« Liberté pour Cécile Kohler et Jacques Paris », peut-on lire sur les nombreuses pancartes et banderoles. Ce mercredi 7 mai 2025, plusieurs rassemblements ont eu lieu, dans toute la France, en soutien aux deux Français détenus en Iran depuis trois ans jour pour jour, indique l’AFP.
Professeure de lettres âgée de 40 ans, Cécile Kohler, originaire de l’est de la France, et son compagnon septuagénaire Jacques Paris avaient été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d’un voyage touristique en Iran.
Accusés d’« espionnage » par les autorités iraniennes, considérés comme des « otages d’État » par Paris, ils sont officiellement les deux derniers Français emprisonnés en Iran, qui détient une vingtaine d’Occidentaux.
Ils sont actuellement incarcérés dans la sinistre section 209, réservée aux prisonniers politiques, de la prison d’Evin de Téhéran.
Une détention « arbitraire », dénonce la famille de Cécile Kohler
À Laval, Lyon, Lille ou encore Paris… des centaines de personnes se sont mobilisées ce mercredi. Dans la capitale, la sœur et les parents de Cécile Kohler étaient présents pour réclamer la libération des deux Français, très affectés psychologiquement.
Leur détention « arbitraire » et l’« acharnement carcéral dont ils sont les victimes, qui plus est au regard de leur innocence complète et de l’absurdité flagrante des charges prononcées, sont d’une brutalité insupportable », a déclaré Noémie Kohler, la sœur de Cécile.
« Nous n’abandonnerons jamais » et « nous attendons aujourd’hui de la France qu’elle mette tout en œuvre pour obtenir leur libération », a-t-elle ajouté, faisant part de son « désespoir » face à l’absence totale d’« avancée concrète » jusque-là.
Au côté d’autres anciens détenus français en Iran, Olivier Grondeau, libéré le 17 mars après plus de deux ans dans les geôles iraniennes, a livré un témoignage longuement applaudi, appelant à une mobilisation maximum pour mettre la pression sur Téhéran.
« J’étais là-bas, maintenant je suis ici. Je demande que Cécile et que Jacques, à partir de maintenant, on les voie. Qu’on allume la télé […] et qu’on lise le nombre de jours de torture. 1095 jours aujourd’hui, 1096 demain », a affirmé le jeune homme.
« Des otages qu’on oublie, c’est exactement ce que souhaitent leurs ravisseurs, a-t-il dit. Le gouvernement iranien a peur qu’on prononce les mots qui décrivent la situation de Cécile et de Jacques […]. Les mots de bandeau sur les yeux, les mots d’interdiction de visite, d’aveux sous la contrainte, de justice aux ordres. »
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Pas d’avancée concrète pour leur libération
Paris a promis de tout mettre en œuvre pour leur libération, en vain jusque-là. Entre 2023 et 2025, au moins cinq Français ont été libérés, après des mois ou des années de détention, mais Cécile Kohler et Jacques Paris détiennent le triste record de trois années complètes d’incarcération, dont trois mois à l’isolement total.
« Ils ont été arrêtés sans fondement » et sont « emprisonnés […] dans des conditions inhumaines qui relèvent de la torture », a dénoncé mercredi le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, dans une vidéo postée sur X, exhortant une nouvelle fois les Français à ne pas se rendre en Iran « pour ne pas prendre le risque d’être eux-mêmes détenus arbitrairement ».
Paris veut porter plainte contre Téhéran
Contraints à des « aveux forcés » diffusés sur la télévision d’État iranienne quelques mois après leur arrestation, les deux Français sont soumis à des conditions d’incarcération extrêmement dures.
Lumière allumée 24 heures sur 24, 30 minutes de sortie deux ou trois fois par semaine, rares et courts appels sous haute surveillance à leurs proches, le dernier date du 14 avril.
En trois ans, ils n’ont reçu que quatre visites consulaires, et quasiment aucune information ne filtre sur la procédure judiciaire.
Paris a annoncé son intention de porter plainte contre Téhéran devant la Cour internationale de justice pour « violation » de leurs droits « dans les prochains jours », selon le Quai d’Orsay.