Le film « Sacré Graal » – « Holy Grail » en anglais – des Monty Python sortait il y a 50 ans. Leur humour absurde teinté de critique sociétale fait encore mouche aujourd’hui. De nombreuses œuvres s’en sont inspiré.

Un demi-siècle après « Sacré Graal », l’humour des Monty Python reste dans les mémoires avant tout pour son ton, estime dans l’émission Tout un monde François Jost, sémiologue et professeur émérite à Sorbonne Nouvelle.

« Ce qu’il reste de ce film, c’est évidemment plutôt son ton, qui n’a pas plu à tout le monde. Il ne faut pas oublier que ce film a succédé à des sketchs qu’ils faisaient à la BBC, dont certains cadres étaient très choqués par la façon de voir l’histoire des Monty Python », explique l’auteur de plusieurs livres sur le cinéma, la télé et les médias.

Les films cultes sont ceux qui arrivent à jouer avec l’intellectuel et en faire quelque chose de qui est drôle pour tout le monde

Juliette Vuille, maître d’enseignement et de recherche en langue et littérature anglaise médiévale

La particularité des Monty Python ne se résume pas uniquement aux anachronismes, mais aussi à la logique de l’absurde. « Ils ont d’abord un humour totalement pince-sans-rire, ce qui est très britannique », observe François Jost.

« D’autre part, leur humour est fondé sur une logique d’apparence implacable, mais absurde. On pense au syllogisme du bois qui flotte. Or les sorcières flottent aussi, donc elles sont en bois. Ces déductions sont évidemment totalement fausses, mais totalement logiques du point de vue de l’enchaînement syllogistique. »

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Humour intellectuel

L’attrait du film 50 ans plus tient aussi de son humour intellectuel, estime Juliette Vuille, maître d’enseignement et de recherche en langue et littérature anglaise médiévale à l’Université de Lausanne. « La plupart des membres des Monty Python ont étudié à Cambridge ou à Oxford. Terry Jones s’est notamment beaucoup intéressé à la littérature médiévale anglaise. »

 Les procédés que les Monty Python utilisent ont étés repris beaucoup de fois. Personnellement, ça ne me fait plus rire comme avant

François Jost, sémiologue

« Je pense que c’est parce que c’est un humour intellectuel et académique que c’en est devenu particulièrement populaire. Les films stupides ne deviennent pas des films cultes. Les films cultes sont ceux qui arrivent à jouer avec l’intellectuel et en faire quelque chose de qui est drôle pour tout le monde », pose la chercheuse.

L’humour des Monty Python a toutefois pris un coup de vieux, estime François Jost. « Les procédés qu’ils utilisent ont été repris beaucoup de fois. Personnellement, cela ne me fait plus rire comme cela me faisait rire à l’époque de la sortie du film. »

Critique sociétale

Pour Juliette Vuille en revanche, cet humour fait toujours mouche. Elle évoque plusieurs raisons. D’abord l’absurdité, qui ne se démode pas. Et au-delà du côté loufoque, les Monty Python parlent à la fois d’un passé lointain – permettant de faire certaines critiques – et à la fois de thématiques qui restent très actuelles.

« Ils reprennent des thèmes de justice sociale, les raisons stupides qui poussent à déclarer la guerre et l’horreur de celle-ci. Toutes ces choses sont vraiment d’actualité. On a vraiment une critique sociétale, une critique politique qui est acceptable, parce que c’est représenté dans une histoire surréaliste, dans un passé très lointain. »

L’esprit des Monty Python perdure aussi à travers les émules qu’il a faits, jusque dans les films ou les séries francophones. On peut citer Alain Chabat et Les Nuls, « Astérix et Obélix: mission Cléopâtre » ou évidemment « Kaamelott » d’Alexandre Astier.

Sujet radio: Marie Giovanola

Version web: Antoine Schaub