Par
Fabien Binacchi
Publié le
6 mai 2025 à 17h15
Et si l’archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline, était l’élu ? Si le conclave, qui s’ouvre dès ce mercredi 7 mai au Vatican, décider de le propulser à la tête de l’Église catholique ? Dans la cité phocéenne, les fidèles continuent de « croire » aux chances de ce « digne successeur » du pape François, dont ils chantent les louanges.
Même s’ils ont bien conscience que la concurrence est rude et qu’il souffre de quelques handicaps pour accéder à la fonction suprême de l’Église catholique.
« Un homme du peuple »
Ce mardi 6 mai 2025, la messe de midi est sur le point de commencer à Saint-Ferréol les Augustins. Une vingtaine de personnes a déjà pris place sur les bancs de cette église qui donne directement sur le Vieux-Port de Marseille.
Suzanne en sort. Cette fidèle est juste passée en coup de vent. actu Marseille l’arrête pour lui parler de « Monseigneur Aveline et des chances de devenir le futur pape ». Son visage s’éclaire : « Il est merveilleux, compatissant. C’est un homme tout simple, un homme du peuple. Il a tout fait les idées du pape François », glisse-t-elle, un gros bouquet de fleurs artificielles, tout juste acheté, à la main.
Sous un rayon de soleil, cette habitante du quartier Saint-Victor poursuit :
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« J’ose y croire, en tout cas. Je sais que Dieu choisira son bon pasteur. C’est n’est pas à nous de décider. Mais, dans mon petit for intérieur, j’espère bien que ce soit lui. Pas parce qu’il est de Marseille, pas du tout, mais parce que c’est un cardinal magnifique. »
Le premier pape français depuis le XIVe siècle ?
Elle l’assure : « beaucoup d’entre nous espérons que ce soit lui ». Décrit comme « érudit et chaleureux » par les témoins rencontrés, Jean-Marc Aveline, 66 ans, remporte tous les suffrages dans la cité phocéenne et même au-delà. Il y a quelques semaines, il a été élu, dès le premier tour, à la tête de la Conférence des évêques de France.
Une nouvelle fonction qu’il doit prendre au mois de juillet, sauf s’il était amené à de plus hautes responsabilités. L’ultime fonction de l’Église catholique.
L’archevêque de Marseille et les 132 autres cardinaux, arrivés lundi à Rome, en décideront dès ce 7 mai. Ils s’enfermeront dans la chapelle Sixtine jusqu’à ce qu’un nuage de fumée blanche, symbole d’une élection, s’envole au-dessus de la basilique Saint-Pierre.
Et si c’était lui qui était choisi, ce serait dans tous les cas un événement : Grégoire XI est le dernier pape français et son pontificat date de… 1370.
« Une grande fierté pour Marseille »
« Ce serait surtout une grande fierté pour Marseille », appuie Charlotte, 20 ans, étudiante, qui passe une simple tête dans l’église Saint-Ferréol ce mardi midi. « Croyante, mais pas pratiquante », la jeune femme, qui arbore une croix autour de son cou, « ne savait même pas » que le cardinal local faisait partie des « papabili », ceux que les observateurs verraient bien comme potentiels successeurs du souverain pontife disparu à l’âge de 88 ans.
L’archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline et le pape François, en septembre 2023 dans la cité phocéenne. (©Diocèse de Marseille)
Mais elle est totalement « pour ». « La représentation du pape à l’heure actuelle est quand même assez décisive, on voit que François a quand même donné ses positions sur des trucs qui me tiennent à cœur, tout ce qui est inclusion sociale, sur la guerre aussi. Et si c’est un Marseillais qui prend la suite, il y aura des bons côtés », avance-t-elle.
Un pontificat conservateur ou libéral ?
C’est un peu tout le débat, en tout cas pour la presse italienne, qui voit actuellement un duel entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron. Selon les titres transalpins, les deux chefs d’État chercheraient à influencer le choix du futur pape, que l’une espérerait davantage conservateur et que l’autre verrait plutôt libéral.
Jean-Marc Aveline, que le président de la République a rencontré à Rome avec trois autres cardinaux français, est justement de ceux « qui prônent l’ouverture et on en a bien besoin », abonde Catherine*, fidèle parmi les fidèles de la paroisse marseillaise.
« Il est trop jeune et ne parle pas italien »
Sur le parvis de l’église du Vieux-Port, à la sortie de la Canebière, elle aussi chante les louanges de l’archevêque : « Il est vraiment dans la lignée de François. C’est un peu son digne successeur. Ils étaient d’ailleurs très complices. J’espère qu’il sera le futur pape ». « Mais », parce qu’il y a un « mais », « ces chances sont faibles », tranche la retraitée.
« Il est trop jeune, dit-elle. Il aurait eu cinq ans de plus, je ne dis pas, mais là, je ne pense pas que ça passera. En plus, il ne parle pas italien ».
Quel sera le choix des cardinaux ? Réponse ce mercredi, voire dans quelques jours. Les derniers conclaves n’avaient pas duré plus de 48 heures.
*Le prénom a été modifié
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