Ascenseurs en panne, infiltrations d’eau, invasions de cafards, de rats ou de punaises de lit, chauffages à l’arrêt, caves dévastées, lampadaires jamais réparés…

Pendant de longues minutes, Sara Millan égraine les problèmes recensés régulièrement par les habitants du quartier de la Beaucaire, photos à l’appui.

« Regardez: ces personnes ont carrément vu les eaux des WC se déverser chez eux parce que les canalisations étaient obstruées. » Dans son appartement du 17e étage de la tour 81, cette aide-soignante à la retraite soupire : « Les gens en ont marre de vivre dans ces conditions… »

Quelques mois plus tôt, celle qui occupe un F3 « depuis 28 ans » dans le quartier a décidé de prendre le taureau par les cornes.

« L’ascenseur faisait un bruit infernal dans tout l’immeuble. Personne n’en pouvait plus mais le bailleur social ne bougeait pas. On a fait tourner une pétition. Quand je l’ai présentée, le problème a été vite réglé. Je me suis dit qu’il fallait créer une association. »

Le Groupement d’action des locataires de la Beaucaire est né, ainsi, en décembre dernier. À l’origine du Galb également: Pierre-Yves Denis, membre de la France insoumise. « La défense des HLM, ce sont des choses qui nous parlent à LFI… »

La présence des militants de la gauche radicale aux côtés des résidents de la grande cité de l’ouest toulonnais n’est pas une nouveauté.

Une structure soutenue par La France insoumise


Plus de 4.000 locataires HLM habitent à la Beaucaire. Photo doc v-m.

« On était déjà là pour aider le collectif qui s’est monté quand il y a eu l’affaire des rappels de charges exorbitants (nos éditions précédentes). Aujourd’hui, n’existe plus, mais le souci des charges trop élevées demeure. Notre association, soutenue par LFI et affiliée à l’Indecosa-CGT, tire la sonnette d’alarme sur ce sujet. »

Pour autant, Pierre-Yves Denis souligne que « le Galb n’est pas une structure politique. Nous ne sommes pas partisans. Notre unique objectif est d’essayer de mobiliser les locataires pour tenter d’obtenir l’amélioration des conditions de vie. »

Les réseaux sociaux leur servent de caisse de résonance. Sur le sujet des charges, une pétition réunit aujourd’hui 500 signatures de locataires mécontents. Elle sera remise au bailleur social Toulon Habitat Méditerranée dans les jours à venir.

« On a obtenu un bouclier tarifaire mais, après la flambée de 2022, ne sont pas revenues au niveau de 2021, loin de là. Et cette hausse n’est en aucun cas justifiée », assure Pierre-Yves Denis.

Le Galb, qui ne compte guère plus d’une douzaine de membres pour le moment, n’est pas l’unique structure de défense des locataires active à la frontière d’Ollioules. Présidée par Jacqueline Matheron, l’Aval voit ainsi apparaître de la « concurrence » sur son terrain.

« On est pour le dialogue, pas pour les petits arrangements, grince Sara Millan. Mais notre but n’est pas de critiquer l’action de l’Aval. Nous, ce qu’on veut, c’est rencontrer les gens et les mobiliser sur les difficultés du quotidien. »

Réputé comme l’un des quartiers les plus « chauds » de la ville, la Beaucaire n’en manque pas.

« On évoque beaucoup l’insécurité ou la drogue mais le plus gros problème, ce n’est pas le climat social », assure Sara Millan, au milieu d’un parc à jeux complètement dévasté. « Il y a clairement un manque d’investissement humain et financier. Ici, les gens parlent du nettoyage mal fait dans les parties communes, des lumières qui ne fonctionnent pas, des voitures ventouses… Pas forcément du trafic. »

Dans ce secteur de près de 4.000 habitants, près d’un habitant sur deux, vit sous le seuil de pauvreté.