Bruno Retailleau assume tout. Sur la scène du parc Chanot ce samedi après-midi, le ministre de l’Intérieur en campagne pour la présidence du parti Les Républicains se réjouit de chaque polémique qu’il a pu lancer et qu’il décline comme un programme politique. Sous les acclamations des 500 militants présents, auprès d’une fédération des Bouches-du-Rhône acquise à sa cause dans la course qui l’oppose, jusqu’au vote du 17 mai, au président de Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.
« Ce sont nos idées qui sont discutées, qui font polémique, harangue-t-il. On parle de nous alors que nous étions en voie d’effacement, de remplacement si j’osais. » Alors il répète que « l’immigration quand elle n’est pas maîtrisée n’est pas une chance ». « Les désordres migratoires, ce sont les plus modestes qui les subissent », insiste le locataire de la place Beauvau. Il poursuit sa croisade contre l’Algérie, qui lui a valu d’être démis du dossier par le président Macron lui-même. « Aucun pays ne peut bénéficier d’un droit de tirage mémoriel qui l’autoriserait à insulter mon pays », lâche le Vendéen, continuant d’agiter la crise diplomatique pour son bénéfice. Il réitère : « Le voile ne sera jamais pour moi la marque de la liberté, mais plutôt de la soumission. » Le réduisant à « un étendard d’un islamisme qui veut faire de l’entrisme ». Et puis il reprend son offensive contre l’État de droit, « qui ne devrait pas servir de prétexte pour ne pas changer la règle quand la règle ne protège pas les Français ». Sur son bureau, explique-t-il, Bruno Retailleau a déposé le portrait de la jeune Philippine, tuée en septembre 2024. « Tous les jours, je croise son regard, comme s’il me rappelait en permanence à mes devoirs », ose-t-il. Jusqu’à la démagogie. Peu importe : « Ces polémiques m’ont permis de parler directement aux Français. Et tant pis si j’ai choqué la bien-pensance : le politiquement correct, je m’en fiche. » Chaque coin enfoncé recueille l’assentiment dans les sondages et face à ces plébiscites, il assure mener « une politique de la majorité nationale ».
Saper le modèle social
Dans ce discours d’une heure, pas un mot pour l’environnement ni pour la réindustrialisation, à peine pour l’emploi. Il parle de services publics, de pouvoir d’achat, de ces Français qui, pour un quart d’entre eux, sont déjà dans le rouge le 16 du mois. Mais c’est pour mieux dénoncer « le poids de l’État et un modèle social qui privilégie l’assistanat ». Et s’attaquer à « la déresponsabilisation d’un système social où il y a tellement de gratuité ».
« Il faut pouvoir parler de pouvoir d’achat », reconnaît-il. Mais avant tout, « la droite doit porter un discours sur les grandes questions existentielles : ne pas vouloir se retrouver étranger chez soi, prolonger notre héritage ». Il demande donc une révision de la Constitution pour convoquer un référendum sur la politique migratoire, vieille lune du Rassemblement national. Dans la salle, il est applaudi, acclamé. Il revendique avoir redonné de l’espoir à droite en acceptant d’entrer au gouvernement. « Je suis convaincu que demain, nous pouvons imposer nos idées, d’abord aux municipales, et peut-être à d’autres élections. » Son ambition pour la présidentielle est transparente. Il n’y est encore crédité que de 10% dans les sondages. À la remorque, là aussi, du RN.