Sens du devoir, sacrifice, bravoure. De grands mots. Si grands qu’ils paraissent parfois hors de portée, confinés aux romans ou aux films. Et pourtant, les héros sont bien réels, faits de chair et de sang, de doutes et d’humilité. Preuve en est avec ces quatre policiers municipaux de Cagnes-sur-Mer décorés de la « médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement ».

Mardi 6 mai 2025, au nom du préfet des Alpes-Maritimes, le maire Louis Nègre a salué  » leur sang-froid, leur réactivité et leur engagement » lors d’un violent incendie. Survenu le 8 février 2025, dans un appartement situé au 99, chemin du Val-Fleuri, le sinistre aurait pu connaître une tragique issue sans l’intervention des agents.

Au péril de leurs vies, guidés par Anis Tabakh, un valeureux voisin, ils ont sauvé in extremis un jeune homme resté bloqué dans son appartement en proie aux flammes. Aveuglé par les fumées suffocantes, le garçon de 18 ans manquait de s’asphyxier quand l’équipage l’a extrait de l’enfer.

« Évaluer le risque avant d’intervenir »

« Nous n’avons fait qu’appliquer la procédure pour laquelle nous nous sommes entraînés. Primo arrivants, nous avons évacué une trentaine de personnes ce jour-là « , commente sobrement le brigadier-chef principal Vincent (1). « Quand nous sommes arrivés, la fumée avait déjà gagné tout l’étage de l’appartement en feu. On n’y voyait rien. L’air était irrespirable », poursuit le brigadier Rodrigue.

Face à un tel danger, ne risquaient-ils pas d’y laisser leur peau sans parvenir à sauver qui que ce soit? Les deux anciens militaires sourient poliment. Déployés au Sahel et en Afghanistan, ils connaissent la différence entre courage et témérité. « Nous évaluons constamment le risque avant d’intervenir », pondère Vincent, sous le regard approbateur des gardiens-brigadiers Cameron et Sébastien. Ce dernier, ex-gendarme, complète: « Si nous n’avions pas mémorisé le plan du couloir, s’il avait été plus long et gagné par les flammes, nous n’aurions rien pu faire. Seuls les pompiers, équipés de masques, de combinaisons adaptées, de lances à eau, auraient pu changer la donne. »

« Une exemplarité qui doit tous vous inspirer »

Une lucidité et une modestie qui n’enlèvent rien à leur mérite. Au contraire, cela souligne « leur grand professionnalisme. Une exemplarité qui doit tous vous inspirer », applaudit l’édile face à un parterre d’une trentaine de policiers municipaux réunis en salle du conseil. « Si vos collègues sont décorés, vous êtes aussi à l’honneur, insiste l’élu. Sans votre intervention collective, votre coopération avec la police nationale et les pompiers, cet incendie aurait pu être beaucoup plus grave. »

1. À leur demande, les policiers sont seulement appelés par leurs prénoms.


Hayet Kefi, maman du jeune homme sauvé par les policiers. Photo Cyril Dodergny Crédit photo Web uniquement.

« Vous avez sauvé mon fils »

D’une voix tremblante d’émotion, submergée par la gratitude, Hayet Kefi « remercie infiniment » les quatre policiers municipaux de Cagnes-sur-Mer qui ont « sauvé [son] fils » d’une « mort certaine ». Le 8 février 2025, en début d’après-midi, la maman reçoit un appel paniqué de la part du plus grand de ses trois enfants. Laissé seul à l’appartement pendant qu’elle faisait des courses, le jeune de 18 ans était assoupi quand l’incendie s’est déclaré dans le salon.

Bloqué par les flammes et la fumée, il ne savait comment s’enfuir du piège mortel. « J’ai cru le perdre », murmure pudiquement sa maman. D’une voix blanche, elle se souvient de son arrivée au pied de l’immeuble, scrutant désespérément la foule de rescapés, à la recherche de son fils. « Quand je l’ai vu, j’ai cru m’effondrer. Même s’il avait respiré des fumées toxiques, il n’était plus pris au piège. Mon fils était en vie! »

S’est ensuivi un élan de solidarité vivement salué par la quadragénaire. « Des voisins, des parents d’élèves de l’école Jean-Giono où ma fille est scolarisée, autant de gens je ne connaissais pas se sont mobilisés pour nous aider. Ils ont monté une cagnotte et nous ont donné des vêtements. Et puis le CCAS de Cagnes-sur-Mer a pu me reloger en urgence. Ensuite, c’est [le bailleur social] Erilia qui a pris la relève. Ils m’assurent que mon appartement pourra être réintégré à partir de septembre. »