Par
Anthony Soudani
Publié le
8 mai 2025 à 6h10
C’est un des chantiers du centre-ville de Lyon qui dure depuis le plus longtemps. Il est presque devenu emblématique de la phase de travaux intense qui est en cours dans la métropole et pour laquelle les élus écologistes sont critiqués chaque semaine. La rue Grenette, qui traverse la Presqu’île au niveau de Cordeliers, est bientôt terminée.
Un couloir bus est en train de voir le jour à la place d’une double voie de circulations pour les voitures. Si certains commerçants espèrent une embellie avec la fin du chantier, d’autres sont à bout.
« J’ai perdu ma clientèle de l’après-midi », une commerçante en colère
Françoise Verot est certainement l’une des plus remontées de la rue. « Cela fait un an que ça dure, donc il est temps que cela s’arrête », souffle-t-elle derrière la caisse de sa charcuterie ouverte depuis 1850 et aujourd’hui en difficulté financière à cause des travaux.
La Lyonnaise reconnait que les « gens qui faisaient les travaux étaient très corrects », leur permettant de poursuivre leur activité tant bien que mal.
Mais là, celle qui fait désormais partie du collectif « Stop à la fermeture de Lyon », opposé aux actions du maire de Lyon Grégory Doucet, est trop en colère pour dire du bien de ces travaux. « Quand le maire prône que c’est pour l’écologie, c’est plutôt contre les pauvres gens et ceux qui venaient faire leur petite course. J’avais des petites mamies qui habitaient aux Terreaux et venaient en voiture… elles ne viendront plus. »
Françoise Verot estime une perte d’environ 30 % de son chiffre d’affaires et jusqu’à 70 % de sa clientèle. « J’ai perdu ma belle clientèle de l’après-midi, qui venait en semaine en voiture depuis les autres quartiers de Lyon. »
D’ailleurs, elle ne comprend pas pourquoi les bus doivent passer rue Grenette. « Il y a plus de place rue de la République. Et, honnêtement, à choisir, j’aurais préféré que notre rue soit piétonne. Mais on ne nous a pas consulté. »
D’autres plus optimistes
Ce n’est pas la seule à penser cela. « Les travaux ont eu un impact sur nous, je suis plutôt contente que ça soit fini« , se réjouit Mélanie.
La responsable de la boutique Ayni aurait aussi préféré une piétonisation. « Quand j’ai su que c’était une ligne de bus, j’ai commencé à avoir peur. » Mais, finalement, la fin du bruit des klaxons des voitures a tendance à la rassurer.
La rue Grenette, qui traverse la Presqu’île de Lyon, a été transformé en couloir bus après un an de travaux, notamment sur les réseaux souterrains. (©Anthony Soudani / actu Lyon)
« À la base, je n’étais pas pour mais là, je me dis que ce sera un moindre mal, en espérant qu’on aura plus de visibilité. » À côté de la boutique de Mélanie, au Temps des Cerises, Grégory Bianchi est encore plus optimiste.
Le responsable du magasin voit son activité exploser depuis 2024. « On a fait +24 % mais c’est à mettre en perspective avec la fermeture du Temps des Cerises au centre commercial Part-Dieu. » Il le concède, lui-même, « en tant que cycliste », il n’est pas des plus « objectif ».
Je suis plutôt content, ça fera moins d’accidents entre les voitures, les cyclistes et les trottinettes. Je préfère une rue fermée juste pour bus et piéton. Avec un arrêt de bus, peut-être qu’il y aura plus de passage pour les piétons.
Grégory Bianchi
Responsable boutique Le Temps des Cerises
Des boutiques vides, « c’est très calme »
Un autre commerçant est très inquiet. Sa boutique de jeux vidéo est complètement vide mardi après-midi. « Restez trente minutes et vous verrez le nombre de clients qui rentrent… » Il ne cache pas sa déception, tout comme la commerçante d’un magasin de vêtements voisin.
« C’est trop dur pour nous. Depuis que la rue est fermée, il ne passe plus de voitures. On a perdu nos clients de l’extérieur de Lyon. C’est très calme », constate-t-elle.
Un autre commerçant de bouche a aussi connu une baisse d’affluence, particulièrement « de ceux qui venaient en voiture et se garaient rapidement ». Dans la boutique d’à côté, une cliente âgée râle : « Je viens de la mairie, il y a des travaux partout », s’agace-t-elle.
« S’il y a une reprise, on la sentira à partir de la rentrée »
À quelques pas de là, Elsa Willoquet, de la boutique La Chambre, se joint plutôt du côté des optimistes, même si elle reconnait avoir souffert pendant les travaux.
« On va voir ce que ça va donner. S’il y a une reprise, on la sentira plus à partir de la rentrée. Du moins, j’ose espérer. Là, les travaux freinaient les clients à venir en centre-ville. »
Les premiers bus devraient passer au début de l’été 2025, fin juin étant évoqué par des commerçants. À voir le résultat pour ces derniers.
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