« C’est un essai, un test un peu forcé »

Avec le changement de dates des Quatre Jours de Dunkerque (qui portent assez mal leur nom), déplacés du 14 au 18 mai 2025 (en raison des 80 ans de l’Opération Dynamo et la libération de la ville lors de la Seconde Guerre mondiale), sur les jours habituels du Tour du Finistère et des Boucles de l’Aulne (le parcours), les classiques de la région vont cette fois se succéder au calendrier sur ce week-end à rallonges du 8 mai.

« C’est un essai, un test un peu forcé, si l’on peut dire », confie Arnaud Platel, le directeur de la Ligue nationale de cyclisme (LNC). «Tout le monde a pris conscience qu’il fallait aider les Quatre Jours. D’un autre côté, cela correspond aussi à la volonté de Xavier Jan (son président) de regrouper les épreuves d’une même zone géographique. On va voir ce que cela va donner », ajoute-t-il, sans savoir si la formule « Tro Breizh » sera reconduite en 2026. « Pour l’avenir, on ne s’interdit rien. »

2 Qu’en pensent les organisateurs ?

Tout le monde est content… ou presque. Vieux rêve pour certains, hypothèse un peu farfelue et fantasme irréalisable pour d’autres, cette « Semaine Sainte », pour reprendre l’appellation des jours précédents le Tour des Flandres en Belgique, est globalement bien accueillie par les organisateurs. Et pour cause : leurs épreuves respectives n’ont jamais présenté pareilles affiches.

Paradoxalement, c’est Marc Fayet, organisateur d’un Tour du Finistère qui avance du samedi au vendredi et aurait donc pu s’estimer lésé dans l’affaire, qui semble le plus emballé par ce rapprochement. « C’est une belle opportunité, c’est assez excitant de bouleverser nos habitudes », confirme-t-il, loin d’être hostile à ce jour de semaine. « Dans l’idée, j’aimerais déjà que l’on reparte sur le même schéma l’an prochain. On a tout à gagner ».

« On espère que ce changement restera une exception… »

À moins de 30 kilomètres de Quimper, le discours est sensiblement différent. Du côté de Châteaulin, cadre des Boucles de l’Aulne, la transition du dimanche au jeudi férié est loin de faire l’unanimité. « On fait avec, on nous a imposé cela… », confirme Yannick Botrel, l’une des chevilles ouvrières de l’épreuve. « On n’avait pas vraiment le choix, on a accepté cette date dans la mesure où si l’on avait refusé, on nous aurait placé fin mars ou début avril. Le dimanche, ça nous allait très bien, j’espère qu’on le retrouvera en 2026 », confirme celui qui, avec ses bénévoles, a parfois dû résoudre la quadrature du cercle pour parvenir ses fins. « Le 8 mai, c’est à la fois jour de Commémoration (de la victoire de 1945) et de marché ici et comme les grandes surfaces, avec qui on a négocié pour qu’elles ferment un peu plus tôt, sont ouvertes, on ne dispose pas de notre parking équipes habituel. Encore une fois, on espère que ce changement restera une exception. »

À Plumelec (Grand Prix du Morbihan) et à Lannilis (Tro Bro Leon), qui préserve son jour de course, ce nouveau calendrier n’a pas vraiment d’impact. Sauf un, peut-être. « Contrairement à ces dernières années, je n’aurai pas le temps d’aller voir les courses des voisins, je serai trop occupé », confie Jean-Paul Mellouët, le Druide des Abers.

3 Pourquoi les organisateurs bretons se posent des questions ?

Attendre et voir. À Quimper, d’où s’élancera et où arrivera le Tour du Finistère, et à Châteaulin, haut lieu du vélo breton, les organisateurs finistériens nourrissent quelques interrogations, quelques appréhensions légitimes avant cette petite révolution au sein d’un milieu du vélo qui n’aime généralement pas trop cela. Marc Fayet, à dessein, évoque un « risque que l’on se devait de prendre ».

« Oui, il reste des inconnues… »

Il poursuit : « Oui, il reste des inconnues. On ne sait pas comment vont réagir les spectateurs qui peuvent être tentés de partir en week-end. On sait aussi qu’un jour de semaine, il faudra notamment prendre en considération la circulation des cars scolaires, il faudra faire différemment. Je suis optimiste mais il n’y a que le jour de la course que l’on se rendra compte si c’est viable ou pas », ajoute le président du Tour du Finistère, convaincu qu’avec le plateau présenté (Mohoric au départ !), le pari est déjà en passe d’être remporté.

« On a fait face aux contraintes. Comme par le passé, on a démontré que l’on savait s’adapter aux changements », explique Alain Le Gouill, son homologue châteaulinois, en faisant référence à l’après Critérium du Circuit de l’Aulne. Il sait aussi que l’affiche trois étoiles des Boucles est une garantie en or. Du côté du Grand Prix de Plumelec et du Tro Bro Leon, où le changement n’est pas à l’ordre du jour, ça roule.