Par

Théo Zuili

Publié le

7 mai 2025 à 10h46

Cela fait 36 ans que Gilles décharge ses cageots de fruits et légumes sur les quais de Saône, dans le 2e arrondissement de Lyon. Installé comme ses parents avant lui au marché Saint-Antoine, ce producteur de Thurins (Rhône) voit les choses changer. Et pas toujours pour le meilleur.
La plupart des commerçants évoquent une baisse générale de fréquentation, liée au pouvoir d’achat et aux problèmes de circulation et de travaux. Mais l’espoir reste accroché aux étals.

« On perd 30 à 40 % de chiffre »

« Ceux qui viennent en voiture, c’étaient souvent les bons clients. Ceux qui remplissaient leur coffre. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus accéder », soupire-t-il. En semaine, entre les travaux, les rues coupées et les galères de stationnement, beaucoup renoncent.

Résultat : une baisse de fréquentation autant entre les étals que sur les emplacements. « On perd 30 à 40 % de chiffre. Moi, ça me fait de la peine, car j’aime beaucoup ce marché. J’aimerais rester. Mais je m’inquiète surtout pour ma fille, qui doit reprendre avec son compagnon… »

« On tient bon le week-end »

Le marché Saint-Antoine attire depuis plus de 120 ans restaurateurs, riverains et curieux. Sa situation exceptionnelle sur les quais, entre Bellecour et Terreaux, en fait un lieu de passage mais aussi de contournement, au cœur des débats sur la circulation à Lyon et notamment du réaménagement de la rue Grenette.

Danielle, fidèle exposante depuis trente ans, vend de la volaille et de l’agneau à ses clients habitués. Elle aussi évoque une chute : « La semaine, c’est très calme. Mais on tient bon le week-end, particulièrement vendredi, samedi et dimanche. On ne va pas s’arrêter, on a une clientèle fidèle. »

Une jeune génération pleine d’espoir

Malgré les difficultés, l’espoir persiste. Notamment chez les jeunes. Mattéo, agriculteur et beau-fils de Gilles, refuse de céder au découragement : « C’est juste une période, les gens vont revenir. Depuis six à sept ans, sur les quais, on ne sait plus comment s’y prendre, mais tout va revenir à la normale et nous allons reprendre tranquillement, entre jeunes, ça ira très bien après ! »

La clientèle aussi évolue : dans les habitudes, plus de vélos et moins de voitures. « Il faut croire que c’est pour le meilleur. Moi, personnellement, j’espère un peu moins de voitures. Après, quand on veut se déplacer, on râle un peu aussi… Est-ce que ce n’est pas le Français en soit ? », glisse Margot, restauratrice et fidèle du marché depuis six ans. 

Elle reste optimiste : « C’est de plus en plus qualitatif, je trouve. Il y a moins d’exposants, c’est vrai. Mais on reste à Lyon, en centre-ville, les gens ne désertent pas les appartements et ont toujours besoin de s’alimenter. En plus, avec la tendance d’aller de plus en plus vers les produits frais… »

Un marché résilient malgré tout

« Il va survivre », glisse Margot. Danielle non plus, n’a pas de doute : « C’est un marché ancien et qui a une certaine réputation… Il tiendra, je pense. »

@actulyon

Circulation, travaux, pouvoir d’achat… dans ce marché réputé de Lyon, les commerçants s’inquiètent 👉 #fyp #lyon #actu #actulyon

♬ Beautiful Minimal Tech House – Yuki Takasaki

Tous ne sont pas d’accord sur les causes : pouvoir d’achat, accessibilité, climat politique, évolution des pratiques alimentaires… Mais tous s’accordent sur une chose : le marché Saint-Antoine ne doit pas disparaître.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.