Trois mois de sursis s’achèvent pour les salariés normands de Lubrizol France. Lors d’un comité social et économique (CSE) réuni le 5 mai, la direction de la branche française du chimiste américain a fait savoir qu’elle « mettait fin à la procédure de consultation en cours, relative à la réorganisation de leurs activités ». Le fabricant de lubrifiants industriels et d’additifs pour les huiles de moteur prévoyait initialement de supprimer 169 postes – sur les environ 700 personnes employées en France – à travers un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) présenté en février. Ce nombre avait été réduit à 106 début avril, après un important mouvement de grève au sein de la société et des négociations avec les syndicats.
Ne pas rompre l’approvisionnement des clients
« Afin de concentrer les efforts collectifs de l’entreprise sur la gestion de cet environnement externe en pleine évolution et pour sécuriser l’approvisionnement de nos clients, nous avons décidé de mettre un terme à la consultation relative au projet de réorganisation de Rouen et du Havre », a déclaré Fabrice Jerineck, directeur des opérations pour les activités Lubrizol additifs pour la région EMEAI (Europe, Moyen-Orient, Afrique et Inde). « Environnement macroéconomique incertain », « pressions accrues sur les coûts et sur les disponibilités des matières premières »… le contexte international force le groupe américain à revoir sa copie, voulant absolument éviter de rompre les chaînes d’approvisionnement de ses clients. Pour rappel, Lubrizol France produit sur trois sites dans l’Hexagone – à Rouen, Oudalle (Seine-Maritime) et Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) – des additifs pour l’essence, le diesel ainsi que des lubrifiants pour moteurs et industriels.
Par ailleurs, les raisons initiales qui avaient motivé la restructuration ne peuvent pas être oubliées. « La problématique de baisse des volumes de production et de surcapacité sur les deux sites reste une réalité, mais nous espérons qu’en travaillant à retrouver un environnement de travail productif, nous serons en mesure de faire face à ces enjeux externes », complète Nicolas Adam, directeur général de Lubrizol France et directeur du site du Havre. Le plan de sauvegarde de l’emploi évoqué en février l’avait été dans un souci de maintien de la compétitivité. Lubrizol souffrait alors de la morosité du marché automobile en Europe, notamment thermique, qui s’était répercutée sur le marché européen des additifs. La société évoquait alors une diminution « de plus de 30 % de ses volumes annuels de vente en Europe » en dix ans. Elle faisait état, à l’époque, de lignes de production remplies à seulement 65 %.
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