Par
Jessie Leclerc
Publié le
8 mai 2025 à 17h48
À Rouen (Seine-Maritime), une initiative innovante se déploie discrètement, mais sûrement. Rebincoop, c’est le drôle de nom donné à ce projet, lauréat de l’appel à projets « Rouen Transitions ESS 2025 ». Son objectif : reconditionner des ordinateurs pour les revendre à petits prix, tout en favorisant l’inclusion sociale.
Seconde vie pour de nombreux ordinateurs
Le numérique neuf, ça pollue. La fabrication d’un ordinateur représente à elle seule 80 % de son impact environnemental. Rebincoop s’attaque à ce constat en reconditionnant des PC fixes, portables et accessoires, collectés auprès d’entreprises et de collectivités. Son but ? Prolonger la durée de vie des équipements pour réduire leur empreinte carbone. Et tout se passe sur l’Île Lacroix, au sein de l’île coopérative, un tiers lieu de formation financé par la Région dans la cadre du dispositif Deffinov.
Après effacement sécurisé des données, diagnostic, réparation des ordinateurs ou valorisation des pièces détachées, les équipements sont remis en circulation à des tarifs solidaires, accessibles à tous, sans critères restrictifs. Ce qui ne peut être récupéré est recyclé à Tourville-les-Ifs, près de Fécamp, dans l’usine WeeeCycling.
Il n’y a pas de marché de pièces détachées d’occasion, donc on récupère les machines par lots de 5 à 10 modèles identiques pour les réparer sans racheter de composants.
Joséphine Casays
Chargée d’animation et de sensibilisation au réemploi numérique pour le Réseau Grain.
Selon le dispositif, cette logique de récupération évite une production neuve polluante : un PC portable reconditionné permet d’économiser jusqu’à 127 kg de matières premières et 27 kg de gaz à effet de serre (GES) par année d’utilisation. Pour un ordinateur fixe, c’est jusqu’à 259 kg de matières et 42 kg de GES.
Le projet Rebincoop possède plus de 1 000 ordinateurs et en a déjà vendu 250 depuis avril 2025. (©JL/76actu)
Actuellement, plus de 1 000 machines attendent une seconde vie dans les locaux de Rebincoop.
Favoriser l’insertion via le numérique
Le Réseau Grain ne se contente pas de prolonger la vie des ordinateurs. Il est un acteur clé de l’insertion autour de l’économie solidaire en Normandie. Il coordonne des projets collectifs visant à favoriser l’emploi pour des personnes éloignées du marché du travail.
Minh, 45 ans, a rejoint l’équipe en avril en tant que réparateur. « Je suis éducateur spécialisé et informaticien de base, donc quand j’ai vu l’annonce, je me suis dit que ce poste était fait pour moi », confie-t-il. Ce qui l’a particulièrement attiré : « c’est le fait de pouvoir accompagner des personnes et les aider à regagner le monde du travail ».
Deux nouveaux salariés le rejoindront prochainement. Le reconditionnement des ordinateurs sera à terme effectué par du personnel en insertion.
Dans son atelier, dit banc de reconditionnement, Minh redonne vie aux ordinateurs. (©JL/76actu)
En parallèle, des ateliers vont être proposés pour aider les nouveaux acquéreurs, souvent éloignés du numérique, à prendre en main leur équipement. Joséphine Casays en animera nombre d’entre eux.
Une vente solidaire couplée à ces ateliers est déjà prévue à l’automne avec le CCAS de Rouen, à destination des bénéficiaires de l’action sociale.
Changer le regard sur l’occasion
Rebincoop s’attelle aussi à casser les préjugés sur le matériel reconditionné. « On reçoit fréquemment des ordinateurs qui ont 5 à 7 ans, parfois jusqu’à 10, mais ils sont loin d’être obsolètes », insiste Joséphine Casays. Pour elle, il faut « redorer l’image du reconditionné. Ce n’est pas ringard, pas réservé qu’aux vieux, ni qu’aux plus démunis ».
Et ça fonctionne, depuis avril, 250 ordinateurs ont trouvé preneur, moitié chez des particuliers et moitié chez des professionnels. « Lors de la première vente solidaire, toutes les générations étaient au rendez-vous, des étudiants aux retraités », explique l’animatrice.
Rebincoop prévoit de s’étendre. Le local de l’Île Lacroix devrait gagner 1 000 m2 d’ici à un an, avec trois salles de réparations supplémentaires. « L’idée, c’est de grandir », conclut Joséphine.
Et pourquoi Rebincoop ? « Reb pour reboot, in pour insertion et inclusion et coo pour coopération », sourit l’animatrice.
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