Une banane scotchée au mur ou un pan entier de l’atelier d’André Breton: une gigantesque exposition fait dialoguer la collection du Centre Pompidou à Paris avec près de 400 oeuvres de Maurizio Cattelan au Centre Pompidou-Metz, qui fête ses 15 ans.

Le titre de l’exposition, « Dimanche sans fin », a été choisi par l’artiste Maurizio Cattelan. « Pour un Italien, +sans fin+, c’est une déclaration d’amour », décrypte Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, elle aussi originaire de la Péninsule.

L’idée est aussi que le visiteur se plonge, en toute tranquillité « comme un dimanche » dans cette exposition « hors-norme », qui a pris ses quartiers un peu partout dans le musée messin.

A 64 ans, le plasticien iconoclaste et provocateur Maurizio Cattelan, qui a déjà exposé à Metz, a été invité à sélectionner les oeuvres du Pompidou parisien qui doivent dialoguer avec les siennes.

Dès l’entrée du musée, la très grande oeuvre « L.O.V.E » (2010) de l’artiste italien, représentant une main avec tous les doigts coupés à l’exception du majeur, attire l’oeil.

La première salle de la visite est tout aussi grandiose: « Felix » (2001), un gigantesque squelette de chat, qu’il a réalisé à l’échelle d’un dinosaure, apparaît dès l’entrée.

– « Labyrinthe » –

Autour de ces grandes installations, des « chefs d’oeuvres » quittant « extrêmement rarement les murs Centre Pompidou » à Paris comme « Le Bal Bullier » peint par Sonia Delaunay en 1913, ou encore un pan de mur de l’extraordinaire atelier d’André Breton.

Le visiteur peut aussi découvrir des oeuvres emblématiques telles que « La mère de l’artiste » (1951) d’Alberto Giacometti ou « Le Grand Nu » (1908) de Georges Braque.

Dans une autre salle, l’échiquier de Marcel Duchamp, qui a récemment rejoint la collection du Centre Pompidou, dialogue avec la version contemporaine de l’échiquier de Maurizio Cattelan, « Good Versus Evil » (2003).

L’exposition est construite autour d’un abécédaire en 27 lettres (avec le « A » pour « Air de famille » ou le « R » pour « Rappelez les corps »). Chaque lettre, plus une correspondant à « Dimanche », représente un espace de l’exposition… Le tout dans le désordre.

Les textes correspondant à ces 27 notions sont porteurs d’une parole incarnée, celle de Maurizio Cattelan et des détenues de la prison pour femmes de la Giudecca à Venise.

– « Dialogue fécond » avec Paris –

L’exposition est présentée juste avant la fermeture pour travaux du Centre Pompidou à Paris, en septembre, jusqu’en 2030 pour une « métamorphose ».

Avec la fermeture du musée parisien, « il y a un vrai échange de public qui va arriver », et toute une « série de partenariats » a été créée pour que les oeuvres voyagent en France et particulièrement à Metz, où Chiara Parisi s’attend à une arrivée des Parisiens mais aussi des Européens pour les découvrir ailleurs qu’à Beaubourg.

Autre clin d’oeil, un « jardin de sculptures » a germé au deuxième étage de Pompidou-Metz, avec des oeuvres d’Henri Laurens (1885-1954) habituellement présentées sur la terrasse du cinquième étage du musée parisien.

L’exposition « Dimanche sans fin. Maurizio Cattelan et la collection du Centre Pompidou » sera visible pendant quasiment deux ans, jusqu’au 2 février 2027. Mais « dynamique », elle verra ses oeuvres se renouveler au fil du temps, glisse Chiara Parisi.

L’ouverture de l’exposition marque aussi l’anniversaire du musée messin, inauguré en mai 2015, avec son toit en forme de chapeau chinois. Avec plus de cinq millions de visiteurs depuis cette date, le musée est l’un des plus visités de France hors Paris.

publié le 8 mai à 13h50, AFP

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