Face aux nouvelles barrières tarifaires de Donald Trump, l’Union européenne a, jusqu’ici, joué la carte de la prudence. Mais depuis ce mercredi 7, les Vingt-Sept sortent du bois, trois mois après la présentation de la liste des pays exportateurs qui seront surtaxés par Washington. La riposte de l’UE repose sur deux initiatives : la première consiste à faire planer une batterie de nouvelles taxes sur 100 milliards d’euros de produits américains importés vers le Vieux continent, en cas d’échec des négociations.
Pour rappel, la Maison-Blanche a décrété l’imposition de droits de douane de 20% sur la majorité des marchandises européennes le mois dernier, avant d’annoncer une pause de 90 jours qui expirera en juillet.
Un droit de base de 10% est actuellement appliqué aux marchandises en provenance des 27 pays de l’UE et d’autres pays du monde.
La liste préliminaire des produits visés pourrait être rendue publique ce jeudi. Selon le quotidien Financial Times, elle inclurait les avions de Boeing.
De quoi aller dans le sens de la proposition du directeur général de l’avionneur européen Airbus, Guillaume Faury, qui a souhaité mardi que les avions exportés vers l’Europe par son concurrent américain soient taxés si les droits de douane de Trump étaient maintenus.
A cela doit s’ajouter d’autres produits américains listés par l’UE : acier, aluminium, mais aussi des taxes allant jusqu’à 25% sur divers produits incluant le soja, la volaille, le riz, le bois, les motos, les produits plastiques, les équipements électriques et les produits de maquillage. La majorité de ces taxes devait entrer en vigueur le 16 mai.
Tractations en Asie
La seconde contre-offensive de l’UE émane du commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, en visite la veille à Singapour pour nouer un nouvel accord de libre-échange avec l’Asie. Ainsi, il a tenu à « souligner que dans le contexte géopolitique actuel, nous veillons à ce que l’UE ne mette pas tous ses œufs dans le même panier ». Les négociations avec Washington sont une priorité, mais elles ne se feront pas « à n’importe quel prix », a-t-il ajouté.
En ligne de mire, se jouent de nouveaux débouchés commerciaux pour les entreprises européennes. « Nous intensifions également nos relations avec l’Inde. Nous avons entamé un nouveau cycle de négociations la semaine dernière », a déclaré M. Sefcovic.
« Au niveau bilatéral, nous accélérons les négociations avec l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et la Malaisie », a-t-il ajouté, après la signature mercredi d’un accord commercial portant sur le numérique entre l’UE et Singapour.
Le commissaire a déclaré que l’UE envisageait également une « coopération renforcée » avec les membres de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP).
Trump réplique avec un accord « majeur »
Mais Donald Trump n’a pas tardé à avancer un pion similaire. Mercredi, le président américain a annoncé sur le réseau Truth Social qui allait signer jeudi à Washington un accord commercial bilatéral avec son allié historique, le Royaume-Uni, selon la presse américaine. Sans le nommer, il a évoqué un « grand pays très respecté » sans le nommer.
Il a même vanté ce qui serait « le premier d’une longue série » d’accords commerciaux, sans être plus explicite.
Son Premier ministre travailliste Keir Starmer et Donald Trump avaient fait état de « négociations productives » entre leurs pays liés par 250 ans d’Histoire et qui ont forgé une « relation spéciale » diplomatique et économique jamais véritablement mise à mal.
Quelles négociations avec Trump ?
L’UE dégage un excédent de 154 milliards d’euros (175 milliards de dollars) vis-à-vis des États-Unis pour les échanges de biens, mais subit un déficit de 104 milliards d’euros pour les services, a déclaré M. Sefcovic, citant des données de l’Office européen des statistiques.
L’UE se retrouve donc avec un excédent de 50 milliards d’euros, qui peut être rééquilibré en achetant davantage de gaz naturel liquéfié, de soja et de puces informatiques haut de gamme aux États-Unis, a proposé M. Sefcovic.
Mais Trump maintient la pression. Maros Sefcovic, a déclaré cette semaine au Parlement européen que 70% des exportations totales du bloc étaient déjà soumises à des taxes comprises entre 10% et 25%.