Dans le flot des SUV, berlines et fourgons qui roulent en centre-ville de Marseille, La Bagnole détonne. Intrigue, même. « Oh chef, tu la vends ? », s’enquiert un automobiliste à travers sa fenêtre, alors que l’on patiente à un feu rouge. La petite voiture électrique, fabriquée par le groupe industriel Savoy sous la marque Kilow, n’a pas grand-chose à voir avec les voitures classiques.
C’est à Vauban, dans le 6e arrondissement marseillais, qu’on s’installe derrière le volant de cette concurrent de la Citroën Ami ou de la Weez provençale. Le véhicule intermédiaire, produit à Cluses (Haute-Savoie) est décliné dans deux catégories : quadricycle léger, accessible sans permis dès 14 ans, et quadricycle lourd, accessible avec le permis B. C’est ce modèle que Kilow nous met entre les mains.
Présentée au Mondial de l’Auto à Paris, en octobre 2024, La Bagnole est d’abord séduisante par son look. Le quadricycle s’inspire des Jeep pour adopter une bouille reconnaissable entre mille. Phares ronds, petit capot, roues découvertes… En enlevant – facilement – les portes et le toit, on croirait presque voir un buggy.
Un quadricycle électrique qui s’inspire de la 4L
Le véhicule s’apparente plutôt à un pick-up. Doté de deux places, il voit sa partie arrière prendre la forme d’une benne de 650 litres. L’intérieur est très dépouillé. Un volant, un compteur, deux sièges à peine réglables, des boutons pour actionner les clignotants, les essuie-glaces, le klaxon. Pas de chauffage, ni d’autoradio, ni de climatisation.
La Bagnole n’a pas grand-chose à voir avec les voitures traditionnelles. Sa face avant amusante, son grand pare-brise, ses roues découvertes intriguent les autres automobilistes, et les passants. La Provence / Philippe Laurenson
« L’inspiration est venue de la 4L, admet Bertrand Brême, directeur de la marque Kilow, qui vit à Marseille. Le mot d’ordre du designer, c’était de créer un véhicule léger, réparable et abordable. »
La marque a investi 10 millions d’euros pour développer ce véhicule atypique, a enregistré 500 commandes. Elle prévoit d’implanter un « bureau » à Marseille, potentiellement un showroom. « Cette ville est un terrain d’expérimentation idéal, entre urbain, périurbain et nature », dit Bertrand Brême.
En Provence, le concept séduit déjà. « J’ai été l’un des premiers à la commander, en août 2022, confie Thierry, négociant à Manosque qui en a fait une voiture secondaire. Je l’ai reçue en novembre 2024. C’est un véhicule qui attire la sympathie. Je m’en sers sur de courts trajets, ou le week-end. Je peux transporter mon gros chien dans la benne. »
Le Manosquin, membre d’une communauté de 1 300 passionnés sur le réseau social Facebook, a légèrement modifié sa Bagnole. « J’ai mis des pneus renforcés, un couvre-benne, une caméra de recul, énumère-t-il. Elle est pratique pour s’aventurer sur des chemins forestiers, sans émettre de nuisances, ni de pollution. »
À l’intérieur de La Bagnole, le tableau de bord en bois est minimaliste. Les conducteurs les plus frileux peuvent tout de même ajouter un chauffage USB, en option. Les portes et le toit sont également en option au moment de l’achat. La Provence / Philippe Laurenson
En ville, conduire cet engin de 450 kilos est un régal. On se faufile dans la circulation avec une facilité déconcertante, en accélérant de 0 à 40 km/h en 4 secondes. Mais, limitée à 80 km/h, La Bagnole ne peut s’engager sur l’autoroute.
Quel prix pour La Bagnole de Kilow ?
La batterie, elle, permet de parcourir entre 70 et 135 kilomètres, suivant les conditions de conduite. La recharge n’est possible que sur des prises 220V, en 3 à 5 heures. Un chargeur de 7 kilowatts sera bientôt disponible en option, pour charger sur de véritables bornes. Et un système de freinage régénératif sera proposé.
En termes de prix, il faut compter 10 800 euros pour acheter La Bagnole en sans permis. Pour le modèle avec permis, le tarif passe à 13 690 euros, auxquels il faut rajouter des options pour avoir le toit, les portes et les garde-boues. Un bonus écologique de 900 euros peut être déduit.
« Le concept est courageux, il va avoir du succès, prédit Thierry, satisfait. Mais ils doivent régler leur cadence de production, car les délais de livraison sont encore longs. »
Cela va changer. En fin d’année, le délai de livraison devrait passer à 3 mois. Kilow, qui emploie 30 personnes, produit 3 véhicules par semaine actuellement. Le rythme devrait passer à 5 par jour. « On a une vingtaine de véhicules à livrer entre Arles et Toulon avant la fin d’année », anticipe le directeur de la marque. Une version 4 places pourrait aussi voir le jour.