L’élection d’un nouveau pape est toujours un moment particulier dans la vie de l’Église. Quel est le sentiment, ce soir, du croyant que vous êtes ?

J’ai une grande joie de recevoir un pape que je considère un père pour moi et pour toute l’Humanité. Il est garant de l’unité. Rien n’est plus douloureux pour un pape que de voir la division de l’Église.

Suivez notre directUnir l’Église, c’est le défi de ce nouveau pontificat, selon vous ?

Il me semble que son attention à l’unité sera portée sur les périphéries, comme l’a fait le pape François, en allant dans les pays où le christianisme est minoritaire. Il est, par exemple, allé en Mongolie. L’unité, c’est la considération de toutes les parties de l’Église.

Il a choisi comme nom Léon XIV. Comment l’interprétez-vous ?

Je ne peux m’empêcher de penser à saint Léon Le Grand (440-461), un pape exceptionnel. C’est le pape qui a réussi à sauvegarder l’unité de l’Église autour de la figure du Christ. Mais je pense aussi à Léon XIII (1878-1903). Lui a inauguré la doctrine sociale de l’Église. Dans sa célèbre encyclique Rerum novarum (« Des choses nouvelles », en latin) de 1891, il a défendu les ouvriers en disant qu’ils ont la même dignité que ceux qui leur donnent du travail. Et il a appuyé aussi sur l’importance des syndicats.

Il est décrit comme étant plutôt progressiste. Vous pensez que c’est le profil qu’il faut aujourd’hui, alors que l’Église est interpellée sur de nombreuses questions de société ?

La question, pour moi, est la manière dont il va poursuivre l’œuvre de François. Je pense qu’il va prendre au sérieux les questions que pose la société pour pouvoir proclamer, de façon plus belle, la grandeur de la dignité humaine, dans toutes ses composantes. S’il prend le nom de Léon, c’est précisément pour proclamer la dignité humaine face aux fluctuations de la société qui ne sont pas les mêmes selon les continents.

Il avait été nommé, par François, « préfet du dicastère pour les évêques ». Quel était son rôle ? On dit que c’était un poste stratégique.

Il était chargé de préparer les dossiers pour les candidats à l’épiscopat du monde entier et de les présenter au pape. Je ne l’ai jamais rencontré mais j’ai toujours entendu parler de lui en bien, comme quelqu’un qui fait son travail avec beaucoup d’intelligence et d’humanité.

C’est un pape américain, une première de l’histoire. Pensez-vous que la situation politique aux États-Unis a pu jouer dans son élection ?

Je ne pense pas. Les cardinaux électeurs venaient de 71 pays et ils regardent l’état de l’humanité tout entière. Moi, ce qui m’a frappé, c’est que ce nouveau pape a parlé dans son premier discours de la paix avec une grande insistance. C’était aussi le message de François, le jour de Pâques (juste avant sa mort, NDLR). C’est comme si la voix si faible du pape François était relayée avec force par le pape Léon XIV.