Plus de 80 ans après, cinq femmes, anciennes de l’armée australienne, ont décidé de commémorer un des actes de bravoure de leur compatriote Nancy Wake (1912-2011). Cette dernière, mariée à un Français et résistante de la première heure, revient en 1944 dans la France occupée comme membre du SOE (Special operations executive) anglais, pour organiser des missions de renseignement et de sabotage.

À l’été 1944, le maquis de Nancy Wake perd son opérateur radio suite à une attaque des Allemands dans le secteur de Montluçon (Allier). Dans l’impossibilité de communiquer avec Londres, elle décide de rejoindre Châteauroux, où elle pense pouvoir retrouver un opérateur radio de la résistance. Son contact, Samuel, est au Café du Cygne, situé 16, rue Diderot, l’actuel Good Trip.

« Nous n’étions pas cyclistes, il a fallu apprendre à faire du vélo »

Dans ses mémoires, elle estime que seule une femme à vélo, semblant se balader, peut franchir les nombreux barrages allemands sur ce long chemin de près de 400 km en 72 heures. « Il était absolument impératif que, même épuisée et essoufflée par le voyage, je ne paraisse pas ainsi. Les patrouilles allemandes qui me voyaient devaient me prendre pour une simple jeune femme au foyer qui traînait chez elle ou au village. » Une mission qu’elle accomplira même si le contact n’était plus présent à Châteauroux. Nancy Wake est la femme la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale, recevant les honneurs de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Australie pour ses faits d’armes.

Les cinq Australiennes ont trouvé des relais pour leur périple avec Susan Walter ou encore les membres de l’ACRDI.

Les cinq Australiennes ont trouvé des relais pour leur périple avec Susan Walter ou encore les membres de l’ACRDI.
© Photo NR, Cédric Citrain

Cinq anciennes de l’armée australienne

Ainsi, Nicky de l’Air Force, Leanne et Marcia de la Navy, Kym et Liz de l’Army ont débuté ce périple le 1er mai 2025. Elles sont parties de Saint-Genès-Champanelle (Puy-de-Dôme) pour remonter vers Bourges, puis Issoudun, Châteauroux ce 8 mai, pour terminer à La Châtre le lendemain, où se trouve un mémorial en l’honneur de Nancy Wake. L’idée de commémorer cet acte de courage et cette héroïne a germé dans l’esprit de Liz, suite à une rencontre avec Nancy Wake. Mais ce n’est que bien des années plus tard qu’elle a mis en œuvre ce projet, « pour Nancy elle-même, mais également pour toutes les femmes combattantes » comme Liz et ses amies.

Les premiers pas ont eu lieu sur la côte sud de l’Australie, près d’Adélaïde, en 2023. « On a partagé cette histoire dans les écoles et dans la communauté », raconte Liz. Puis, elles ont organisé des barbecues, des lotos et des quiz pour récolter des fonds. Ensuite, « nous n’étions pas cyclistes, il a fallu apprendre à faire du vélo », s’amusent-elles.

Leurs premiers coups de pédales ont été faits sur l’équivalent de « vélibs » australiens. Enfin, il fallait retracer un parcours. « Dans ses mémoires, Nancy est un peu vague sur les villes traversées, surtout le début est flou. Elle ne donne pas de noms, seulement des descriptions. » Évidemment, plus de 80 ans après, routes et villages ont beaucoup changé. Surtout pour cinq Australiennes qui ne connaissent pas la France et ne parlent pas la langue. Heureusement, elles ont aussi trouvé des relais pour les guider dans l’espace et l’histoire comme Susan Walter, compatriote vivant à Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire) ou l’ACRDI (les Amis du centre d’histoire et de mémoire de la résistance et de la déportation dans l’Indre) à Châteauroux.

Mais Liz et ses amies ne combattent pas seulement pour la mémoire de Nancy et de toutes les combattantes : « Il faut avoir la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, ne pas oublier le passé, car on peut voir facilement des parallèles avec les évènements russes. »