FIA ces derniers mois puisqu’il avait notamment été le premier à publiquement relancer le sujet du retour des moteurs V10 en F1 en février dernier.
Dans cet article
Fabien Gaillard
Formule 1
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