Les frappes russes ont tué au moins 209 civils et blessé 1.146 autres dans plusieurs régions ukrainiennes au cours du mois d’avril, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Ukraine.Du jamais-vu depuis septembre 2024, ce qui s’explique par une « intensification de l’utilisation de missiles balistiques » par Moscou.Parmi les victimes, on compte 19 enfants tués et près de 80 blessés, un niveau inédit depuis les premiers mois du conflit.

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Guerre en Ukraine : pour les civils, la fuite ou le chaos

Au moment même où Washington voulait accélérer les pourparlers de paix, les frappes russes n’ont jamais fait autant de victimes parmi les Ukrainiens depuis des mois. Le mois d’avril a été le plus meurtrier pour les civils ukrainiens (nouvelle fenêtre), et plus largement le mois enregistrant le plus de victimes civiles, depuis septembre 2024, a annoncé ce jeudi 8 mai dans un communiqué (nouvelle fenêtre) le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Ukraine (OHCHR). Au moins 209 civils ont été tués et 1.146 blessés, selon la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine (HRMMU).  

L’écrasante majorité des victimes (97%) ont été touchées sur le territoire contrôlé par l’Ukraine, et près de la moitié des atteintes étaient dues à des attaques de missiles ou de munitions rôdeuses, lancées par les forces russes. Parmi les villes touchées, Kryvyï Rih, dans le centre du pays, Soumy et Kharkiv dans le Nord-Est, Zaporijia dans le Sud, et la capitale Kiev, qui ont « subi des attaques dévastatrices qui ont fait des dizaines de morts et de blessés », a déploré la cheffe du HRMMU Danielle Bell, dans le communiqué. « L’une des principales raisons de la forte augmentation du nombre de victimes civiles est l’intensification de l’utilisation de missiles balistiques (nouvelle fenêtre) dans les grandes villes du pays », a-t-elle ajouté. 

Un nombre record d’enfants parmi les victimes, depuis juin 2022

Parmi les frappes les plus meurtrières listées par la Mission onusienne, 20 civils ont été tués et au moins 63 blessés lors d’une attaque au missile balistique le 4 avril à Kryvyï Rih, puis 31 personnes ont été tuées et 105 blessées lorsque deux missiles ont touché la ville de Soumy (nouvelle fenêtre) une semaine plus tard, lors du dimanche des Rameaux, le 13 avril. Le 24 avril, des missiles et munitions flottantes lancés contre la ville de Kiev ont tué au moins 11 civils et en ont blessé 81. 

« Les attaques, (survenues) parfois à des heures et dans des lieux où de nombreuses familles étaient rassemblées à l’extérieur, ont également contribué à faire un nombre élevé de victimes parmi les enfants (nouvelle fenêtre)« , selon le HRMMU. Parmi les victimes civiles recensées, 19 enfants ont été tués et 78 autres blessés ce mois-ci, du jamais-vu depuis le mois de juin 2022. 

Par ailleurs, la Mission onusienne pointe aussi la dangerosité des attaques de drones à courte portée près de la ligne de front, qui sont à l’origine de près d’une mort civile sur quatre au cours du mois. « Une attaque au drone contre un bus à Marhanets (dans la région de Dnipro) le 23 avril a tué au moins neuf employés d’une société minière, dont huit femmes, et en a blessé 58 autres, alors qu’ils se rendaient à leur travail », illustre le communiqué. Le recours à ces drones « entraîn(e) une augmentation constante et alarmante du nombre de victimes civiles, y compris des enfants », conclut Danielle Bell. 

Les « dommages civils » en augmentation par rapport à l’an passé

De manière générale, ce nombre important de victimes civiles sur le mois écoulé « reflète une tendance plus générale à l’augmentation des dommages civils en 2025 par rapport à 2024 », selon la HRMMU. Au total, 664 civils ont été tués et 3.425 blessés entre janvier et avril, « soit une augmentation de 59 % par rapport à la même période en 2024 ».  

Les frappes touchant les civils se sont encore poursuivis en ce début de mois de mai : selon l’OHCHR, ce « schéma d’attaques dans les grandes villes d’Ukraine s’est poursuivi ». Des frappes avec ces mêmes missiles et munitions flottantes ont déjà visé Kharkiv, Zaporijia ou encore Kiev en quelques jours à peine, « causant des pertes civiles ». 

Les autorités russes ont annoncé une trêve de trois jours (nouvelle fenêtre) à compter de ce jeudi 8 mai, à l’occasion des commémorations des 80 ans de la victoire russe contre l’Allemagne nazie. Mais Kiev a d’ores et déjà accusé Moscou des centaines de violations. Elle appelle quant à elle à un cessez-le-feu de 30 jours, ce que refuse pour l’heure la Russie, exigeant des engagements concrets sur ses demandes avant tout arrêt des combats. 

M.L.