Un premier communiqué des communistes, daté d’il y a 10 jours, avait fait comprendre que l’entente, à gauche, était encore loin d’être acquise. Le PS a enchaîné avec une proposition de primaires pour désigner tête de liste et priorités de programme. LFI et la plupart des écologistes n’en veulent pas tout en manifestant, à leur tour, dans un communiqué commun qui associe le collectif « Sainté Populaire » leur volonté de « construire l’union » et de gagner « ensemble ». Future tête de liste d’une union ou pas, les socialistes annonceront, eux, leur cheffe ou chef de file le 21 mai.

La mairie de Saint-Etienne. ©If Saint-Etienne / Xavier AlixLa gauche parviendra t-elle à s’unir ? A dix mois des Municipales 2026, il lui reste cependant du temps. ©If Saint-Etienne / Xavier Alix

« Non, non, il ne s’agit pas d’une rupture. Mais oui, c’est vrai qu’il y a ce point d’achoppement entre nous et le PS pour désigner la tête de liste », reconnaît Olivier Longeon, élu d’opposition EELV, contacté lundi par If Saint-Etienne à la suite de ce communiqué commun publié avec LFI et le collectif de gauche « Sainté Populaire ». Qui pour conduire l’attelage d’une gauche plurielle comme jamais ? Qui plus est dans un contexte de tensions extrêmes au niveau national entre LFI et le PS ? Cela ne doit pas être le sujet à ce stade, pas encore, nous glisse Olivier Longeon en cohérence avec le ton du communiqué tombé lundi juste avant… une nouvelle réunion de l’ensemble des forces de gauche. Sûrement pas par coïncidence donc après celui du PC il y a dix jours, donnant les premières indications d’un piétinement autour de la mise en œuvre de cette union, puis celui du PS assumant sa volonté de faire sortir de ses rangs le nouveau maire de Saint-Etienne.

Dans leur communiqué, les socialistes proposaient il y a une semaine de trancher au sujet de la tête de liste via des primaires citoyennes locales assorties, aussi, d’autres votes, spécifiques eux, aux priorisations des thématiques de programme. L’idée devait officiellement être soumise à leurs éventuels futurs partenaires lors d’une nouvelle réunion donc lundi 5 mai. La publication commune à LFI, EELV et Sainté Populaire manifestant leur détermination à faire bloc n’évoque ni la question de la tête de liste, ni ne cite une seule fois le PS, ou même le PC, pour ne parler que d’intentions et pistes (lire encadré ci-dessous). Pas un hasard non plus… On savait déjà que les Insoumis et Sainté Populaire n’étaient pas favorables à des primaires, comme nous l’a confirmé lundi Olivier Longeon. Et les écologistes ? « Personnellement, non, comme la plupart d’entre nous. Avant tout, je pense, parce que l’expérience montre que les primaires sont systématiquement source de conflits dommageables pour la suite. Mais certains sont pour. Donc, je ne peux donner une position au nom de tous. »

Achoppements sur le programme aussi

Selon Johann Cesa, premier secrétaire fédéral du PS Loire avec qui nous avons échangé mardi soir, la proposition de primaires a été refusée par leurs potentiels partenaires lundi. A son grand étonnement : « Nous pensons qu’une grande consultation citoyenne peut lancer une dynamique autour d’une union, surtout qu’il s’agit de soumettre aussi, des idées de programme, tout en arbitrant le débat définitivement sur la tête de liste. Plutôt que d’en appeler aux citoyens sympathisants, on nous répond qu’il est préférable de trancher entre partis et collectif et aussi que « le PS en sortirait forcément vainqueurs »… Donc il ne faut pas le faire ? Malgré ce communiqué de Sainté Populaire, LFI et EELV, nous en sommes tous et toujours au même stade. Ils n’avancent pas davantage de leur côté, y compris sur le programme, ne serait-ce que sur le sujet ZFE par exemple (et sur les transports en commun, le PS voudrait la gratuité, pas EELV qui estime que les investissements de développement l’empêchent, Ndlr). »

Qu’il soit au final, le ou la candidate d’une union, les socialistes annonceront en tout cas leur numéro 1 le 21 mai, nous précise Johann Cesa. Mais EELV y tient aussi, Olivier Longeon faisant remarquer que le PS a eu sa « circo » aux Législatives 2024. « On nous rétorque comme argument le poids électoral aux dernières élections municipales. Si on veut aller sur ce terrain des résultats aux élections locales, on est tous premiers sur l’une ou sur l’autre ces dernières années, nous sur les Régionales. » Reste qu’à dix mois du scrutin, il y a encore du temps, du côté de la gauche stéphanoise pour s’entendre, s’embrouiller, se réentendre, voire se (ré) embrouiller. Sans compter l’éventuel impact de la scène politique nationale sur une localité comme Saint-Etienne. En 2020, la fusion des liste PS et apparentés / communistes avec celle des écologistes n’était arrivée qu’à l’issue du 2e tour.

Plus parlant si on regarde du côté de la droite et un peu plus loin encore dans le rétroviseur : pour les Municipales 2014, Gaël Perdriau s’était déclaré officiellement très tôt, dès mars 2013, saisissant le leadership côté UMP d’une manière alors relativement surprenante : la majeure partie de son mandat 2008 / 2014 dans l’opposition ne l’avait pas spécialement, au moins publiquement, désigné comme l’évident numéro 1. La concurrence dans son propre camp, c’est-à-dire centre droit incarnée par le ticket Ziegler / Artigues était, elle, fermement partie en campagne, de juillet à novembre. Avant de finalement céder à sa bannière commune. Là, on connaît bien la suite.  

Les intentions données par LFI / EELV / Sainté Populaire

« Quelques directions, non exhaustives, peuvent d’ores et déjà être annoncées », disait le communiqué, lundi commun à LFI / EELV / Sainté populaire. Les voici :

  • « Réinventer la démocratie locale et rendre possible la participation de tout·es les Stéphanoises et Stéphanois aux décisions pour leur ville. Les agent·es de la Mairie doivent retrouver respect et considération dans leur travail au service des citoyen·nes. Il faut aussi rétablir des relations apaisées entre la mairie, la métropole et leurs partenaires. Saint-Étienne doit être en capacité de jouer tout son rôle pour développer la métropole de demain. »
  • « Saint-Étienne doit renforcer les services publics (éducation, santé, culture, sport, sécurités quotidiennes…), faciliter leur plein accès dans tous les quartiers sans discrimination, améliorer leur qualité et lutter contre le non-recours aux droits. »
  • « Saint-Étienne doit améliorer l’accessibilité de tous ses territoires, quel que soit l’âge et la condition physique de chacun·e : une augmentation significative de l’amplitude et de la fréquence des transports en commun, des voies pour les modes de déplacement actifs, des espaces piétons ou encore des espaces verts diffus et de proximité permettront de rendre plus agréable et sécurisée la mobilité de toutes et tous. »
  • « Le droit à un logement digne est primordial et nous lutterons activement contre toutes les formes de mal-logement (sans-abrisme, insalubrité, précarité énergétique, etc.) et contre la spéculation immobilière. »

« Nous lutterons contre toutes les formes de discrimination et de racisme, et nous ferons de la justice environnementale et de la santé globale (pollutions, santé humaine et animale…) des boussoles de notre action. Ce travail commun de construction, d’élaboration d’un projet pour Saint-Étienne doit être mené en totale transparence afin d’offrir à chacun et chacune le pouvoir d’y participer. Les constituants de l’alternance seront collectivement définis avec le désir de créer une nouvelle équipe s’appuyant sur une gouvernance repensée. Sainté Populaire, les Écologistes et la France Insoumise appellent toutes les forces de progrès et de gauche à les rejoindre et gagner ensemble pour construire l’avenir de Saint-Étienne jusqu’en 2032 et au- delà. »