Le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire à l’encontre de Franck Allisio, député de Vitrolles et président du groupe RN au Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Selon les informations de La Provence, qui corroborent les révélations de Marsactu, cette enquête a été lancée à la suite d’un signalement effectué par la Région au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, le 30 décembre 2024. Du côté de la Région, on confirme avoir informé le procureur de la République à la suite d’un contrôle interne.
Cette enquête porte sur l’utilisation détournée de moyens de la Région Paca, où le RN dispose d’un groupe de 35 élus, par son président Franck Allisio. Le tout au profit de son activité de député de la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône. L’élu d’extrême droite et l’un des collaborateurs du groupe RN à la Région auraient utilisé les véhicules mis à leur disposition par le Conseil régional pour se rendre à de nombreux événements organisés dans le cadre de l’activité de député d’Allisio, comme les campagnes des européennes et des élections législatives de juin et juillet 2024.
À la suite de premières révélations de Marsactu, concernant le cumul d’emploi de deux collaborateurs du groupe RN à la Région en tant qu’attachés parlementaires par Franck Allisio, la Région avait annoncé l’ouverture d’une enquête interne.
Autre grief envers le député de Vitrolles : l’envoi de courriers relatif à son activité parlementaire aux frais de la Région. Sur une vidéo publiée début décembre 2024 par nos confrères, tournée dans les locaux du RN au Conseil régional, on peut y voir des dizaines d’enveloppes siglées « Assemblée nationale » prêtes à être envoyées en vue de la cérémonie des vœux du député, début janvier 2024.
Franck Allisio à la recherche d’une « taupe » au groupe RN
Cet épisode médiatique a laissé des traces au Rassemblement national. Selon nos informations, Franck Allisio a cherché à savoir qui était la « taupe » qui avait filmé cette vidéo transmise au média en ligne. Le député et conseiller régional assure même avoir demandé aux services de la Région les enregistrements de la vidéosurveillance interne de l’hôtel de Région. « Ils n’ont pas été en capacité de nous les donner », indiquait-il fin février.
Ses soupçons se sont toutefois portés sur un conseiller régional de son propre groupe. Contacté par La Provence, cet élu conteste : « Je n’ai pas accès aux bureaux de Franck Allisio. Ce serait d’ailleurs facile de le vérifier, il suffit de consulter le registre des entrées que tient la Région. »
Cette affaire pourrait s’avérer embarrassante pour le probable candidat du RN à la mairie de Marseille en 2026 et à la Région Paca en 2028. Le procès des assistants parlementaires des députés européens, pour lequel Marine Le Pen a écopé de deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité, a mis en lumière un détournement de fonds opéré par le parti à la flamme au détriment d’une institution publique, en l’occurrence le Parlement européen.
« Franck Allisio s’est déjà exprimé sur le sujet. Il n’y a rien de plus à ajouter. Cette enquête sera l’occasion de mettre définitivement un terme à cette polémique sans fondement », répond-on dans l’entourage du patron du RN dans les Bouches-du-Rhône. Interrogé par La Provence en décembre 2024, Franck Allisio avait déploré une cabale dans laquelle il serait un « homme à abattre » confronté à des « boules puantes », notamment en raison de ses ambitions sur la mairie de Marseille et la Région.