Du 7 mai au 7 septembre 2025, le Petit Palais se fait le porte-étendard de l’histoire de la haute couture avec l’exposition “Worth, inventer la haute couture”. Pour la première fois, le couturier anglais et sa maison sont mis à l’honneur dans la capitale française, et le musée a vu les choses en grand. Avec plus de 400 pièces prêtées par le Palais Galliera, le Victoria & Albert Museum ou encore le Metropolitan Museum of Art, l’exposition retrace le parcours de la maison, de sa fondation en 1858 aux années folles, de Charles Frederick à ses descendants.
L’exposition se tient du 7 mai au 7 septembre 2025 – Samuel Gut
Une mode sur-mesure pour l’aristocratie internationale
Il est à l’origine de la haute couture, des malles Louis Vuitton, a inventé les showrooms, les systèmes de griffe et de dépôt de modèles, a déplacé la mode parisienne autour de la place Vendôme, et a habillé les femmes les plus riches du monde entier… Charles Frederick Worth porte bien son nom et laisse une empreinte à la longévité remarquable dans l’histoire de la mode. Son aventure débute au sein des ateliers parisiens Gagelin, où ses talents sont remarqués par la princesse de Metternich puis par l’impératrice Eugénie. Après avoir quitté Gagelin, Worth marque ses débuts aux côtés du suédois Otto Bobergh, dont on sait peu, puis s’en affranchit. Le couturier anglais échappe alors au système en place au cours du XIXème siècle en imposant sa créativité aux attentes de la clientèle. Désormais, c’est lui qui pense ses robes avant de les faire confectionner par ses couturières dévouées.
Conquise par ses modèles, l’impératrice Eugénie en fait le couturier de la cour. En adepte de la crinoline, Worth se distingue par des robes lourdes dont le style est qualifié de “tapissier”. Les pièces exposées au Petit Palais justifient cette appellation : les manches sont serrées, près du corps et les traînes sont lourdes. Le créateur affectionne particulièrement la soie, le satin de soie, le velours de soie et le drap de laine, qu’il recouvre parfois de broderies. Cette opulence et ce style chargé vont faire la renommée de Charles Frederick, qui vend ses créations à prix d’or. Rapidement, les robes Worth sont en vogue, et des clientes du monde entier commandent au 7 rue de la Paix. Certaines pièces exposées sont ainsi les anciennes propriétés de riches américaines.
Charles Frederick Worth est largement soutenu par l’impératrice Eugénie – Samuel Gut
Une nouvelle ère de prospérité
Le travail de Charles Frederick Worth est marqué durablement par son amour du travestissement et de l’historicisme. Les robes Worth sont ainsi inspirées de diverses époques et lieux. Le couturier reprend par exemple un habit masculin datant du XVIIIème siècle en le transformant en pièce féminine. Si Worth compte parmi les clientes les plus influentes de son temps, comme Lady Curzon (vice-reine de l’Inde) et Franca Florio (richissime sicilienne), sa maison s’adresse également aux hommes avec un atelier de tailleur. Son travail l’inclut dans le cercle de nombre de personnalités, dont les correspondances avec le créateur sont exposées au sein du Petit Palais.
Personnage décidément historique, Charles Frederick Worth meurt en 1895. Loin de disparaître, la maison de couture qu’il laisse derrière lui connaît une nouvelle ère de prospérité. C’est ce qu’ont voulu montrer les commissaires d’exposition en partageant les pièces créées par les fils de Worth, Jean-Philippe et Gaston, et ses petit-fils, Jacques et Jean-Charles. Ces derniers s’entourent de cercles mondains influents, et comptent sur leur amitié avec des personnalités publiques pour faire leur publicité. La maison Worth s’ouvre aussi aux collaborations avec des créateurs comme Pierre Cartier et des artistes tels que Jean Dunand. En 1924, la maison se lance dans la parfumerie sous l’impulsion de Jacques Worth. Le Petit Palais expose les flacons de parfums créés par la maison, et propose même une reconstitution de parfum d’époque, aux fragrances épaisses et corsées.
La griffe « Worth » est devenue célèbre dans le monde entier – Samuel Gut
“Worth, inventer la haute couture” fait l’impasse sur la fin de la maison, dont la concurrence a raison dans les années 50. Entre tableaux, lettres et pièces textiles, l’exposition est taillée pour attirer un “public mode averti”, affirme la directrice du Petit Palais, Annick Lemoine. Interrogés sur la multiplication des expositions portant sur la mode, les responsables de l’exposition, qui est le résultat de quatre ans de travail, estiment que la mode devient un “objet de recherche”.
« Worth, inventer la haute couture »
Petit Palais, musée des Beaux Arts. Avenue Winston-Churchill 75008 Paris
du 7 mai au 7 septembre 2025
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