Aurélien Duraffourg : « On ne devient pas riche en jouant au Rhenus »

Pour la troisième fois  cette saison, la quatrième en deux ans, les “Piraths” du Strasbourg ATH vont investir le Rhenus, une étape nécessaire dans  leur développement  pour Aurélien Duraffourg, leur manager général.

« Aujourd’hui se pose une question fondamentale, celle de l’accès aux infrastructures sportives publiques au sport féminin de haut niveau. Ce n’est pas une problématique qui nous est propre, les footballeuses du Racing ont par exemple dû s’exiler à Colmar pour jouer en D1 (avant de disputer leurs derniers matches à la Meinau). C’est une question à poser dans le débat public. Dans quelle mesure on peut trouver un équilibre de moyens entre le sport masculin et le sport féminin. »

Aurélien Duraffourg, le manager du SATH, lance un sujet épineux, mais fondamental. Lors de cette troisième organisation au Rhenus, le club alsacien risque d’être financièrement perdant, les frais de location et de transformation étant cette fois à sa charge.

« Trouver un équilibre de moyens entre le sport masculin et le sport féminin »

« Les opérations Rhenus représentent à peu près 15% de notre budget (1,7 million d’euros). Elles nous apportent un développement financier nécessaire à notre essor, mais on ne devient pas riche en jouant au Rhenus. Il y a plus de recettes, mais aussi beaucoup plus de dépenses. On sera à peu près à l’équilibre en prenant les trois matches en compte. »
Mais jouer au Rhenus apporte aussi une ouverture à un plus large public, le SATH détient doublement le record d’affluence pour un match de D1 féminine avec 5 616 spectateurs pour la venue de Metz. Contre 750 à Truchtersheim ou 1 300 à la Rotonde.
« C’est cool, mais c’est ponctuel. Si Metz avait une salle plus grande, le record aurait été battu avec la venue de Brest par exemple. Mais des clubs commencent à nous poser des questions sur nos organisations. Si on peut contribuer avec humilité à cette tendance de voir le sport féminin réunir de grandes foules, tant mieux. »
À Strasbourg, le bassin de population est évidemment plus important et les possibilités plus larges.

« Ce qui a surtout de la valeur à mes yeux, c’est que le public est chaque fois au rendez-vous, souligne Aurélien Duraffourg. Contre Metz, on pouvait se dire que c’était pour Metz ou pour le retour de Laura (Flippes, et aussi celui de Cléopatre Darleux) cette saison, mais il y avait 4 700 personnes contre Paris, un mercredi de février pendant les vacances scolaires. Pour moi, la symbolique de la répétition de cette réussite populaire a plus de valeur que celle du record.»

« Répondre à une attente populaire »

Néanmoins, il a permis au SATH de gagner en notoriété, en crédibilité probablement aussi auprès des instances, tout en soignant les liens.
« C’est se mettre à la hauteur de la première division et permettre notre développement en répondant à une attente populaire, partenariale, fédérale et événementielle, estime Aurélien Duraffourg. Nous pouvons animer notre réseau de clubs partenaires, plus de mille places ont ainsi été vendues aux licenciés de quinze clubs allant de Dannemarie à Wingen-sur-Moder qui ont envie de voir du handball féminin de haut niveau avec des yeux qui brillent. »

Christine André