La plus grave confrontation militaire entre l’Inde et le Pakistan depuis vingt ans a fait basculer l’Asie du Sud dans une crise à haut risque. Les tensions, ravivées par l’attentat de Pahalgam le 22 avril dans le Cachemire indien, ont culminé mercredi avec des échanges d’artillerie nourris et des frappes de missiles indiennes. Selon les autorités pakistanaises, au moins 31 personnes ont été tuées et 57 blessées. L’Inde, elle, fait état de 12 morts et 38 blessés, principalement dans le village frontalier de Poonch.

Les hostilités ont débuté dans la nuit, quand New Delhi a ordonné des frappes ciblées sur neuf sites au Pakistan, affirmant viser des camps du groupe islamiste Lashkar-e-Taiba (LeT), accusé par l’Inde d’avoir orchestré l’attaque de Pahalgam. « Ces frappes ont été menées avec précision pour éviter les pertes civiles », a assuré le ministre indien de la Défense Rajnath Singh.

Attaque indienne, riposte pakistanaise

En représailles, l’armée pakistanaise a riposté en tirant des obus sur plusieurs localités indiennes. « Nos ennemis pensaient nous surprendre dans l’obscurité, mais ils ont échoué », a lancé le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, tandis que son ministre de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, accusait le Premier ministre indien Narendra Modi de chercher à « renforcer sa popularité » à travers ces opérations. Islamabad affirme avoir abattu cinq avions indiens. Côté indien, une source sécuritaire a confirmé la perte de trois chasseurs.

Parmi les sites visés figure la mosquée Subhan à Bahawalpur, que les services indiens considèrent comme un repaire de groupes liés au LeT. Les dégâts s’étendent également à des infrastructures civiles, dont un barrage hydroélectrique dans le Cachemire, selon l’armée pakistanaise.

Scènes de panique et funérailles

Des scènes de panique ont été rapportées dans les zones touchées. À Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais, Mohammed Salman a raconté « des bruits terribles dans la nuit » et une « panique partout ». Dans le Pendjab, Mohammed Khourram, habitant de Mouridke, a décrit à l’AFP « un grand boum » suivi de plusieurs explosions en l’espace de quelques minutes.

Dans les rues de Muzaffarabad et d’autres villes touchées, les funérailles des victimes ont débuté, sous haute tension. Des observateurs militaires de l’ONU inspectaient les lieux des frappes. Réuni en urgence, le Comité pakistanais de sécurité nationale a exigé que « l’Inde rende des comptes », et a reçu le soutien d’Ankara qui a dénoncé une attaque risquant de « conduire à une guerre totale ».

Appels internationaux à la désescalade

Les capitales internationales ont aussitôt lancé des appels à la retenue. L’Union européenne, les Nations unies, Moscou, Paris et Washington ont exprimé leur inquiétude. « Je veux qu’ils arrêtent. Et j’espère qu’ils peuvent arrêter maintenant », a déclaré le président américain Donald Trump.

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Pékin et Londres ont proposé leur médiation. De son côté, le chef de la diplomatie indienne Subrahmanyam Jaishankar a contacté ses homologues au Japon, en France, en Allemagne et en Espagne pour défendre la légitimité des frappes.